Publié le Lundi 24 septembre 2012 à 12:00:00 par Laurent Benoit
Resident Evil : Damnation
Damned, it’s happening again
Nous sommes en 2011. Umbrella Corporation a été rayée de la surface de la Terre, Tricell tombe en morceaux depuis la mort de sa PDF Excella Gionne, et le grand méchant (et un peu ridicule) Albert Wesker est mort, définitivement, pulvérisé à coups de bazooka dans un volcan par Chris, Jill et Sheva il y a 2 ans déjà.Les armes bio-organiques et autres joyeux virus mutagènes n’ont pourtant pas disparu. Comme en Afrique, ils se répandent partout sur le globe, en Asie et en Europe notamment.
Leon S. Kennedy n’a toujours pas pris de repos. Au lieu de s’envoyer en l’air tranquillou avec son agent de liaison (Ingrid Hunningan) ou la fille du Président, il crapahute à nouveau pour le gouvernement américain. C’est ça la vie d’agent secret, qu’est ce que vous croyez ? Arrêtez les James Bond, ça vous lave le cerveau. Bref, Leon se retrouve cette fois en République Slave de l’Est, un ex-satellite de l’URSS, théâtre d’une violente guerre civile entre loyalistes et indépendantistes.
L’enjeu est le contrôle du pays et des ressources pétrolières fraichement découvertes. Alors que le conflit devient de plus en plus brutal, Leon est envoyé pour constater ou non la présence d’armes bio-organiques.
Voilà comment commence simplement mais efficacement ce nouveau film d’animation signé Capcom. Alors qu’il est rappelé par sa hiérarchie pour être évacué sans terminer sa mission, il n’en fera qu’à sa tête et se retrouvera pris dans une série d’évènements trahissant la présence de Las Plaguas (le parasite de Resident Evil 4 et 5) dans le pays.
L’un des deux camps utilise donc des armes bio-organiques. Pire, ils semblent vouloir utiliser Las Plaguas pour contrôler des Lickers, employés comme hachoirs mobiles à soldats. Tandis que le beau gosse ex-flic essaie de dénouer les mystères entourant leur présence, l’agent double, triple ou quadruple (on ne sait plus trop) Ada Wong débarque au palais présidentiel en se faisant passer pour une agent du BSAA (l’ONG anti-bioterrorisme pour qui Chris, Jill et Sheva travaillent).
Pourquoi ça ? Mystère…
Capcom semble vouloir se racheter et a bossé dur sur la forme de son nouveau film, sorte de prequel à Resident Evil 6, mais malheureusement, toujours en négligeant le fond.
Le spectacle reste cependant efficace, bien plus digeste que les films de Paul Anderson et surtout éminemment plus fidèle à l'univers du jeu. Parlons d’abord technique. On ne peut que constater le progrès depuis le premier film. La 3D est fine, pleine de détails, superbement animée, notamment les personnages grâce à la motion-capture. Le résultat est bien supérieur à FF Les Créatures de l’Esprit ou RE Degeneration.
Bien sûr, tout n’est pas parfait et certaines textures pourraient être meilleures, mais globalement, le visuel du film est convaincant, certains plans sont intéressants, le montage sait être nerveux sans devenir illisible (mention aux scènes avec Ada), et on a droit à la dose habituelle de passages en FPS et de séquences en slow-motion/bullet-time pour vendre la version 3D du film.
Avec au menu des zombies Las Plaguas, des Lickers, des flingues, du kung-fu, des virus, des méchants conspirationnistes, une ou deux scène tragique et même une baston avec des Tyrants et des tanks. Pas de doute, on est bien dans un Resident Evil contemporain, n’en déplaise aux détracteurs.
Côté histoire et rythme, il y a des hauts et des bas. La première heure est excellente. Au lieu de nous la jouer excessif comme les trailers et démos de Resident Evil 6, Capcom nous fait suivre Leon dans une ville fantôme où ne résonnent qu’explosions et bruits de combats. Capturé par un étrange trio après une escarmouche face à un Licker, il apprend que ces derniers sont des indépendantistes. Et que certains belligérants du conflit ont bien l’intention d’utiliser le rapport maitre/esclave de Las Plaguas, pour faire des armes bio-organique leur moyen de gagner la guerre. Leon devra composer avec deux rebelles, le ténébreux Buddy et le jeune chien fou JayDee (oui oui je sais, dans le monde merveilleux de Capcom, les slaves anti-américains ont des surnoms d’américains en guise de prénoms, qu’est-ce que vous voulez que je vous dise...), pour échapper à des militaires très méchants et des infectés de Las Plaguas qui se répandent en ville en contaminant les humains.
Cette première heure fait la belle part aux dialogues et aux scènes de réflexion intense de Léon, les sourcils froncés. On appréciera de ne pas avoir de surenchère, même si certains trouveront que ça manque sévèrement de rythme.
Quand les choses se corsent, les 45 minutes restantes s’accélèrent, avec des gunfights, plus de monstres, et des explosions, il y en aura pour tout le monde. Le vrai problème de Damnation, c’est le manque de cohérence totale du scénario et des scènes entre elles. Durant la scène A, Buddy et JayDee, les deux rebelles, menacent Leon, puis dans la scène B, ils le laissent partir, avant de l’engueuler à nouveau dans la scène suivante. Leon se promène en ville au hasard. Et vas-y que je suis mes geôliers pour en savoir plus. Et vas-y qu’une fois arrivé, je décide finalement d’aller me promener dans un parking pour y trouver comme par miracle une mallette mystérieuse. On ne sait pas pourquoi Leon est rappelé, on ne sait pas comment les armes bio-organiques sont arrivées en ville, on ne sait pas pourquoi on trouve un laboratoire top secret sous Terre rempli de Las Plaguas, ni pourquoi Ada, qui a déjà du récolter tous les échantillons de virus existant sur Terre, vient se foutre volontairement dans la merde pour finir par aider Leon.
On ignore encore plus pourquoi la trouble présidente du pays au nom imprononçable a droit à un plan montrant son dos défiguré par des cicatrices, ni pourquoi des Tyrants et des Lickers viennent composer avec le virus Las Plaguas.
Bien que la première heure arrive à happer progressivement le spectateur sans en faire trop et que les scènes d’actions soient présentes et relativement sympa, ce Resident Evil est effroyablement confus dans sa trame scénaristique, finissant par être lui aussi une énorme démo technique (cette fois-réussie).
On finit complètement dubitatif devant la scène de fin bourrée d’incohérences et le deus ex machina sauvant notre ex-flic mal rasé. C’est réellement dommage, car Capcom, qu’on aime ou déteste l’orientation de la saga, avait fait un réel effort graphique et l’ambiance est là.
Si l'on a encore cette désagréable impression de visionner une immense cinématique, délaissant encore et toujours les frissons pour un surplus d'action, le film n’est pas sans rappeler l’ambiance nocturne de Resident Evil 4 par les tons employés et la présence de Leon et Ada. On est vraiment dans Resident Evil, et on se paye même le luxe de quelques exécutions gore et de joyeuses giclées de sang pendant les bagarres, à contrario des scènes hors cadre de Degeneration. Le film aurait pu avoir la moyenne avec un scénario faiblard mais cohérent, mais dans le cas présent, il finit par agacer plus qu’amuser, en partant dans tous les sens sans apporter aucune réponse ni aucune petite révélation sur la suite de l’histoire qui arrive dans Resident Evil 6.
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(DVD, Blu-Ray) Resident Evil : Damnation
Plateformes :
Editeur : Sony Pictures Entertainment
Développeur : Makoto Kamiya
PEGI : 18+
Prix : 20 € (DVD) 25 € (BR)
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