Blackguards (PC)

 

Publié le Lundi 18 novembre 2013 à 12:00:00 par Alexandre Combralier

 

Preview Blackguards (PC)

Mourir pour un hexagone

Après avoir rompu ses armes dans le domaine du point’n Click avec des titres comme Edna & Harvey s'évadent ou Les Chroniques de Sadwick : The Whispered World, le studio Daedalic Entertainment s’envole maintenant vers les tactical-RPG avec Blackguards. Le jeu n’est pas attendu sur PC avant la fin du mois de janvier 2014, mais nous avons pu terminer le premier chapitre des cinq que comptera la version finale. Et du moment que l’on dépasse la déception des premières secondes, se cache très certainement une bonne pioche pour les spécialistes du genre.

Même si l’intégralité du chapitre était disponible, avec de surcroît tous les dialogues doublés en anglais, il restait évidemment un goût de Work in Progress : des poétiques dwarf_peasant012654GF qui s’affichent sur l’écran quand un personnage vous adresse la parole aux lèvres des personnages qui ne bougent pas lorsqu’ils parlent, Blackguards sent encore le ciment et tout cela est bien normal. Fort heureusement la stabilité semble déjà de mise, puisque nous n’avons rencontré qu’un seul plantage durant la preview.

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screenNéanmoins le premier contact avec Blackguards est assez ardu. Le jeu n’est pas un canon du genre : les textures sont toutes datées, et il ne faut pas ici invoquer le stade du développement du jeu, mais la faiblesse du moteur employé. Le plus répréhensible est peut-être que la direction artistique est loin d’être époustouflante : définitivement trop classique, elle essaie, avec plus ou moins de réussite, de combler ses lacunes en employant de nombreuses couleurs et d’effets de lumière (surtout dans les villages).

screenAutre élément qui ne donne pas une bonne première impression : le joueur pourrait vite être perdu au moment de commencer par la fiche de création de personnage. C’est une foule de statistiques en tout genre qui l’envahit – on aurait d’ailleurs aimé autant de diversité dans la personnalisation du personnage. Fort heureusement, les développeurs ont pensé à guider quelque peu le primo-arrivant par des presets salvateurs (au nombre de trois : Guerrier, Magicien et Chasseur).

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screenBref, Blackguards ne part du bon pied. L’habit fera-t-il le moine ? Avec les premières heures de jeu, le constat tend heureusement à s’équilibrer et l’on saisit alors les véritables qualités du titre de Daedalic, qui mélange avec un certain talent le soin apporté aux caractères des personnages (voici un héritage du passé du studio dans les point’n click) et la complexité certaine d’un système de combat dont la profondeur peut s’apprécier dès le premier chapitre.

screenLe scénario de Blackguards, qui prend place dans un énième univers médieval-fantasy, n’étonnera pas par son originalité : comme dans un The Witcher 2 par exemple, vous êtes accusé d’un meurtre que vous n’avez pas commis, vous êtes en fuite (avec deux de vos anciens codétenus), et votre but sera de prouver votre innocence toute en échappant à la maréchaussée chauffée à blanc. Blackguards laisse cependant une bonne part au mystère dans ce qui ressemble à la fois à un road-trip (il s’agit d’aller de villes en villes à la poursuite de vos objectifs) et à une enquête policière. Le scénario peut encore paraître un peu brumeux au sortir du premier chapitre, mais on peut déjà parier qu’il réservera renversements de situation et entremêlements de fils à plus grande échelle, etc. (Ou pas ? car peut-être que Blackguards se concentra vraiment sur la quête plus personnelle du personnage principal, ce qui serait peut-être plus audacieux).

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screenLa qualité des dialogues est légèrement inégale, mais on sent tout de même que quand les développeurs veulent bien s’y mettre, ils demeurent capables de sortir quelques répliques bien senties et qui font mouche. Les trois personnages principaux (votre avatar, un noble magicien et un nain roublard) répondent plus ou moins aux archétypes du genre. Mais l’identification du joueur au trio s’avère réussie : le nombre des dialogues permet vraiment de développer et de complexifier leurs personnalités. De cryptes en villages, les décors peuvent paraître un peu répétitifs, et on aimerait franchement que les développeurs se lâchent un peu plus car ils ont en le talent – et il en va de même pour les dialogues.

screenMais le cœur du jeu réside bel et bien dans son système de combat tactique au tour par tour. Dans chaque affrontement, le terrain est ainsi divisé en hexagones qu’il va falloir exploiter au mieux. De nombreuses possibilités d’interaction sont offertes : se protéger des archers derrière une petite palissade, activer des leviers pour tenter de déclencher un piège vers l’ennemi, attirer l’ennemi sur des pièges… Si vous attendez d’ailleurs un jeu rapide et dynamique, passez votre chemin : une partie de Blackguards ressemblera de plus en plus à un petit jeu d’échecs (on vous conseille évidemment de jouer en difficulté supérieure).

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screenCharge donc à vous de tirer un profit maximum des diverses capacités spéciales de votre personnage : Naumir le nain est tout indiqué pour être le tank de l’équipe, tandis que Zubaran le magicien est spécialiste en sort de soutien. J’ai pour ma part choisi de faire de mon personnage principal un magicien offensif capable aussi de se débrouiller au corps-au-corps, car le jeu laisse une certaine liberté dans la personnalisation des compétences. Chaque affrontement sera d’ailleurs plus ou moins indépendant (ils s’enchaînent très rarement). Pas vraiment de place au hasard quand le défi se présente : recommencer un combat est tout à fait normal en difficile, voire l’abandonner et repartir soigner son équipement et son inventaire.

screenOld school dans son gameplay – et ce sera à raison une grande qualité pour beaucoup -, Blackguards n’en demeure pas moins extrêmement linéaire. Le jeu suit une structure prédéfinie : se rendre à l’objectif de quête (les déplacements ne sont pas libres et se déroulent comme dans un… point’n click, tiens donc), remporter un combat, aller se soigner et dépenser éventuellement l’argent et l’expérience gagnées, aller au nouvel objectif de quête, etc. Très peu de place est laissée à l’exploration.

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A n’en pas douter, Blackguards sera répétitif, et essaiera de miser sur la profondeur de ses dialogues et de son système de combat pour renouveler à chaque instant l’attention. En un seul chapitre (les autres arriveront au rythme d’un toutes les trois semaines), Blackguards ne lasse pas. Ce n’est pas un blockbuster. Ce ne sera pas le jeu de l’année. Il ne se vendra pas par centaines de milliers. Mais en jeu de niche qui pique un peu les yeux, il s’avère le complément parfait à un Shadowrun Returns, qui misait au contraire beaucoup sur sa narration au détriment sûrement de son système de combat. Le verdict final attendra le début de l’année prochaine, et l’on saura alors si le jeu vaut ses 39,99 €. Mais Daedalic peut d’ores et déjà se réjouir : le passage d’un genre à l’autre, casse-gueule pour beaucoup d’autres studios, a toutes les chances de séduire les fans du tactical-RPG – fans pourtant exigeants s’il en est.
 

 

 
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