Publié le Dimanche 13 mai 2012 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du dimanche

J'emmerde la bienséance

Ha. La belle hypocrisie. La belle hypocrisie de la langue française. La belle hypocrisie d'une société qui se cherche une identité en s'imposant des carcans. Du coup, elle s'enferme dans des règles strictes qui font passer la bienséance pour de l'intelligence de vie alors qu'il s'agit ni plus ni moins que de la pédanterie mal placée, du totalitarisme d'une certaine intelligentsia bienpensante,  d'une minorité agressive qui veut imposer sa vision du monde, de la vie, des gens, à tous les autres. Hop. Réfléchissez la-dessus. Et accessoirement répétez la phrase trois fois très vite sans respirer si vous êtes cap'.

Je conchie la bienséance. Je méprise ces faux-culs pour qui imposer leur point de vue est une Sainte Croisade. Je suis l'infidèle de cette société de pleurnicheuses, le mécréant du ridicule et de la bouffonnerie, le Saladin du politiquement incorrect.

J'appelle un nain, un nain. Je veux retrouver des têtes de nègres dans les boulangeries. Et des glands aussi. Je veux pouvoir traiter mes potes de pédés pour déconner. Et une "assistante de direction" n'est que le terme ridicule pour déguiser celle qui est une simple secrétaire. Et j'aimerais savoir en quoi parler d'hôtesse de caisse va changer leur condition. 
Finalement, on se rend compte que l'évolution de la langue française via ces nouveaux termes n'est dictée que par des gens non-concernés trop stupides pour trouver des solutions à  des vrais problèmes d'acceptation ou de considération dans la société, et du coup pensent que de nouvelles appellations vont réussir à changer le monde.
"Je suis un nain et alors ?" me disait un ami qui dépasse à peine le mètre vingt et qui est bien pratique en tout cas, et bien serviable quand on ne sait pas où poser sa bière, "qu'on m'appelle homme de petite taille est stupide et hypocrite. Ce que je veux, tout simplement, c'est qu'on arrête de me prendre pour un monstre ou une aberration de la nature. Qu'on me parle comme à un mec normal. C'est tout. Le reste c'est uniquement de la politique et un moyen de se donner une bonne conscience mal placée."
Et je me souviendrai longtemps de cette anecdote lorsque nous étions, avec Pierre, allés faire un reportage sur le handicap et le jeu vidéo, à l'époque d'INpact Virtuel. L'un d'entre eux, lourdement atteint, nous avait accueillis avec une vanne : "tu connais la différence entre un handicapé et un légume ? ... Le fauteuil..."
Et de nous expliquer qu'ils se moquent de notre pitié, de nos regards larmoyants ou de notre compassion. Ce qu'ils veulent, c'est qu'on ne cesse jamais de les prendre pour des êtres humains. D'ailleurs, le succès d'Intouchables au cinéma, excellent film si politiquement incorrect, ne vient-il pas corroborer mes dires ?
Et ce n'est pas parce que je traite Vincent de "pédé" lorsqu'il me marque un but à FIFA que je suis homophobe. Moi qui ai choisi un homo comme parrain de ma fille. Et il ne le prend pas comme ça non plus, lui dont des membres de sa proche famille sont gays. Peut-être aussi parce que les homos ne sont en fait, pour moi, pas des "pédés", mais des gens tout ce qu'il y a de plus normaux. D'ailleurs, un très bon ami, qui partage son lit avec un autre homme, se moquait de cette mode qui est à la bienséance : "Finalement, me disait-il, tout ça ce sont des trucs de tafioles".

En fait, ceux qui s'obstinent à trouver de nouveaux termes ou nouvelles expressions, ne sont-ils finalement pas ceux qui marquent le plus de différences ? Ne sont-ils pas ceux qui marginalisent le plus ceux qu'ils voudraient soi-disant protéger ? Ne sont-ils pas ceux qui tentent d'abattre leurs propres barrières en imposant ces changements au monde entier ? N'est-ce pas un moyen de masquer leur propre absence d'ouverture d'esprit ?

Parce qu'il faut fréquenter des gays, des nains, des noirs, des maghrébins, des handicapés, pour se rendre compte qu'ils sont bien au-dessus de tout cela, qu'ils planent à deux cents lieues de ces insignifiantes considérations qui, en fait, sont aussi une manière de les marginaliser. Finalement, la vraie liberté et la vraie intelligence, ce sera le jour où il n'y aura plus besoin de ces termes pour les coller dans des "cases".
En attendant, si tu es gay, noir, et handicapé, ça risque d'être vachement difficile pour toi.

Le truc, en fait, c'est le respect. Le respect et la tolérance qu'il faut inculquer aux glands qui continuent de se moquer des autres pour leurs différences. D'autant plus qu'un jour, on sera tous le type différent par rapport aux gens qui nous entourent. Et ce n'est pas avec des belles phrases ou des belles expressions que l'on changera les mentalités.

Allez, la semaine prochaine, Diablo le lundi, Max Payne le mardi, Ghost Recon le mercredi, et le long week-end qui suit, écriture des tests.

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