Publié le Vendredi 15 juillet 2022 à 12:00:00 par Ambre Cogné

 

Beaucoup de style, mais qu'en est-il de la substance ?

Avant de poser les mains sur Arcadegeddon, je n'étais pas tout à fait sûre de ce sur quoi portait concrètement le jeu, de sa boucle de gameplay, de ses particularités. Et quand je l'ai enfin lancé, je me suis rendu compte que je ne me souvenais même pas du dernier jeu de tir à la troisième personne auquel j'ai joué...En fait il se pourrait même qu'il s'agisse de Ratchet & Clank: A Crack In Time, qui remonte à 2009.

Arcadegeddon donne une bonne première impression : un écran de chargement bien classe, avec une musique pop très en accords avec les thématiques du jeu, et puis un menu principal avec une interface extrêmement dynamique et qui en jette visuellement. Cette première impression se transporte sur tout le reste du jeu : Arcadegeddon est stylé. Du design des cosmétiques à celui de l'interface en passant par les armes et les emotes, le jeu dégouline du caractère un peu sale gosse et très performatif des jeunes citadins aux alentours de ma génération. A la première seconde, il s'agit de quelque chose qui m'a fait vibrer.

Lors d'une courte introduction narrée par Gilly, l'oncle du personnage joueur et le gérant de la dernière arcade encore existante de Mega City, on nous explique que le monde est sous le joug d'une mégacorporation maléfique du nom de "Fun FUN Co.". Alors que Gilly s'apprête à lancer son dernier jeu dans un acte de protestation contre les grands, son projet subit une attaque informatique venant de FFC. La seule solution ? Que le plus de gens possible jouent au jeu afin de peupler le classement et de diluer l'assaut. Vous devrez alors bondir dans le jeu titulaire, le joyau de la couronne de Gilly.

Arcadegeddon tourne autour de courtes sessions de jeux, communément appelées des "runs" ou "aventures", lors desquelles vous enchaînez les niveaux sans interruption. La difficulté augmente sans cesse, et alors que vous commencez chaque aventure avec des armes plutôt pourries, vous trouverez sans soucis du meilleur équipement (armes et capacités passives) dans des coffres disséminés ça et là. L'aspect rogue-lite est là, mais je n'ai personnelement pas ressenti la frustration accompagnant généralement le genre : aucun run ne semble rendu ingagnable à cause de la malchance et chaque défaite se ressent comme une erreur du joueur plutôt que du jeu. Comme j'y reviendrait plus tard, cet aspect n'est pas non plus tout rose...

Lors de chaque run, vous devez accumuler des points en enchaînant les actions stylées : des tirs à la tête, des meurtres par explosion de baril, des tirs en glissade...plus vous allez vite, plus votre multiplicateur est élevé, et lorsque vous atteignez un certain score, un portail vers un boss apparaît. Après quatres boss, l'aventure est réussie, et si vous mourrez vous rentrez chez vous avec des tickets et de l'expérience. Pour soutenir ce gameplay survolté, les mouvements sont rapides et nerveux, comprenant des doubles sauts, des glissades et des roulades. Je n'ai pour le moment réussi qu'à enchaîner deux boss sur ma meilleure session, mais je ne me suis pas sentie frustrée : j'ai seulement eu envie de ré-essayer !



Ce qui différencie chaque run, c'est les défis que vous avez en cours : des quêtes journalières données par TomBot, qui rapporte de l'expérience et des tickets, et des quêtes que vous menez auprès des gangs de la ville afin de gagner leur aide dans la bataille contre Fun FUN Co., ainsi que des cosmétiques uniques à ce gang. Ces défis peuvent varier de "Tue 300 ennemis au pistolet" à "Ouvre 7 coffres roses". Au final, c'est là que votre gameplay changera.

Et oui, parce que le jeu n'offre pas des armes extrêmement variées. Leur nombre est peut être élevé, mais le fonctionnement de deux armes d'une même catégorie (pistolet, SMG, fusil d'assaut...) est très similaire. Pour le moment, l'arme la plus unique que j'ai croisé lors de mes parties fut un fusil intelligent avec des balles à tête chercheuse, mais son utilisation était inconfortable et peu satisfaisante, surtout quand j'ai des armes telles que le Smart Pistol MK5/6 de Titanfall et le LOK-1 de Deep Rock Galactic comme point de comparaison.

Les ennemis non plus ne sont pas suffisamment uniques. J'ai entendu dire lors de mes recherches qu'ils s'adaptent au style du joueur, mais je n'ai rien ressenti de la sorte. Même d'un environnement à l'autre, les types d'ennemis croisés et leur apparence sont identiques, un point que je trouve extrêmement dommage. Les environnements ne varient donc essentiellement que par la forme...

Au final, c'est ce manque de variations qui rend le jeu à la fois moins frustrant et plus répétitif. Parce que les armes rencontrées peuvent toutes être utilisées sans grande variation de jeu et que les ennemis sont très similaires, une mauvaise chance ne risque pas d'impacter trop une aventure, au moins au niveau auquel j'ai joué. Mais d'un autre côté, deux sessions se ressemblent énormément, surtout un objectif ne nous fait pas sortir de nos sentiers battus.

Le jeu tourne autour de deux motivations principales : gagner des points d'amélioration pour achter des capacités spéciales passives et actives, et gagner les "tickets" pour acheter des cosmétiques. La première est relativement temporaire, puisque le nombre de capacités spéciales est plutôt limité (même si tout débloquer pourra facilement prendre plusieurs dixaines d'heures), l'endgame se tournant plutôt vers la mode, comme beaucoup d'autres jeux comme celui-ci.

Et sur ce front, Arcadegeddon ne nous délaisse pas ! Bien que vous démarerez avec un certain pannel de vêtements achetables avec des tickets, de nouveaux articles seront disponibles temporairement auprès de Gilly. Une fois achetés, vous les garder indéfiniment, mais il faudra surveiller sa boutique pour vous assurer d'avoir une garde robe pleine à craquer. Bien évidemment, les vêtements et accessoires sont tous plutôt stylés, et épousent pour la plupart cette esthétique "street". J'ai enfin pu me sentir satisfaite avec les options de customization accessibles à un nouveau joueur !

En conclusion, Arcadegeddon est un jeu agréable à jouer, avec une identité visuelle accrocheuse et léchée et énormément de travail sur la présentation. La boucle de gameplay semble bien pensée, avec un pacing parfaitement maîtrisé, mais porte quelques défauts qui s'accumulent un peu et tirent l'expérience de jeu vers le bas. La rejouabilité et le contenu "mécanique" semblent faible pour un rogue-lite, surtout comparé à tout le contenu graphique. Le gameplay lui-même est correct, mais mériterait quelques réglages au niveau des armes et des hacks qui ne changent pas suffisamment la façon de jouer ou ne s'accordent pas avec la nervosité du jeu.

Pour répondre à la question posée en sous-titre : la substance est là, mais elle mériterait un peu de travail en plus, surtout comparé à l'amour réçu par le style.