Publié le Mercredi 8 octobre 2014 à 12:00:00 par Cedric Gasperini
Déjà dépassé ?
Evolution Studios ne sont pas des nouveaux venus dans le domaine de la course de voitures. Ils ont livré, avec plus ou moins de réussite, des jeux aux titres aussi évocateurs que WRC (PS2) ou MotorStorm (PS3). Sur la PS4, ce sera DriveClub. Un jeu exclusif à la nouvelle console de Sony.
DriveClub est un jeu de courses qui se veut globalement communautaire. Permettre aux joueurs de créer des équipes et les comparer les uns aux autres. Les voir s’affronter. Tout en ne négligeant pas son solo, c’est surtout la création de Clubs, jusqu’à six joueurs, deux minimum, qui est mise en avant. Création de logos pouvant être apposé sur les véhicules, et surtout complémentarité entre les pilotes sont mis en avant. Vous serez peut-être meilleur en drift que vos acolytes, par exemple. Et vos performances bénéficieront à tous puisque vous pourrez décrocher stickers spéciaux et voitures inédites pour tout le monde… Une complémentarité aussi sous le signe de la compétition puisque vous pourrez suivre les performances et la progression de vos coéquipiers et tenter de faire mieux.
Des courses, des voitures, des circuits… DriveClub reste-t-il donc un jeu comme les autres ? Oui et non. Dans le bon et le mauvais sens, soit dit en passant.
Vous allez donc faire des courses, débloquer des véhicules, qui vous donneront accès à de nouvelles courses… Hein ? Débloquer ? Pas d’achat ? Non. La progression du jeu est totalement dirigiste. Aucune liberté dans les choix des courses et véhicules. En solo, vous aurez droit à des courses, des contre-la-montre et des drifts, via une sélection de bolides imposée. Si vous les avez débloqué, bien entendu. Pas d’achat de voitures : votre niveau les débloque au fur et à mesure. Il y en a une cinquantaine. Seulement. Idem pour les circuits : 25. Seulement. 55 courses avec les variantes. Au final, vos performances seront saluées par un nombre d’étoiles, à comparer avec celles obtenues par les joueurs de la communauté. Ceux qui estiment pouvoir relever le challenge feront et referont donc les courses dans le but d’apparaître dans le haut du classement. Les autres… devront passer par la case « défi ». En effet, un joueur ayant réalisé une belle performance peut décider de la partager. Du coup, si vous faites mieux, vous empocherez des points supplémentaires.
Au fil de vos courses, selon les trajectoires prises, parfaites ou non, la place à laquelle vous terminez, les drifts que vous enchaînez, …etc., vous allez gagner des points de renommée. A contrario, les sorties de pistes et les « frottements » avec les adversaires peuvent vous en faire perdre. On vous rassure toutefois : même en finissant bon dernier, vous n’aurez pas un score négatif. Cela vous permettra de changer de niveau et donc débloquer épreuves, circuits et voitures.
En pleine courses, des épreuves communautaires vous permettront de gagner des points de renommée supplémentaires. Il s’agira, sur de petites portions de circuit, de battre le score d’un autre joueur : vitesse, drift, trajectoire… ces challenges sont variés et peuvent tomber à n’importe quel moment.
L’élément principal d’un jeu de voitures reste quand même…la conduite. Celle de DriveClub est en demi-teinte. Elle lorgne du côté de la simulation et du réalisme mais se laisse aller à une ambiance résolument arcade. Les voitures, dont la masse parait relativement légère, partent souvent en sucette et en dérapages. Il faut donc vraiment bien doser son effort, son virage, sa vitesse, pour bien appréhender chaque difficulté du circuit. Globalement, toutefois, cette conduite est agréable. Les voitures répondent bien, on ressent chaque aspérité de la route, chaque obstacle, et on arrive à bien prendre en main les véhicules. Toute aussi exigeante soit-elle, donc, la conduite est tout à fait accessible à n’importe qui. L’impression de vitesse, sans transcender, est toutefois agréable là encore.
D’autant plus que vous ne serez jamais complètement largué sur le circuit. En effet, l’IA des adversaires s’adapte à votre performance. Quand vous êtes premier, réussir à distancer vos adversaires relève donc du génie. Alors que si vous enchaînez les sorties de route, ils conduiront vraiment peinard pour vous permettre de revenir. Vous ne terminerez pas premier pour autant, mais pourrez prétendre à une place plus honorable que le fait d’être bon dernier.
Ce système, très flagrant dans les courses, ravira les novices mais posera certainement problème aux habitués du genre. Qu’ils se rassurent toutefois : terminer premier va leur demander des courses quasiment parfaites et surtout, de très bien maîtriser son bolide.
L’IA n’est d’ailleurs globalement pas brillante : elle aura tendance à vous couper la route ou vous rentrer dedans allègrement. Du coup, vous aurez tendance vous aussi à vous faire quelques petits passages façon « Burnout » pour sortir un adversaire de la piste ou lui couper la trajectoire comme un sagouin. De toute manière, et c’est bien dommage, les dégâts des voitures, certes bien visibles, n’ont strictement aucune incidence sur la course. Vous pourrez vous prendre un mur à pleine vitesse, vous repartirez comme une fleur.
Bizarrement, le jeu fait l’impasse sur tout ce qui séduit les aficionados du genre : pas d’aide paramétrable. Seule la boite de vitesse, automatique ou manuelle, est modifiable. Le reste, c’est de l’imposé. Pas de trajectoire idéale paramétrable. Pas d’options pour modifier sa voiture….
De la même manière, les sorties de route sont réglées avec un compte à rebours (3 secondes) qui vous téléporte alors sur la piste. Aucun rembobinage ou autre.
Enfin, le multijoueur reste également assez problématique. Pas de choix, pas de liberté. Vous arrivez, et vous inscrivez sur la prochaine course, seul ou avec votre équipe selon la course décidée par le jeu à cet instant : courses classiques, seul ou en équipe, contre-la-montre, drift… sachant que si vous n’avez pas débloqué la voiture nécessaire, vous pourrez quand même participer en empruntant un modèle, mais ne gagnerez alors aucun point de renommée. L’intérêt est donc nul. Et l’ensemble, assez frustrant. Pas de possibilité de créer des évènements avec sa Team. Et il suffit d’arriver sur différentes courses qui ne vous intéressent pas pour finalement repartir sur le solo…
On terminera par la personnalisation, très basique : peinture et calques, et le graphisme, quelconque. Oh, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit : le jeu est joli. Mais il n’atteint pas non plus des sommets. Seule la gestion jour/nuit, avec une conduite nocturne très réussie, est un point fort. La pluie sera livrée en patch gratuit dans quelques jours… espérons qu’elle rajoutera sensations et effets.
Au final, ce DriveClub n’est clairement pas la révolution du jeu de courses espérée par Sony. Même avec une année de développement supplémentaire, le jeu n’arrive pas à convaincre. La faute à une IA pénible, un contenu assez famélique par rapport aux derniers jeux de voitures, un graphisme quelconque (sauf les effets jours/nuit en pleine course, superbes), et tout un tas de limitations (personnalisation, multijoueur) qui brident désagréablement le joueur. Pourtant, ce n’est pas un mauvais jeu : l’idée des clubs est excellente. Pour peu que vous ayez des potes, se défier, défier les autres, s’envoyer des challenges, est plutôt agréable. L’aspect communautaire est donc globalement réussi. Idem pour la conduite, accessible et réussie. Bref, sans être un mauvais jeu, DriveClub n’arrive pas à totalement convaincre. D’autant plus quand on sait que The Crew arrive prochainement…