Publié le Vendredi 23 septembre 2022 à 12:15:00 par Yoann Schuler
Un jour ou l'autre, il faudra qu'il y ait la guerreuh
Avant de rentrer dans le vif du sujet, et dans la transe d’écriture qui me fait mettre toutes les pensées tourbillonnantes qui me traversent à chaque test noir sur blanc, je voudrais au préalable revenir sur un détail important de la fiche technique tout en bas : il y est stipulé que le site de l’éditeur est celui de M2H, et que le site du développeur est celui de Blackmill Games. Ce n’est pas exact, le jeu est en réalité développé ET édité par ces deux compagnies, et aucune d’entre elle ne semble avoir un rôle prévalent dans l’une de ces disciplines. Voilà. Tant qu’à y être, je les présente, ce sera fait. Blackmill Games est un studio créé en 2015, qui n’a pour le moment travaillé que sur la « WW1 Game Series », dans laquelle Isonzo s’inscrit. Leurs partenaires de chez M2H ont un portfolio plus varié, et travaillent sur pléthores de plateformes, avec aucun titre dont le nom retentira pour la plupart d’entre nous, je le crains.Isonzo, donc, portant le nom d’un fleuve italien qui fût le théâtre de nombre de grandes batailles lors de la Première Guerre Mondiale, est un FPS multijoueur, se voulant réaliste dans sa dépiction de la guerre. Comme j’en parlais au-dessus, il s’inscrit dans la WW1 Game Series, où l’on retrouve également Tannenberg et Verdun, qui reprennent le même concept dans d’autres régions d’Europe. Plus une recontextualisation/modernisation qu’une véritable suite je dirais même, le contenu d’Isonzo et de Tannenberg étant extrêmement similaire, et ce jusqu’aux animations du personnage jouable. Pas nécessairement négatif, simplement à savoir.
Car de toute façon, le charme d’Isonzo, c’est avant tout l’immersion. Son côté historique, le réalisme qu’il propose, c’est de là que vient vraiment le plaisir du jeu.
J’ai donc lancé le jeu la première fois sur une partie contre l’IA, le temps de prendre le tout en main. Je me suis retrouvé au sommet d’une montagne dans les Alpes, une belle journée ensoleillée. Parfait pour un pique-nique. En l’occurrence, c’était plutôt pique tout court, à cause des barricades renforcées et des barbelés qui gâchait un petit peu la vue et qui nous ramenaient à la dure réalité. Et dès ces premiers moments sur le champ de bataille, on se sent faire parti de quelque chose. On parcourt les tranchées, on entend les coups de feu, sans pour autant savoir d’où ils viennent (sinon d’en face, parce qu’à priori ça ne tire pas derrière nos lignes). On voit les corps de nos camarades tombés au combat, au fur et à mesure qu’on se rapproche du front, souvent dans des positions absurdes d’ailleurs grâce à la physique ragdoll utilisée pour les morts.
Et j’ai tout de suite trouvé que c’était déjà un très bon équilibre entre une représentation fidèle, mais qui se doit aussi d’être ludique, de la Première Guerre Mondiale. Les contrôles sont un peu lourds, ça prend quelques instants de s’accroupir, on ne peut pas être couché, se déplacer, et recharger en même temps. Lorsqu’un camarade meurt d’hémorragie, on entend ses cris d’agonie à quelques mètres de nous, le bougre ne se laisse pas partir en silence. Les cris de nos ennemis sont dans une autre langue (les nôtres aussi d’ailleurs, à moins de parler italiens ou hongrois), et le chaos ambiant sur les lignes de front se fait ressentir. On retrouve aussi une interface qui se fait très discrète. Je ne suis toujours pas certain de savoir s’il y a une barre de vie, car à chaque fois que je la cherchais je ne la trouvais plus. À se demander si elle n’était pas dans ma tête depuis le départ. On évalue l’état de santé de notre avatar aux couleurs autour de nous et aux bruits de sa respiration.
Le mode de jeu de base (et le seul actuellement disponible, offensive) nous invite à attaquer ou défendre plusieurs points, jusqu’à ce que tous les points soient pris ou que la réserve de soldats (les vies, concrètement) de l’équipe attaquante soit épuisée. Et il y a encore une fois un vrai sentiment puissant et viscéral lorsqu’on désarme l’explosif de l’équipe ennemie, sous leur feu, alors que nos camarades tentent tant bien que mal de nous couvrir. On ne se sent pas tant héroïque que seul face au destin, résigné, mais déterminé dans un sens. Assez particulier, et, à mon sens, plutôt représentatif de ce que devaient ressentir nos aînés dans les tranchées.
Enfin tout ça, comme de dit, c’est ce que j’ai eu l’occasion de ressentir contre l’IA. Car face (et avec) de vrais joueurs, j’ai tout de suite été pris dans une représentation plus… sarcastique, même si peut être plus réaliste, de la guerre. Pour faire simple, on reste planqués 5 minutes derrière un mur, on tente une percée dans le no man’s land, et paf, on est mort.
Pour autant, je ne blâmerais pas le jeu pour mes écueils, c’est moi qui suis nul. Même en défense, je me suis fait avoir par des gens que je ne voyais même pas. Alors que je ne tentais pas de percée dans le no man’s land, pour le coup. Même en reconnaissant mon incapacité à voir un soldat ennemi si ma vie en dépendait, je ne peux pas pour autant décemment dire que je me suis amusé sur le multijoueur. J’ai un peu ri jaune, à la rigueur, en me rendant compte de l’ironie de la situation : des gens ont subi le même sort il y a plus de 105 ans pour que je marche dans leurs traces aujourd’hui, sur un jeu vidéo. Plusieurs fois. Comme quoi.
Ainsi donc je m’avoue vaincu face à Isonzo, et je n’émettrais pas d’avis définitif sur son mode multijoueur. Il y a des archétypes de personnage différents, dont je n’ai pu saisir les subtilités, vous commencez à voir pourquoi. Non mais sérieusement, sur mes trois premières parties, je suis mort un total de 24 fois. Pour une seule élimination. Je n’aurai pas l’indécence de donner mon avis plus en profondeur donc, je ne suis de toute évidence pas le public. Je peux cela dit conjecturer : si vous vous estimez un peu plus habile (et j’ai vu d’autres collègues jouer à Tannenberg, je semble être une exception) et que la période historique vous intéresse, le mode multijoueur sera probablement pour vous ce que le jeu contre l’IA aura été pour moi. Une expérience tout à fait agréable.
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Isonzo (PC, Playstation, Xbox)
Plateformes : PC - Xbox One - PS4 - PS5 - Xbox Series
Editeur : M2H et Blackmill Games
Développeur : M2H et Blackmill Games
PEGI : 18+
Prix : 29,99 €
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