Stronghold Crusader 2 (PC)

 

Publié le Lundi 6 octobre 2014 à 12:00:00 par Alexandre Combralier

 

Test Stronghold Crusader 2 (PC)

Allah pêche aux moules moules moules

imageStronghold est une vieille série de STR dont les heures de gloire se situent au début du siècle dernier. Le premier jeu de la série (sorti en 2001), s’est rapidement vu affubler d’une suite fort populaire, Stronghold Crusader (paru l’année suivante). Efficace, direct, varié, et impressionnant (pour l’époque), avec ses vastes sièges et ses myriades d’options tactiques disponibles, Stronghold Crusader avait séduit. Quelques années passèrent, où le studio Firefly Studios s’abîma quelque peu dans la décadence vidéoludique. Un deuxième épisode décevant sortit en 2005, et un troisième, encore moins convaincant, en 2011. Mais Firefly ne désespère pas en donnant une suite, douze ans après, à son Stronghold Crusader. Reste à savoir si passée la nostalgie, le jeu ne pourra pas à la longue décevoir le gamer face à une série qui peine tant à se réinventer.

Comme le lecteur attentif l’aura noté, Stronghold Crusader 2 vous propose de revivre cette série d’échanges culturels que furent les croisades, façon auberge espagnole, mais avec Richard Cœur de Lion à la place de Romain Duris, cela va de soi. Au XIIème siècle, le choc des civilisations est tellement hype que toute la haute s’y met : Richard Cœur de Lion donc, mais aussi Frédéric Barberousse ou Philippe Auguste : les trois joyeux compères, flanqués de leurs aimables coreligionnaires, se rabibochent pour aller bouffer du Sarrasin. Le but est noble : faire une OPA sur Mahomet Corp, leader jusqu’ici incontesté des voyages touristiques vers la ville trois fois sainte, véritable the place to be, Jérusalem, une sorte de Las Vegas des temps anciens si l’on veut. Mais de ce contexte, pourtant exploité avec force réussite par d’autres jeux (on pense directement au premier Assassin’s Creed), Stronghold Crusader II ne fait rien, ou quasiment rien. Pas de scénario, pas de personnages principaux, nada. Le contexte historique n’est qu’un prétexte à l’enfilade d’escarmouches. La série nous y avait certes habitués, mais l’occasion aurait été bonne de donner plus de personnalité, plus de cachet, à un soft qui en manque justement.

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screenLe joueur se retrouve donc précipité trop rapidement vers le tutoriel du jeu. Mais pour peu qu’il ait déjà joué aux précédents jeux de la série, il sera rapidement en terrain connu : Stronghold Crusader II est donc un STR très classique, mélangeant gestion des ressources, construction de la ville du joueur, et gestion tactique des combats. Avant se lancer Allah taque de châteaux forts, il faudra donc se développer économiquement. Pour cela, le joueur doit tout d’abord accumuler l’indispensable bois, pour peu à peu construire des bâtiments plus développés, notamment les indispensables mines de fer et de pierre, pour produire les armes des futurs soldats ou construire les murs des futurs châteaux. La gestion de la base du joueur se fait selon un équilibre entre matières premières, ressources monétaires et… nourriture, car il faut bien que tout ce beau monde ait autre chose que du sable à mâcher.

Cet équilibre se complique ou se simplifie au gré d’événements aléatoires (plus souvent malheureux : épidémies, tornades, chats noirs effrayant la population…) qui ont pour effet direct d’affecter la popularité de votre seigneur (dont la mort signifie, ne l’oubliez quand même pas, la fin de la partie). Il est ainsi indispensable de soigner votre popularité si vous ne voulez pas voir toutes ces bonnes gens déserter votre avant-poste… Pour regagner des points dans le prochain IFOP, divers leviers sont possibles : baisser les impôts, doubler les rations, ou bien construire des édifices religieux ou des auberges (mais pour cela, il faudra d’abord produire candélabres et Kronenbourg, donc cultiver un petit peu d’orge…).

screenDans l’ensemble, le système fonctionne assez bien. Cependant il s’avère à la longue trop répétitif, trop prévisible, et pour ainsi dire guère assez profond. La faute en incombe au faible nombre de bâtiments disponibles. Sur ce plan, il y a clairement une régression que n’auront pas manqué de relever les amateurs de la série. Exit aussi, ce petit plaisir de voir peu à peu les bâtiments s’embellir, de voir vos premières masures devenir de confortables demeures… Exit encore, la possibilité d’interroger directement vos sujets un par un… Le résultat est forcément déplaisant : moins de profondeur, et moins d’immersion.

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screenOn devinera du reste assez rapidement que la meilleure solution reste de vendre vos surplus au marché, ce qui donnera lieu à de gonflantes car trop fréquentes transactions à coups de clics (la chose n’est automatisable seulement qu’en construisant un bâtiment très onéreux). Autre élément qui nous déplaît, et qui contraste avec les habitudes de la série : la lenteur du développement. Alors que Stronghold Crusader premier du nom avait plu par son côté direct, il faudra ici se montrer trop patient… Et malheureusement, il n’est pas certain que les premières poignées de minutes passées à cliquer sur les ressources à vendre soient les plus passionnantes de votre existence. On aurait enfin aimé qu’une barre de ressources soit directement visible à l’écran, alors qu’il faut à chaque fois cliquer sur l’entrepôt pour visualiser les stocks disponibles En somme l'interface est trop rigide... La nostalgie n'a pas que du bon.

Bref, la partie gestion de la ville, qui assure le minimum syndical, n’est clairement pas ce qui se fait mieux dans le genre. Mais, me direz-vous, cher lecteur, chez objecteur, ce qui compte dans un Stronghold, ce sont les bastons, ou plus exactement, les sièges des châteaux forts, c’est ce plaisir de prendre une forteresse qu’on pensait imprenable, ou au contraire, cette jouissance de voir l’ennemi déguerpir des murs de votre citadelle… Point de panique messieurs : Stronghold Crusader II est bien plus à l’aise de ce côté-là. Les experts en poliorcétique pourront toujours construire des châteaux à double ou triple enceinte, avec des murs remplis d’archers prêts à achever l’armée ennemie avant qu’elle ait eu le temps de pénétrer les murs… à condition bien sûr, de faire des sorties pour détruire les puissants engins de siège (qui ne répondent d’ailleurs toujours pas très bien, surtout les trébuchets). L’assaut des châteaux demandera un brin d’adresse et une bonne louche de réflexion, et restera, de toute manière, les moments les plus réussis, les plus divertissants, de ce Stronghold Crusader II.

screenCependant là encore, force est de constater que nous sommes face à une version affadie d’un Stronghold. Des options, des bâtiments ont disparu : où sont les douves par exemple ? Elles étaient très appréciées des joueurs, elles ne sont plus là. D’une manière générale, on fait encore trop rapidement le tour des options tactiques disponibles. Les développeurs, à regarder les châteaux pré-construits de l’I.A., semblent eux-mêmes avoir eu du mal à construire des forteresses proposant des défis dignes de la série. Et la liste de nos regrets peut se poursuivre encore : des masses de combattants, l’on passe à des dizaines seulement ; le comportement de l’I.A est parfois irrationnel ; on trouve pas mal de bugs, notamment de collision; les cartes sont enfin trop petites… On sent, hélas, un gros manque de moyens qui n’a pas pu être masqué.

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screenCe certain manque de profondeur tactique (car les affrontements contre l’I.A., par ailleurs fort coriace dès la première campagne, se résument trop souvent un même schéma en 1 vs 1) peut heureusement se compenser à travers les parties multijoueurs, en coopération ou en compétition. C’est sans doute la vraie valeur ajoutée (devra-t-on dire la seule ?) de ce Stronghold Crusader II par rapport à son glorieux aîné… et c’est ce qui sauvera heureusement, le soft d’une morne platitude et de la colère des fans de la série. Disons-le tout net, il arrivera de disputer des parties vraiment entraînantes. L’honneur est donc sauf.

Le manque d’écus que l’on évoquait se manifeste tout de même cruellement dans la qualité des graphismes du jeu, qui ont franchement une croisade ou deux de retard. Les polygones 3D sont donc largement datés. C’est à se demander si Firefly Studios n’aurait finalement pas dû opter pour de beaux sprites 2D. Quant à ceux qui oseraient se risquer à jouer à la version française, qu’ils se rassurent : comme le ridicule ne tue pas, les doubleurs n’ont pas été mis à mort pour leurs faits de gloire.

screenEn somme, si l’on fait le bilan de ce Stronghold Crusader II, il est pour ainsi malheureusement prévisible. Firefly reste plus ou moins sur la lancée du décevant Stronghold 3 (bon allez : c'est un peu mieux), avec un épisode qui ne parvient pas à capitaliser sur sa nostalgie en offrant une version amputée d’une bonne partie des mécanismes d’antan. Attention tout de même, le jeu conserve tout de même un fort capital sympathie dans les grands assauts de châteaux, en particulier en mode multijoueur, et pourra à ce titre plaire à tous les nostalgiques de la série, ou encore à tous ceux qui la nuit rêvent d’attaques de châteaux forts… On se plaît au début à développer nos villes, à attaquer les châteaux, la déception ne venant que petit à petit. On réalise alors que Stronghold Crusader II est un jeu de stratégie rapidement limité, globalement moyen, parfois plaisant, parfois lassant, ni infamant, ni excellent. Un jeu dont le mérite est de faire savoir que la série Stronghold vit encore, qu’elle a quelques restes, même si ce n’est décidément plus avec le lustre d’antan.


 

 
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Stronghold Crusader 2 (PC)

Plateformes : PC

Editeur : Firefly Studios

Développeur : Firefly Studios

PEGI : 12+

Prix : 40 €

Aller sur le site officiel

Stronghold Crusader 2 (PC)

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