Publié le Dimanche 20 décembre 2015 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du dimanche

Noël, c'est mort cette année

J’sais pas, mais moi, cette année, Noël, j’le sens pas. A tous les niveaux. Y’a comme un malaise. L’esprit de Noël est étrangement absent. J’ai moyennement envie d’entonner un « Jingle Bells » ou « Let it snow », voire me mettre à brailler du Tino Rossi. Bon. Cela dit, tout entre nous, même en temps normal, je ne suis pas du genre à gambader avec un bonnet de Père-Noël ou un serre-tête renne en chantant à tue-tête des ballades vantant les mérites des sapins rois des forêts.
Pour moi, le sapin, tout au long de l’année, c’est associé à des cercueils bon marché. Et y accrocher trois boules et deux guirlandes, quand y’a un macchabée dedans, ça donne pas plus une envie de fête.

Mais Noël, cette année ? Y’a pas à dire, c’est foiré d’avance.

Déjà, l’esprit de Noël, il s’est quand même pris quelques chargeurs de Kalachnikov il y a un mois et demi. Du coup, passez devant le Bataclan pour savoir si vous aurez encore envie de chanter « Douce Nuit, Sainte nuit »…
Depuis, les centres commerciaux et leurs innombrables vigiles dont certains sont aussi aimables qu’un toucher rectal chez un proctologue lors d’une pénurie de lubrifiant, sans parler des patrouilles de militaires dont on se demande, à chaque fois qu’on en croise un, s’ils sont vraiment plus intelligents que les terroristes ou si l’on devrait là aussi avoir peur… excusez-du peu, mais la magie de Noël, moi, j’ai du mal à la voir.
Ça a continué avec les élections régionales, notez bien. Déjà, en général, pour plomber l’ambiance, une élection, c’est quand même bien chargé. Et puis ça a tendance à vous rappeler à quel point, même adultes, les gens peuvent encore croire au Père-Noël… bizarrement, contrairement à ce que l’expression pourrait laisser entendre, un adulte qui croit au Père-Noël, c’est tout sauf « esprit de Noël ». Allez comprendre. En tout cas, moi, perso, cette masse d’abrutis qui se sont rués derrière le parti de l’intolérance, de la xénophobie et de la haine, ça ne m’a pas donné du tout envie d’entonner « Il est né le divin enfant ».
Et puis, non, définitivement, Noël cette année, c’est niqué. Regardez les températures. Alors certes. « It doesn’t often snow at Christmas » comme dirait l’un de mes groupes favoris. Mais pour le coup, entre neiger et sortir en t-shirt parce qu’il fait 19°C, y’a des limites. J’ai même des amis qui ont prévu un « bain de Noël dans leur piscine ». Hé, ho, on est où, là ?
J’suis pas du genre à militer pour sauver les bébés phoques ou défiler à poil pour une prise de conscience du réchauffement climatique qui tue les ours blancs. Vous connaissez. Moi, les bébés phoques, je rêve d’en avoir en chaussons, allongé devant ma cheminée sur ma peau d’ours blanc. Mais y’a des limites quand même. Rien qu’hier sur Paris, il faisait 16°C.

Si ça continue, l’année prochaine, les mecs déguisés en Père-Noël devront s’habiller en short et troquer leurs rennes pour des planches de surf. Et mon aversion pour les surfeurs égale presque celles des routiers et des porteurs urbains de tongs.

Et puis, hein, même mon sapin n’a plus aucune odeur. Sous prétexte de garder ses aiguilles plus longtemps, des fois que vous ayez envie d’avoir toujours vos boules et guirlandes à Pâques, les pépiniéristes ont réussi à nous pondre des sapins aux caractéristiques de tomates : belles, mais sans saveur. Moi, c’est un des souvenirs qui marque mon enfance. L’odeur du sapin. Même durant mes errements et divagations lycéennes ou universitaires, lorsque j’étais le premier de la maisonnée à me lever, je filais directement dans le salon pour renifler l’odeur de Noël. Cette bonne odeur de sapin qui vous rendait joyeux et heureux dès le matin.
Aujourd’hui, pour éviter de sortir l’aspirateur tous les 3 jours, on nous refourgue du résineux sans âme.
Non mais je sais. Moi aussi j’ai un de ces sapins insipides. De toute manière on ne trouve plus que ça. Et puis le garde-champêtre de mon patelin m’a conseillé vivement de reposer cette hache, prétextant que le sapin n’était pas à moi, qu’il était illégal d’en couper un, surtout quand il est en plein milieu de la place du village. Moi j’aimerais bien habiter une petite cahute, dans la neige, et sortir le Ski-Doo avec ma blonde pour aller tchoper  l’résineux dans les bois. Bon. Ok. Je me ferais vite chier. Mais quand même. Ça serait plus esprit de Noël que cette année, en France.

En plus, perso, la seule chose que le Père-Noël m’apporte chaque année pour les fêtes, c’est 5 kilos à force de trop bouffer.

Non, vraiment. L’année prochaine, Noël, j’vais l’passer en Laponie.