Publié le Mardi 26 février 2013 à 12:00:00 par Pierre Portal

 

Test de Crysis 3 (PC, PS3, Xbox 360)

Le roi de la jungle ?

Après avoir pu tâter des trois premières heures de jeu pour une preview que vous pouvez consulter ici, je dois avouer que j'attendais beaucoup de Crysis 3. J'avais pu alors discuter avec Cevat Yerli, qui m'avait assuré que le scénario allait être intéressant et recherché. Il faut dire que sur le moment je lui avais dit que je trouvais le scénario du 2 complètement pourri, et que le 3 semblait suivre le même chemin. Pareil pour les environnements soi-disant ouverts qui avaient été promis, et qui n'étaient pas présents dans les premières heures de jeu. Alors... Crysis 3, bonne surprise ou grosse déception ?

Je vais commencer par parler des points forts du jeu, histoire de commencer en douceur ce test qui s'annonce extrêmement complexe. Ou pas.

Comme annoncé, et c'est le minimum pour une licence comme Crysis, le jeu est magnifique. Testé sur PC, rien à redire, encore plus beau que Crysis 2. Peut être un peu mal optimisé comparé à son grand frère. Sur consoles également : le jeu est magnifique et tire les capacités de ces vieilles "choses" vers le haut. La physique fait quelques folies parfois, mais rien de très gênant. Bref, c'est beau. Très beau. Un des plus beaux jeux jamais sortis.

La bande-son est également très réussie, et contribue grandement à l'ambiance des combats. Les thèmes musicaux se font discrets et efficaces, quoiqu'un peu caricaturaux lors de certaines scènes. Mais pour ce qui est des phases de jeu, ils collent en général parfaitement à l'action. Les bruitages des Ceph sont convaincants, voire stressants, comme dit dans la preview. Quelques bugs de son assez agaçants sont quand même à signaler, notamment lors des cinématiques.


Les armes utilisables sont également un point positif, notamment les armes Aliens. Peut être un peu trop puissantes contre leurs créateurs, mais diablement fun à manier. Les différents types de soldats Cephs introduits dans cet épisodes sont enfin intéressants à affronter (Incendiaires, snipers,...). Voilà ce que l'on peut mettre dans la colonne des "plus" du jeu Crysis 3...

Passons maintenant au reste. Et c'est là qu'on commence à se dire qu'il y a un souci. Réussir à dire du bien de seulement deux/trois aspects du jeu ? C'est inquiétant, non ? Toutefois, attention. Le reste du jeu n'est pas complètement mauvais, loin de là. C'est juste que c'est bien en dessous de ce qu'on aurait pu exiger pour Crysis 3, de ce que j'espérais personnellement après avoir vu le jeu et parlé aux développeurs. Et parfois, la douche froide passe mal.

Lors de la preview, j'avais partiellement complimenté l'IA. J'avais dû tomber ce jour là sur un bug du jeu qui rendait l'IA plus réaliste, car dans la version finale c'est très loin de ce que j'avais pu voir. Les humains font n'importe quoi. Dès que vous tuez un soldat du CELL sans que les autres vous repèrent, ils regardent le corps et ne bougent pas, ils se contentent de crier qu'un ennemi est là. Pire encore, parfois ils viennent un par un pour se faire tuer, sans jamais penser à se mettre à couvert. Chaque action un tant soit peu réaliste des ennemis provient de leur placement d'origine. Mais si vous les contournez et que vous n'arrivez pas par le chemin principal, ils vous tireront dessus à vue en se mettant à couvert et en restant au même endroit.

Les ennemis vous envoient profusion de grenades et grenades IEM pour vous dénicher, ce qui est un bon point. Même si la plupart du temps ils les lancent au même endroit, et plusieurs à la fois ! L'IA des Cephs n'est pas forcément plus recherchée, mais est diablement plus efficace. Ils se cachent, vous attaquent par derrière et sont très rapides. Les phases de combats contre les humains sont tellement ennuyantes et sans challenge qu'on en vient à attendre avec impatience les phases contre les Ceph ! En revanche, tous les ennemis possèdent toujours une sorte super vision infrarouge à grande distance ! Dès que vous passez en mode visible, même si vous êtes dans un coin sombre où un buisson, ils vous repèrent. Il faut absolument être derrière un obstacle solide pour pouvoir passer inaperçu. Finalement, ce défaut se révèle être un atout pour le jeu car elle relève un peu la difficulté qui en a bien besoin...!

En ce qui concerne le gameplay et la difficulté, les défauts de Crysis 2 ne sont pas corrigés. Ils sont même pires. La combinaison vous rend surpuissant et ce même en difficulté élevée. Il n'y a absolument aucun challenge à se battre contre les humains, un peu plus contre les Ceph mais rien d'insurmontable non plus. L'invisibilité mériterait quelques ajustements car elle est complètement abusée. Sans parler de la nouvelle arme, l'arc. Lorsqu'on combine l'arc avec l'invisibilité, on obtient un super soldat invincible et ultra-létal. Comme je vous le disais dans la preview, l'arc possède la particularité de ne pas consommer d'énergie pour tirer lorsque vous êtes en mode invisible. Les humains tombent comme des mouches, ne comprennent rien à ce qui leur arrive, c'est d'une facilité déconcertante.

On sent vraiment que Prophet est LE prédateur, plus qu'un humain, mais cela gâche le challenge. En fait, dans Crysis 3, il faut juste essayer de s'amuser en tuant les ennemis de la façon la plus drôle possible. Sinon, on s'ennuie ferme.


Grande promesse de ce volet, les environnements ouverts. Qu'en est-il ? En fait, dans les premières heures de jeu, les environnements sont fermés, exactement comme le 2. C'est très lassant. On est guidé d'un point A à un point B, même si plusieurs chemins sont disponibles. Prendre l'un où l'autre ne change en rien l'expérience de jeu.

Par contre, j'ai été agréablement surpris pour les 3 derniers niveaux. A partir du niveau qui se déroule à ChinaTown, les environnements deviennent grands, pleins de recoins et de bonus à découvrir, avec des quêtes secondaires réalisables pour fouiller un peu plus le background. On se console avec ce que l'on a. Même si on est loin de Crysis premier du nom, Crysis 3 surpasse largement le deuxième volet en ce qui concerne la taille des cartes. Il y a même des phases en véhicules. Si les premières sont une grande ligne droite lors d'un niveau dédié, les suivantes ne sont pas obligatoires, puisqu'on peut trouver des véhicules sur les cartes très grandes pour pouvoir les parcourir plus vite librement. La preuve que les développeurs ont fait des efforts de ce côté-là.

Cependant, il faut garder à l'esprit que le joueur qui veut ne voir que l'objectif principal passera complètement à côté de ces grandes cartes, en ignorant les objectifs secondaires et l'exploration. Mais si on fait le tour des niveaux en faisant les objectifs secondaires, on se rend compte que les développeurs ont réellement entendu les joueurs et tenté de corriger les problèmes de Crysis 2. A mettre à leur crédit, donc.

Durant l'aventure, vous pourrez collecter des points d'améliorations qui vous permettront d'augmenter les stats de votre nanocombinaison. Rien de très innovant, mais c'est toujours ça. De la même façon, vous pourrez aussi récolter des sortes de PDA qui contiennent des données concernant l'histoire et les personnages. Vous pourrez ensuite tous les consulter dans l'écran d'accueil pour vous plonger un peu plus dans le background de Crysis 3.


Gros point noir de ce Crysis 3, la durée de vie. Pour ma part, j'ai fini le jeu en 5 heures environ en réalisant quelques quêtes annexes et en me balladant rapidement sur les cartes pour avoir un aperçu de leur taille. Sachant que j'ai fait les 2 premiers niveaux très rapidement puisque j'avais déjà pu y jouer. Une durée de vie très décevante, là où Crysis 1 assurait les 15 heures et Crysis 2 les 10 heures de jeu. Si vous fouillez tous les recoins des cartes vous pouvez éventuellment atteindre 6/7 heures, mais je trouve que l'interêt est très limité. Vraiment dommage.

Enfin, parlons du scénario. Pour ne rien vous cacher, j'ai été très déçu de l'orientation prise par Crytek pour Crysis 2. Si le scénario de Crysis 1 ne brillait pas par son originalité, il était bien ammené et maintenait une certaine cohérence tout au long de l'aventure. Celui de Crysis 2, en revanche, brisait complètement cette cohérence et partait dans une autre direction. Des tonnes de questions sans réponses, de non-sens vis à vis du 1, de zones d'ombres et un changement d'orientation scénaristique. J'avais très peur pour Crysis 3. A juste titre ?

La récidive. En pire. J'avais peine à y croire. Le scénario de Crysis 3 est totalement risible. Exit la cohérence, exit les correspondances avec les deux premier opus. Un délire total, du début à la fin. Quand je pense que les scénaristes se gaussaient encore il y a peu de temps de leur scénario, le meilleur ayant jamais existé.. Si par bon scénario ils entendent quelque chose d'incompréhensible, d'abstrait, d'illogique, alors là oui, ils ont même la palme ! Si l'intrigue suit (très partiellement) celle du 2, elle s'éloigne encore plus de celle du 1 et devient complètement incompatible et incohérente avec le scénario original. On dirait que Crytek a voulu oublier Crysis 1 et repartir de zéro.


Le pire dans tout ça, ce sont les clins d'oeil illogiques pour le fan service. Ils citent Jester, Nomad et d'autres personnes de Crysis 1. Et c'est encore plus risible, puisqu'ils persistent et signent en faisant ça. Si le scénario n'a plus rien à voir avec le 1, on se contente de ramener quelques références et hop c'est réglé. Du grand n'importe quoi. Le compagnon Psycho est de la partie, sans nanocombi. Son histoire prend une place importante dans la narration, et finalement on préfère essayer de la suivre plutôt que le scénario de base. Niaise, tirée par les cheveux et encore une fois incohérente, mais au moins relativement bien mise en scène. Je ne parlerai même pas de la fin.... La cerise sur le gâteau, si j'ose dire, en terme d'incohérence.

Finalement, le jeu n'est pas même sauvé par son multijoueur. 16 joueurs, 8 modes de jeux, certains classiques (deathmatch, conquête de territoire, capture d'objectifs...) d'autres moins (mode chasseur). Reste que chaque joueur est doté d'une nanocombinaison et que les affrontements se déroulent à base de jeu du chat et de la souris, à se tuer sans se voir. Sans oublier que les nouveaux joueurs seront totalement désavantagés par rapport aux anciens qui auront engrangés des points et amélioré leur équipement. L'ensemble fonctionne mal, et on laisse finalement tomber assez rapidement.

Vous l'aurez compris, j'ai globalement été déçu de ce Crysis 3. Si les développeurs ont fait attention à essayer de corriger certains défauts de l'opus précédent, d'autres ont été amplifiés. Le jeu en lui-même n'est pas à jetter, mais une multitude de problèmes viennent ternir le plaisir des joueurs. La difficulté est aux abonnés absents, le scénario est très décevant et la durée de vie est vraiment trop courte. Il ne vaut clairement pas son prix... Crysis Warhead, vendu en son temps à 25 € à sa sortie, le surpasse en tout point sauf les graphismes.

Le contre-avis de Cedric

Finalement, je trouve que Pierre a malgré tout été très gentil dans son test.  Personnellement, plus qu'une déception et une profonde frustration, ce Crysis 3 m'aura surtout mis en colère. Très en colère. En colère contre un développeur qui se moque clairement des joueurs. En colère parce que l'on propose une simple démo technique insipide pour 70 € sur consoles et 50 € sur PC. Crysis 3 est un jeu insupportable qui ne remplit aucun de ses objectifs, et en tient aucune de ses promesses. Le jeu est beau. Certes. Malgré toutefois quelques textures parfois hideuses, surtout sur consoles. Il déchire sur PC, mais à l'unique condition d'avoir un PC de tueur à 2000 boules. Pour le reste, tout est à jeter. Le scénario est catastrophique. La durée de vie est totalement ridicule, voire honteuse. L'IA est inexistante. Les sensations sont épouvantables. L'ambiance est complètement gâchée. Moi aussi, j'espérais beaucoup de Crysis 3. Crytek avait toutes les cartes en main pour faire de son jeu un vrai bon jeu, une nouvelle réfence dans les FPS. Au final, je suis tellement déçu et en colère du résultat que le jeu mériterait d'être remboursé sans condition à tous ceux qui se sont fait avoir en l'achetant. Le roi de la jungle ? posait Pierre en sous-titre de cet article. Vous avez votre réponse : non, la Honte de la jungle.