Publié le Dimanche 24 février 2013 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du Dimanche

Internet ? C'est de la merde.

Vous n’avez pas envie de vivre ?
Vous n’avez pas envie de sortir, de voyager, de visiter, de rencontrer, d’apprendre ?

C’est difficile de bosser sur le net et d’en dire du mal. C’est un peu comme mordre la main qui nous nourrit. Mais faire partie d’un tout, ça ne veut pas dire non plus ne pas avoir le regard suffisamment lucide pour ne pas en voir les travers. Et surtout, essayer de les combattre pour améliorer les choses. Parce que justement, les choses de la vie ne se sont-elles pas détériorées depuis quelques années ? Depuis l’avènement du net ?

Je lisais l’histoire de cet anglais qui, récemment, a décidé de changer complètement de vie pour devenir SDF. Il avait un appartement. Un écran plat. Une Playstation. Il avait des crédits, aussi, et avait du mal à s’en sortir financièrement. Comme des millions de personnes dans le monde. Et il a eu la révélation. Il s’est affranchi de tous ses biens matériels. Il a vendu son appartement, ses meubles, ses objets. Et il a décidé de parcourir le monde en vélo, façon SDF. Il a tourné le dos à la société ultra-consumériste dans laquelle nous nous trouvons. Il a décidé de vivre, tout simplement.

Car de notre côté, est-ce que tout ce temps passé devant notre PC est « vivre » ? Est-ce que ce n’est pas simplement une existence virtuelle insipide ?

En fait, il suffit de parcourir le net pour se rendre compte qu’il y a vraiment un problème. Depuis que les gens sont hyperconnectés, ils ne communiquent plus. Visitez les forums, regardez les commentaires des infos, des évènements. Si sur GamAlive, nous sommes relativement épargnés – il ne s’agit après tout que de jeu vidéo -, dès que cela touche aux évènements du quotidien, on se rend compte que les gens sont d’une débilité sans borne. Sur Internet, chacun y va de sa diarrhée verbale. Avec un sentiment d’impunité totale, les internautes insultent, dénigrent, appellent au boycott de tout et n’importe quoi selon leurs propres petites et ridicules convictions. Je vous rappelle au passage, parce que s’instruire ne peut pas faire de mal non plus, qu’insulter une personne en public ou appeler au boycott d’une marque est… illégal. Articles R621-2, R624-4 et articles 225-1, 225-2 du code pénal.
Mais encore. Leur ignorance et leur manque d’éducation pourrait être pardonné s’il ne s’agissait que de cela. Le souci est que de plus en plus, Internet devient une dictature de la stupidité.
Des personnes bas-de-plafond, à la morale douteuse, racistes, homophobes, ou tout simplement d’une bêtise incroyable tentent d’imposer leur vision du monde, de la société, et de ce qu’il faudrait ou non penser. Internet tente d’imposer la pensée unique sous la pression de ces groupuscules d’êtres exécrables et détestables.
Et si avant, ils allaient s’enrichir au contact des autres, ce n’est plus le cas. Notre existence et notre expérience est faite de rencontres, de discussions, de dialogues, d’apprentissages. Or ces personnes restent devant leur écran, se ferment aux discussions et condamnent, imposent leur vision des choses sans avoir l’expérience de vie nécessaire pour s’offrir un tant soit peu d’intelligence et de légitimité.
Sur Internet, ils ont l’impression d’exister. On les lit. Ils arrivent à convaincre des gens encore plus stupides qu’eux. Et lorsqu’ils trouvent des opposants, ils se sentent vivre puisqu’on les prend suffisamment au sérieux pour les combattre. Ils se gorgent d’importance, chose qu’ils n’ont jamais eue dans leur misérable existence.

La reconnaissance et être quelqu’un d’important. Voilà ce qui motive toute une génération de débiles. La génération télé-réalité. Faire tout pour exister. Tout pour avoir l’impression d’être important, d’être reconnu.

Internet est dangereux. Dangereux, sale et peuplé de créatures immondes. Il faut toujours le garder en mémoire.
Regardez : ça nous a quand même apporté PSY et, plus récemment, le Harlem Shake. Si ce ne sont pas deux preuves de la dangerosité et du fléau que peut devenir le net, ça…

Dans un grand moment de suicide internet, je vous livre ma photo de classe de 1988...

N’allez pas pour autant croire que je condamne Internet dans sa globalité, dans son fonctionnement ou dans son utilité. Internet, c’est l’accès à l’information et à la culture rapidement, simplement. Tout en prenant justement des pincettes… Le nombre de rumeurs non vérifiées ou de fausses informations qui se retrouvent dans les colonnes même des quotidiens les plus prestigieux est hallucinant. Mais globalement, Internet est une source de savoir prodigieuse.
De la même sorte, Internet peut faciliter les contacts. Et je ne parle pas de votre abonnement à Meetic ou à relationsextraconjugales.com. Pour ma part, par exemple, cela m’a permis de retrouver un contact plus fréquent avec certains membres éloignés de ma famille. Ou retrouver certaines amitiés perdues. Comme une très bonne amie de classe de 4ème et 3ème, par exemple. Je vous ai déjà parlé d’elle, je crois. Elle s’appelle Stéphanie. Et le fait que j’ai repris contact avec elle n’a rien – mais strictement rien - à voir avec le fait que c’était la bombasse de la classe. Je ne suis pas comme ça, moi, non mais.
Bref, Internet, pour peu qu’il serve de base culturelle ou de base de contact, est un formidable outil.

Mais l’existence ne doit pas se résumer à ça. Elle ne doit pas se laisser pervertir, endormir, avilir par le réseau.

Retrouver des amis, ou en rencontrer, c’est une chose. Mais rien ne vaut le contact visuel. Le toucher. L’échange de vive voix.
Regarder des images de pays lointain ne vous donne pas l’ambiance, les odeurs, le contact des autochtones, l’atmosphère du lieu.

Alors sortez. Eteignez votre PC de temps en temps et sortez. Allez rencontrer des gens. Vivez. Et arrêtez aussi de poster des conneries grosses comme une maison sur votre compte Facebook. Surtout quand vous voulez les faire passer pour des vérités intellectuelles, voire des lignes de conduite ou des buts dans la vie. Je discutais il y a peu avec un ami qui tient un restaurant un peu gastronomique. Il m’expliquait que ce qui le désolait, dans la jeune génération, c’est qu’ils prenaient déjà leur plat en photo et le mettait sur Facebook avant même d’en humer le parfum ou d’admirer l’assiette de leurs yeux. Ils avaient déjà le portable en mains, prêt à fonctionner, au moment où le serveur apportait les assiettes.
Déconnectez-vous un peu. Internet, ce n’est pas une vie. C’est un simple support. Et ce sont les rencontres physiques qui font un être. L’expérience et l’apprentissage. L’échange. La découverte de cultures différentes et passionnantes.

Et ne cessez jamais, jamais, jamais, de combattre la connerie et l’intolérance. Et pour ce combat, regardez-bien, je serai en première ligne.