Publié le Dimanche 24 janvier 2010 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du Dimanche

Une histoire bien vache

Ah, les joies de l’enfance…
Avoir un enfant est une chose merveilleuse. Et le voir grandir chaque jour est sans doute la plus exceptionnelle et émouvante des expériences.
Et forcément, quand votre enfant grandit, vous ne pouvez pas passer au travers de certaines situations… pour le moins amusantes.

« - Dis, Papa, le petit de la vache, c’est le veau.
- Oui ma chérie
- Et le mari de la vache, c’est le taureau
- Oui
- Et le bœuf ? C’est qui ? C’est un modèle de vache ?
- Euh… C'est-à-dire que… »
Et là, plusieurs options s’offrent à vous. Vous pouvez dire que oui, en quelque sorte, le bœuf est une vache.
Vous pouvez aussi lui dire que ça suffit ces questions, qu’il faut manger rapidement son petit déjeuner parce qu’elle va être en retard à l’usine (oui, j’ai collé ma fille de 5 ans dans un cursus en alternance).
Ou vous pouvez botter en touche et lui dire d’aller demander ça à maman, que les vaches, ça la connait.

Sauf que si votre enfant vous sort cette histoire de bovins, c’est peut-être qu’il les a abordés à l’école. Et que si votre fille se met à répéter à la maîtresse que « si, le bœuf, c’est une vache, c’est papa qui me l’a dit »… vous risquez de passer pour un crétin et subir chaque matin et chaque soir des regards froids et sévères.
De la même manière, vous ne pouvez lui dire que le bœuf est un taureau à qui on a coupé les boules pour qu’il grossisse et produise plus de viande parce que vous pensez au petit gros de la classe qui ne manquera pas d’être traumatisé à vie lorsque votre fille, devant tout le monde, lui demandera si on lui a coupé à lui aussi…
Et la fuite en avant n’est jamais une bonne solution. Enfin si. Mais là, pas forcément. Parce que de toute manière, la question reviendra à la charge un de ces jours. Et peut-être même en présence d’invités.
Enfin, manque de bol, maman n’est pas là pour trouver la réponse adéquate parce que si les vaches, ça ne la connait pas spécialement, elle sait généralement trouver les mots pour se sortir brillamment de ce genre de situation (quand elle ne répond pas à son tour « va demander à papa »).

Bref, vous improvisez une sorte de réponse dans laquelle, juste pour pimenter l’affaire, vous glissez une petite dose d’humour…

« - Alors tu vois, ma chérie, le bœuf, c’est… euh… une vache pour la viande
- C’est une fille ?
- Euh… non… enfin… euh… c’est un taureau à qui on a coupé une partie du zizi pour qu’il devienne gros… du coup, hahaha, le bœuf, c’est le tonton du veau et c’est un tonton qui est un peu aussi la tata. Hahahaha… »
Et voilà pour le trait d’humour pour détendre l’atmosphère, pas très fin, certes, mais que vous jugez nécessaire. Au moins pour vous.
Et en fait… ben vous n’auriez pas dû. Parce que votre fille a oublié d’être bête (elle tient de vous).
« - Alors les tontons, on leur coupe le zizi ? Tonton Emmanuel aussi ? »
Et là, vous éclatez de rire. Vous recrachez votre café sur la nappe, agrémenté de quelques petites miettes de tartine et un gros glaviot de confiture. Et entre deux hoquets, vous arrivez à glisser un :
« - Euh… non… ça n'est que pour les vaches, mon amour… mais tu demanderas à tonton quand même, on ne sait jamais… »

Mais je vous ai dit que votre fille a oublié d’être bête. Et elle a une mémoire prodigieuse. Ça, elle le tient forcément de sa mère puisque cette dernière se souvient précisément de l’heure et du jour, il y a 6 ans, ou vous avez osé lui répondre « attends deux secondes, je sauvegarde ma partie et je sors les poubelles après », ce qu’elle continue de considérer comme un affront terrible parce que ce jour-là, sortir les poubelles était subitement devenu la chose la plus urgente de tout l’univers et que le sort du monde en dépendait. Et elle garde en secret cette erreur de votre part pour pouvoir vous la ressortir le moment venu. Vous, question mémoire, la seule qui assure, c’est celle clipsée sur votre carte mère, et pour preuve, vous passez chaque matin 10 minutes à chercher vos clefs de voiture.
Bref. Votre fille, histoire de finir la conversation en beauté, et parce qu’elle a décidé de ne pas vous laisser tranquille ce matin (c’est une fille, je vous le rappelle), vous rappelle alors le cas de son cousin Yanis qui a subi une circoncision médicale il y a plusieurs mois…
« - Alors Yanis, il va grossir pour faire plein de viande aussi ? »

Voilà comment on commence une journée avec la patate, en roulant sous la table et en hurlant de rire. Les enfants sont formidables. Il faut juste ne pas oublier la formule magique du « écoute, là je n’ai pas le temps de t’expliquer, mais tu demanderas à la maîtresse. Et n’oublie pas, hein, parce que je t’interrogerai ce soir ».

A part ça, j'éviterai de vous dire toute la haine que j'éprouve aujourd'hui pour le système préfectoral de notre sale pays. Parce que 200 € la carte grise qui n'est qu'un bout de papier pourri qui se déchire en moins d'un mois, c'est du foutage de gueule hallucinant.
Non, je préfèrerai vous parler d'Heavy Rain, déjà reçu en test à la rédaction et dont le test devrait arriver courant février si tout va bien. Nous n'avons, bien entendu, pas le droit de vous en parler, étant soumis à un NDA (Non-Disclosure Agreement) avec Sony. Je ne vous dirai donc pas que je me suis couché à 4h du mat' à cause de ce jeu et que cela ne m'était pas arrivé depuis fort longtemps. Que j'ai pris un pied terrible. Que c'est une claque scénaristique. Que l'ambiance est exceptionnelle. Mais qu'il a forcément quelques petits défauts. Bref, je ne vous dirai rien et vous n'aurez rien entendu. Attendez le test pour en savoir plus.
Je ne vous parlerai pas non plus des tests de Dark Void et Vancouver 2010 qui arrivent rapidement. Ni de la preview multijoueurs d'Aliens vs Predator. 
Enfin, je ne vous parlerai pas du fait qu'étant absent mardi toute la journée, Vincent et Geoffroy ont intérêt à vous remplir la journée.
Non, je ne vous parlerai de rien. Simplement parce que là, c'est l'heure de l'apéro et que j'ai la bouche pleine. Et c'est mal, de parler la bouche pleine.