Publié le Samedi 14 mai 2011 à 12:00:00 par Cedric Gasperini
Episode 1 : 3615 Police
Locaux de la SRPJ de Versailles, un dimanche matin, 08h27
Je t’aaaaaime, Je t’aaaaaime, comme un fou, comme un soldat, comme une star de cinéma, Je t’aaaaaime…
- Bon. Tu sais pourquoi t’es là.
- La famille Dupont de Ligonès ? Une joggeuse ? Je veux bien aussi prendre pour les disparues de l’Yonne. Et Oradour-sur-Glane, c’est moi aussi.
- Tu te fous de moi ?
- Pas le moins du monde, mais quand on me passe du Lara Fabian en fond sonore, je suis prêt à avouer n’importe quel crime.
- J’écoute la musique que je veux.
- J’avoue les crimes que je veux.
Je t'aime, je t'aime, Comme un loup, comme un roi, Comme un homme que je ne suis…Clic.
- Bon. On va reprendre depuis le début. On t’a notifié ce matin pourquoi tu étais en retenue judiciaire.
- Possible. Mais je n’ai rien compris. Moi le matin, tant que je n’ai pas pris mon café, je suis un ours.
- Ça explique pourquoi tu as mordu un collègue. Il est à l’hôpital, ils lui ont recousu les deux doigts, mais par contre, son œil sera sans doute perdu. Et on n’a pas retrouvé sa jambe.
- Oui, je vous dis, tant que je n’ai pas pris mon café, je ne suis pas en forme. Et 6 heures du mat, pour moi, c’est trop tôt.
- C’est l’heure légale.
- Légale ne veut pas dire raisonnable. Chuis pas du matin, moi, alors faut pas vous étonner après si je suis de mauvais poil au réveil.
- T’aurais peut-être aussi voulu qu’on t’envoie un bristol pour te dire qu’on arrivait te coffrer ?
- Non, je n’en demande pas autant, je sais que vous ne savez pas forcément écrire dans la Police, mais disons que vue l’heure, vous auriez au moins pu apporter les croissants, c’est la moindre des choses.
- Fais le malin, mais tu riras moins que tu te feras décrasser le conduit dans les douches de Fleury-Mérogis. Parce qu’avec ce que les collègues sont en train de déterrer de ton jardin, on t’a déjà surnommé « Hannibal », ici.
- Sauf que je n’ai jamais mangé personne, que je sache. C’est juste une question d’engrais pour les rosiers. Tout au plus, vous pouvez me surnommer « Nicolas le jardinier »…
- Y’a des vieux ! Et des enfants ! Alors fais pas ton malin ! T’es pas prêt de sortir d’ici ! Tu vas morfler sévère ! Alors tu vas te mettre à table et me balancer les noms de chacune de tes victimes Hannibal !
- Mais puisque je vous dis que je n’ai jamais mangé personne. Alors cessez de m’appeler Hannibal et de me demander de mettre à table. C’est indécent, quand même. Zut alors.
- 30 ans. Tu sais ce que c’est, 30 ans dans une pièce 4 par 3 ?
- Non. Faudrait demander aux japonais…
Driiiiiing… Driiiiiing… Driiiiiing…
- Allo ? Hein ? Quoi ? Comment ça ? C’est une blague ? Mais… Mais… Oui… Bien monsieur. Oui monsieur. Tout à fait monsieur. Et on fait quoi des corps ? Vous êtes certain ? Bon, je vais les prévenir qu’il faut les ré-enterrer alors. Oui monsieur, je leur dirai aussi de bien remettre les rosiers. Oui monsieur. Mes respects monsieur. Au revoir monsieur.
- C’était pour moi ?
- Je ne sais pas qui t’es, toi, mais le big boss te demande.
- Le commissaire ?
- Non, au-dessus.
- La femme du commissaire ?
- Non, pas au-dessus comme ça, au-dessus…
- Ah. Le préfet ?
- Au-dessus.
- Ministre ?
- Au-dessus.
- Non ? « Lui » ?
- Oui. « Lui ».
Plus tard. Chez « Lui ».
- Salut.
- Oh ! Un peu de respect ! Vous vous adressez quand même au…
- Non, c’est bon inspecteur, laissez. Vous pouvez disposer.
- Mais c’est un individu dangereux et je…
- Ça ira. Merci et au revoir inspecteur. Bien. Monsieur Gasperini. Vous vous demandez sans doute pourquoi je vous ai fait venir dans ce bureau. Bien. Je vais vous le dire, Monsieur Gasperini. C’est Carlita chérie mon amour qui m’a demandé une faveur.
- Ah. Tant mieux alors. Merci Carlita chérie mon amour.
- Voilà. Bien. Vous voulez savoir pourquoi. C’est bien compréhensible. Et je vais vous le dire. Mais c’est un secret pour le moment. Bien. Carlita est enceinte. Bien. Bon. Vous le savez aussi, elle est chanteuse. Actrice aussi et ancien mannequin et d’ailleurs je sais que vous l’avez rencontré lors d’un défilé il y a quelques années.
- Oui. Effectivement, je ne m’en suis jamais caché. A l’occasion d’un défilé. Lagarfield si mes souvenirs sont bons, je ne sais plus bien. Au Louvre. Entre deux errements d’études, je gagnais ma croûte comme type de la sécurité. J’en garde un souvenir ému puisqu’en passant devant moi, une bretelle de sa robe s’est défaite, dévoilant un sein d'un charme indéniable… et nous en avons plaisanté quelques minutes avant qu’elle ne monte sur scène.* Mais c’était il y a… pffff… un paquet d’années.
- Ah. Bon. Bien. C’est bien. Alors maintenant, donc, elle ne défile plus, mais elle chante encore et là, avec le bébé, elle fait bien attention. Elle chante moins. Alors elle a dû trouver de nouveaux hobbies. Et vous savez lesquels ? Non ? Eh bien je vais vous le dire, elle lit votre site Internet.
- Ah.
- Oui. Elle va souvent lire ce que vous écrivez et elle rit, elle rit, elle rit, tant mieux c’est bon pour le bébé.
- C’est bien. Il faudrait qu’elle s’inscrive et qu’elle poste des commentaires alors.
- Non. Quand même. Elle n’oserait pas. Et ce ne serait pas correct. Donc. Bon. Elle me lit tous vos éditos et vos tests et parfois vos informations. C’est vrai que c’est amusant. Bien. Ce n’est pas mon humour et ça ne me fait pas rire. Mais elle, elle est très fan. Imaginez que si le bébé est un garçon, elle veut l’appeler comme vous.
- Cedric ? Il y a pire comme prénom.
- Non, pas Cedric. Encore, Cedric ça pourrait aller. Non. Elle veut l’appeler Gizmo.
- Ah. La tuile.
- Oui.
- Et c’est pour ça que vous m’avez fait venir ? Pour que je la fasse changer d’idée ?
- Non. En fait, voilà. Vous êtes dans de sales draps m’a-t-on dit. Les restes humains, tout ça. Bon. Je vais vous dire. On nous a tenus au courant. Donc. Carlita a tenu à ce que j’intervienne. Je vais donc vous offrir une chance de vous racheter. Pour l’Etat. Et comment ? Je vais vous…
- Oui, vous allez me le dire…
- Voilà. Tout à fait. J’ai besoin d’une unité spéciale. Une unité du genre brigade d’intervention pour les cas spéciaux.
- Ah. Pas vraiment mes cordes, ça…
- Mais si. Vous avez déjà vu l’Agence tous risques. Je suis fan. Hannibal. Et tout. Donc j’ai eu l’idée de monter une organisation identique. Et vous allez en être le cerveau. Voilà. C’est l’idée.
- J’ai le choix ?
- Oui. Mais ça biserait le cœur de ma Carlita chérie mon amour de devoir rouvrir l’enquête, vous comprenez…
- Certes… j’accepte donc. A une condition.
- Laquelle ?
- Je monte ma propre équipe. Je choisis mes hommes.
- Oui, certes. C’est évident. Bien. Nous sommes d’accord donc. Il vous faut un nom par contre.
- Si vous voulez.
- J’ai pensé à la Faction d’Intervention Vengeresse.
- Mmmh… Moui. Niveau sigle, c’est nul par contre…
- J’ai pensé aussi au Bataillon d’Intervention Très Efficace.
- C’est pire.
- Sinon, comme vous avez un certain attachement pour les hamsters, ça pourrait être la G-Team.
- G-Team ?
- Oui.
- G comme hamster ?
- Si on veut. Bien. Tout est en règle alors. Vous avez 24 heures pour réunir une équipe. Vous répondrez au nom de code « Hannibal ». Des questions ?
- Oui. Une. A qui je répondrai ?
- A moi. Uniquement.
- Bien.
- Bonne chance, Hannibal Gizmo.
- Merci Monsieur Sar…
- Chut. Non. Pas de nom. Je dois rester anonyme.
- Très bien.
*totalement, complètement, irrémédiablement véridique
La semaine prochaine, le recrutement de la G-Team commence. Avec brio.
...
Ou pas.
Dessin Lepixx. Visitez son site Internet.