Assassin's Creed Shadows (PC, PS5, Xbox Series)

 

Publié le Mercredi 19 mars 2025 à 11:00:00 par Cedric Gasperini

 

Test Assassin's Creed Shadows (PC, PS5, Xbox Series)

Un opus satisfaisant malgré une écriture passable

imageRepoussé pour être peaufiné, plongé aussi au cœur d’une polémique stupide sur le « respect historique » d’un personnage dont, pour le coup, on ne connait pas la vie avec certitude, Assassin’s Creed Shadows est enfin là. Et c’est tant mieux.
Même si, d’un point de vue personnel, ce n’est pas la période historique qui me plait le plus, retrouver un épisode de la saga est toujours un plaisir – le dernier, Mirage, mis à part.

Nous sommes au XVIe siècle, à la fin de la période Sengoku, une période faite de nombreux bouleversements au Japon, avec de nombreux conflits entre clans. Yasuke, un esclave noir des jésuites, débarque sur la petite île nippone. Les religieux tentent d’obtenir la liberté de passage pour leurs missionnaires.
Le Seigneur des lieux va accepter. A une condition : que Yasuke reste à son service. Et dans l’Histoire, avec un grand H, il est devenu au fil des années le premier samouraï noir.
Naoe est une jeune femme que son mentor a entraîné dans le but de devenir une combattante aguerrie. Une assassin, apprendra-t-on rapidement. Et sa route va croiser celle de Yasuke. Ennemis, d’abord, ils vont par la suite unir leur destin…

L’occasion de faire, directement, un point sur un des points qui ne manquera pas de diviser les fans à propos du jeu : L’histoire, avec un petit h, et la narration. Certains peuvent être séduits par une aventure qui sort un peu des sentiers battus, surtout pour la licence. D’autres risquent fort de grincer des dents.
Malheureusement, je fais partie de ceux-là.


imageL’intro est longue. Trop longue Et quand bien même il y a certains raccourcis (pas toujours heureux, il faut bien l’avouer) bien compréhensibles pour lancer l’action au plus vite, personnellement, j’ai été déçu dans les grandes largeurs par le scénario et, surtout, l’écriture globale, franchement passable, de cet opus.
Des dialogues creux succèdent à des passages qui se veulent poignants mais qui tombent à plat. La mort du mentor de Naoe est, à ce titre, tellement plate que je suis allé reprendre des chips pendant la cinématique interminable.

Oh, je sais que cet avis, tranché, ne manquera pas de m’attirer les foudres de ceux qui – et il y en aura – trouveront cet opus plus profond, abordant des thèmes importants sur l’introspection et la morale (ne rêvez toutefois pas, les choix qu’il vous faudra faire n’auront aucun impact). Mais même Ghost of Tsushima (et pourtant, Dieu sait que je n’ai pas aimé le jeu) avait plus de moments épiques.

imageVous voulez des exemples ? Dans les deux premières heures, vous aurez notamment, pour ne citer que deux incongruités (il y en malheureusement plus), notre personnage principal qui, blessé, veut repartir au combat. « Je ne t’ai pas soigné pour te voir repartir te faire tuer », lui répond-on. Avant de, 30 secondes plus tard et sans argumentation, lui souhaiter bonne chance et le laisser se barrer à une mort quasi-certaine.
Avant cela, notre héroïne, Naoe, est à la recherche d’un masque qu’elle avait avec elle. Notre interlocutrice ne sait pas où il est alors que c’est elle qui l’a rangé avec, en tout et pour tout, un katana et un kimono. 3 putains de trucs à ranger et elle ne sait pas s’il elle l’a vu ?
Des détails, certes, mais bon. Et le jeu est frappé de trop nombreuses incohérences de ce type tout du long de son histoire pour qu’on laisse passer.

Auxquels on peut ajouter un découpage du jeu qui laisse à désirer. l’intro dure une heure, une heure et demie, dans laquelle on combat à foison pour ensuite se taper un flashback qui… va vous apprendre les rudiments du combat… certes vous en apprendrez quelques subtilités supplémentaires, mais franchement…

Et j’en remettrai une couche sur l’écriture, notamment des dialogues, qui peine à convaincre. Avec des envolées lyriques qui se veulent poignantes, à certains moments, mais qui franchement m’ont laissées de glace. Si, si. Je sais qu’aujourd’hui on se contente de peu, mais là, moi, ça m’a gonflé. Au final, on se retrouvera, tout au long du jeu, avec des moments gâchés à cause d’une écriture ratée, paresseuse et indigne d’un triple A. J’ai besoin que dans un jeu comme ça, on me remue les tripes, bordel !


imageRemettons toutefois la qualité globale du jeu au centre du débat. Certes, ce genre de ratés fait quand même tâche pour un jeu de cette envergure. D’ailleurs, personnellement, ça m’a vraiment gâché le plaisir. Et c’est un peu trop fréquent chez Ubisoft pour que je laisse passer cette fois encore. Mais ne croyez pas pour autant que le jeu est mauvais ou qu’il ne vaut pas le coup. Après un épisode Mirage foiré dans les grandes largeurs, on revient à quelque chose de plus quali. Et qui devrait ravir les fans… de jeux d’action.

Car oui, les puristes de la saga, qui souffrent depuis le tournant pris par Origins, ne trouveront pas en cet opus un retour aux sources ou un nouveau changement de direction. Qu’on se le dise, la saga Assassin’s Creed n’est plus un jeu qui s’entremêle habilement à l’Histoire pour en tirer une aventure, mais un jeu d’action qui se déroule à une période ancienne. Point barre.

imageÇa reste, quoi qu’il en soit, un jeu solide, un gameplay solide, un système solide… mais qui montre quand même ses limites, il faut bien l’avouer. Rentrons maintenant dans les détails.

Quand vous lancez le jeu, on notera que même choisi en Français, il vous propose les voix en Japonais (et un peu Portugais) sous-titré Français, pour plus d’immersion. On vous conseillera de dire oui. Même si les intonations nippones sont parfois un brin abusées et lorgnent vers l’exagération manga, le doublage est relativement de bonne facture. Dommage, donc, que l’écriture ne soit pas à la hauteur, ça fout à plat certaines réactions ou certaines situations.

Vous allez donc jouer les deux personnages. Yasuke, le samouraï légendaire, bourrin, qui démonte les ennemis plus vite qu’un gamin de 3 ans devant une construction LEGO. Et Naoe, une assassin dont le mot d’ordre est la furtivité. Mais vraiment la furtivité, hein. Je le sais parce qu’à chaque fois que j’ai voulu la jouer bourrine pour déconner – et parce qu’au bout d’un moment, la furtivité m’emmerde – je me suis fait défoncer.


imageNotez qu’après avoir incarné Yasuke dans l’intro, vous ne le retrouverez que tardivement dans l’aventure. Il rejoindra Naoe au bout de 10 à 15 heures de jeu, grosso modo. Et autant Yasuke découpe, tranche, éclate, autant Naoe rampe, se met à couvert, se cache dans l’ombre et grimpe… notamment à l’aide de sa saleté de grapin, pas toujours très évident à utiliser (il se matérialise par une icone à l’écran quand vous pouvez l’utiliser, mais parfois, franchement, on est sous un mur et il faut trouver, à un pas près, le bon angle, la bonne position pour pouvoir l’utiliser et c’est chiant, ça nuit à la fluidité du jeu).

Deux gameplays très différents qui, s’ils offrent une variété appréciable, ont quand même tendance à nous éloigner, une fois de plus, de l’essence même d’Assassin’s Creed pour nous proposer, finalement, un simple jeu d’action. Gênant ? Au final, pas tant que ça. Comme je l’écrivais précédemment, depuis Origins, la licence a pris une autre tournure et elle continue, ici, dans la même veine.

Reste qu’il y a une complémentarité appréciable entre les deux personnages et, avouons-le même si j’y ai été réticent, une certaine fraîcheur à alterner les gameplays. Même si… après avoir longtemps joué Naoe, un lien plus profond s’installe avec le joueur. Et, du moins ça a été mon cas, ce genre de lien ne sera pas créé ensuite avec Yasuke. On le joue donc en se disant qu’on a hâte de retrouver notre assassin en herbe.

imageLe jeu propose pléthore de choses à faire. Trop, sans doute. D’innombrables missions annexes, d’innombrables ressources à récupérer, d’innombrables lieux à visiter… Il se noie légèrement et retombe dans les travers de la saga : des missions redondantes, à force. Ici, on va nettoyer des camps, effectuer des combats, affronter des boss, « libérer » des zones… et on recommence.
Il y a certes, d’autres quêtes secondaires, mais pas assez pour renouveler pleinement l’intérêt et empêcher qu’une redondance s’installe, mais on notera quand même l’effort. Une redondance qui s’installe aussi dans d’autres points : la nécessiter de récolter encore et toujours des ressources ou, plus embêtant, les combats qui se déroulent, finalement, un peu toujours de la même manière.
Quant à l’IA… bah… elle est parfois aux fraises, comme d’habitude, et parfois correcte… C’est la loterie. Mais on sait comment un Assassin’s Creed fonctionne, n’est-ce pas ?

On sent quand même la volonté de proposer quelques petits trucs nouveaux, mais la formule, même assaisonnée différemment, reste la même au final.


imageJe sais que la jeune génération souffre d’une sérieuse crise de priapisme ou du syndrome d’excitation génitale persistante dès que l’on parle du Japon et plus précisément du Japon médiéval. C’est loin d’être mon cas. D’autant plus qu’on bouffe du jeu nippon période Sengoku à tire-larigot depuis un bon paquet d’années. Alors ce choix pour ce nouvel Assassin’s Creed ne fait ni chaud ni froid. Force est de constater, toutefois, qu’Ubisoft a mis les petits plats dans les grands. Alors oui, certaines textures sont merdouilleuses (testé sur PC et PS5), la flore, surtout, n’est pas toujours à la fête quand on regarde de près. Graphiquement, au final, ce n'est pas une claque, loin de là. Ça manque de finition, de lissage, de précision. Mais globalement, on prend un certain plaisir à évoluer dans des décors parfois grandioses, trouver des points de vue remarquables, et bien entendu, grimper en hauteur pour lancer la fameuse cinématique 360° du jeu et découvrir le panorama. Ça reste plaisant quand même.

Ubisoft nous y a habitué, mais une fois encore, on sent l’inspiration historique des lieux : architectures, faune, flore… on est au Japon, au XVIe siècle, pas de doute. C’est fidèle à ce que l’on s’image de la réalité de cette époque. Outre les villes et villages, on croise parfois un temple, des sanctuaires… sans parler de l’ambiance, le comportement des personnages que l’on va rencontrer… le dépaysement est total. Mention spéciale pour les saisons qui défilent. C’est chouette. Ça n’a aucun impact sur le gameplay (à peine sur les déplacements) mais c’est joli quand même.

imageBref, même si je suis relativement insensible à cette période de l’Histoire (je pourrais même dire que la multiplication des jeux commence à me gonfler un peu), force est de constater que l’équipe de développement a fait du bon boulot.

Au final, j’avoue qu’en relisant mon test, j’ai peut-être été sec et sévère sur la qualité de l’écriture et de la narration. Même si j’assume pleinement. Parce que je sais qu’aujourd’hui, beaucoup se contentent de peu et pourront quand même être embarqués dans l’histoire et être touchés par l’aventure. Moi, ça reste une de mes grosses déceptions. Sincèrement.
Résultat, je n’ai pas accroché plus que ça à cet épisode. J’en suis le premier affecté. C’est aussi sans doute lié au manque d’intérêt que j’ai pour la période.

imageCe n’est pas pour autant que je vous déconseillerais de jeter un coup d’œil à cet opus, au final. Parce que même si la saga est parsemée de défauts (écriture, redondance dans le gameplay, redondance dans les quêtes, IA toujours moyenne, manque d’innovation…) il faut bien avouer que ce nouveau jeu tente quelques petites choses et surtout, remet la saga sur de bons rails après un épisode Mirage totalement foiré. L’épisode devrait plaire à ceux qui ont apprécié Valhalla, d’autant plus qu’il corrige quelques-uns de ses défauts. C’est plutôt joli. C’est plaisant à jouer. La durée de vie est conséquente (comptez entre 60 et 80h).
Certes, la licence est devenue une série de jeux d’action et a perdu son âme. Mais elle n’en est pas devenue mauvaise pour autant. Finalement, il faut prendre son temps. Découvrir les lieux, explorer, se balader, accomplir les missions tranquilou bilou. Et prendre les combats comme ils le sont : de simples parenthèses, vite expédiées au fil que l’on maîtrise le gameplay et que l’on fait évoluer ses personnages, tant au niveau des compétences qu’au niveau de l’équipement.

Bref, on ressort d’une partie relativement satisfait. Ça bouge, ça court, ça tue, ça décapite… Et tant pis si l’on se dit au final que ça aurait quand même pu être fun à jouer en coop. Cet Assassin’s Creed Shadows est un épisode accessible, qui plaira au plus grand nombre, sans doute.

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Assassin's Creed Shadows (PC, PS5, Xbox Series)

Plateformes : PC - PS5 - Xbox Series

Editeur : Ubisoft

Développeur : Ubisoft

PEGI : 18+

Prix : 79,99 €

Aller sur le site officiel

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