Starcraft II : Heart of the Swarm (PC, Mac)

 

Publié le Lundi 18 mars 2013 à 12:00:00 par Alexandre Combralier

 

Starcraft II : Heart of the Swarm (PC, Mac)

Essaim divin ou train-train hautain ?

imageTrois années ont passé depuis Starcraft II. Certes, il n’a pas fallu cette fois-ci attendre douze ans avant de voir Blizzard pondre un nouveau Starcraft, mais de tout de même : trois ans, quand on sait que Starcraft II : Heart ot the Swarm, n’est qu’une extension à Wings of Liberty, c’est long. Difficultés dans le développement ? Pas du tout : c’est la marque Blizzard, de soigner un maximum ses jeux avant de les sortir. Une bonne recette également pour faire monter l’enthousiasme. Mais bref. Le nouveau Starcraft est là. Nouveau ? Pas vraiment, c’est une extension (qui nécessite d’ailleurs, disons-le d’emblée, Wings of Liberty pour fonctionner). Alors, faut-il craquer ? Faut voir, ça dépend. Expliquons-nous.
 
S’il y a un changement d’importance qui se repère d’emblée, au lancement du jeu, c’est la refonte de Battle.net. Oh, bien sûr, ce ne sera pas un argument d’achat. Mais puisque HOTS est un jeu qui fait autant la part belle au multijoueur, avoir une interface devenue encore plus pratique n’est pas du luxe. Le maître-mot de cette refonte de l’interface a été la simplicité, l’accessibilité: tout a été fait pour réduire le nombre de clics au minimum. L’interface fait ce qu’on lui demande : aller simplement là où on veut aller, afficher un maximum d’informations tout en gardant une lisibilité maximale. Bref, c’est plus simple, c’est plus clair, c’est plus pratique : pour tout dire, on voit mal comment il serait possible de faire mieux. Un bon point pour commencer.
 
Puisque nous y sommes, profitons-en pour évoquer dans la foulée l’aspect social de Battle.net sur lequel Blizzard semble vouloir insister. Rien de révolutionnaire ni d’enthousiasmant là encore, mais toute une série de petits trucs qui rendent plus agréable l’expérience online : on vous prévient quand un ami se connecte au réseau, on reçoit désormais des points d’expérience (dans la pratique, cela ne donne que des skins pour les unités, mais cela incite à poursuivre les aventures online), on peut rejoindre des clans pour partager des stratégies d’attaque… J’apprécie particulièrement le nouveau système de replays, qui permet de mettre facilement le jeu enpause et de réunir plusieurs joueurs autour d’une vidéo d’une même partie : indispensable au niveau stratégique.
 
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screenMerci l’ami, mais on n’achète pas HOTS pour une interface, tout aussi réussie soit-elle. Achètera-alors le jeu pour sa campagne solo ? Voire. HOTS propose donc une nouvelle campagne solo dont l’héroïne est Sarah Kerrigan, à qui il est arrivé tout un tas de trucs (la pauvre reprend forme humaine, en gros, et se demande ce qu’elle fout là). Le scénario laisse, ô surprise, une large place à la vengeance : notre bonne Sarah veut donc allègrement se venger d’Arcturus Mengsk, l’empereur du Dominion, coupable à ses yeux de l’avoir abandonné aux Zergs. Plutôt que d’aller sonner à la porte de Monsieur Mengsk (« Arcturus Mengsk ? – Oui – BAM !, » fin de l’histoire), Sarah décide de faire le tour de la galaxie pour réunifier l’Essaim divisé et d’avoir assez de potes pour SE VENGER. Voilà.
 
Dit comme ça, le scénario ne casse pas des briques et est plutôt un prétexte plutôt pratique à un road-trip intersidéral. Ce serait être trop sévère : la campagne est assez entraînante, on veut voir le bout de l’histoire. Mais elle ne m’a pas captivé. On regrette une qualité d’écriture médiocre voire naïve, un jeu d’acteurs trop peu convaincant (même si techniquement parlant les cinématiques sont franchement jolies à regarder). La construction du scénario est encore trop facile. La progression est linéaire, la narration paresseuse. On jouera plus pour le voyage que pour l’histoire, à vrai dire. Ce n’est pas un mal en soi, mais non, Starcraft II : Heart of the Swarm ne vous étourdira pas par sa campagne solo. Le problème, c’est qu’on ne se dit à aucun moment « Ouah, quel jeu quand même » : autrement dit, la campagne solo du jeu n’est pas appelée à devenir culte.
 
screenCe qui n’arrange rien, c’est que la campagne est courte. Une vingtaine de missions, une douzainette d’heures, et au placard la Sarah. Et facile (à moins bien sûr de commencer en « Brutal ») : Sarah Kerrigan, que l’on peut jouer dans toute la campagne, est simplement trop forte. Néanmoins, les développeurs ont voulu varier l’expérience du jeu : on retrouve ainsi des phases qui détonnent avec le gameplay classique de la série (comme des boss-battles, des missions d’escorte, de défense…). Blizzard ne pouvait pas non plus manquer de surfer sur la vague MOBA (League of Legends) : Sarah Kerrigan progresse en niveaux ce qui lui fera gagner de nouveaux pouvoirs ; et les unités elles-mêmes pourront évoluer, avec deux embranchements principaux convenant au style général du joueur.
 
Et alors ? Oui, et alors, qu’importe la cerise quand on ne veut que du gâteau ? Un Starcraft, c’est d’abord un jeu multijoueur à même d'occuper des centaines d'heures. Ce qui compte, ce qui fait la force du jeu, c’est le multi, non mais dites donc. Blizzard ne s’est pas manqué, disons-le d’emblée, sur ce point : Starcraft II : HOTS propose toujours le must du RTS online, le king du e-sport, le prince de la compét’ par connexion interposée. Mais, et c’est aussi sa grande force, Starcraft II : HOTS s’adresse autant aux néophytes qu’aux coréens drogués au Protoss : le jeu, par sa simplicité (tout du moins dans son accessibilité), peut aussi s’adresser à ceux qui ne comptent pas passer leur vie à peaufiner leurs stratégies au clic près. A ce sujet, le nouveau mode Entraînement est un modèle du genre, qui prend pas à pas le nouvel arrivant pour l’amener pas à pas vers les subtilités d’une partie multijoueur, à travers trois niveaux de progression bien pensés. Starcraft continue donc de s’ouvrir à ce qu’il faut bien appeler des casual gamers ; mais, rassurons-nous, Blizzard n’oublie pas sa fan-base.
 
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screenHOTS étant une extension, l’expérience multijoueur de Wings of Liberty ne sera pas bouleversée. Tout le monde le sait, Starcraft II : WOL proposait déjà une expérience RTS à la fois simple et classique (les péons ramassent les ressources, qui permettent de construire bâtiments, bases et unités) et riche et complexe (il y a une foule de stratégies, du rush au boom économique, selon les trois races du jeu, Protoss, Zergs et Terrans, et entre races elles-mêmes). On ne va donc pas ici revenir sur tout ce qui fait ce miracle permanent qu’est Starcraft II : un jeu d’échecs, de bluff, de surprise, de tension, de prise de décision permanente, d’habileté aussi (quand il s’agit de micro-gérer ses unités). Tout cela est bien présent, et rien ou presque n’a changé. C’est d’ailleurs le problème.
 
Le joueur confirmé me saute à l’instant à la gorge. Mais tout a changé ! Blizzard aurait ainsi bouleversé, que dis-je, révolutionné le mode multijoueur en changeant quelques caractéristiques de-ci-de-là. Le rythme en multi est plus rapide, c’est une certitude. Certaines unités deviennent plus intéressantes, par leur prix en baisse (le templier noir), par l’augmentation de leurs caractéristiques (la vitesse des hydrasliksk), et patati patata. Oui, ces quelques changements vont modifier quelque peu les stratégies (cela reste à voir sur le long terme). Mais bon. S’il suffit de changer deux-trois chiffres, c’est un peu facile.
 
screenHeureusement, les nouveautés pour le mode multi ne s’arrêtent pas là. Il y aussi quelques nouvelles unités (ironie quand tu nous tiens). Blizzard a encore modifié l’équilibre des races en consacrant l’apparition de nouvelles unités. Mais si peu nombreuses ! Deux seulement pour les Terrans (le nettoyeur, qui n’est encore qu’une variation du tourmenteur ; et la mine Veuve, peu chère mais assez puissante). Deux seulement encore pour les Zergs (l’essaimeur, unité blindée qui crée elle-même des petits animaux tout meugnons, et la vipère, fourbe qui attire les ennemis à elle et les empoisonne). C’est à peine mieux chez les Protoss, avec trois nouvelles unités, toutes aériennes (le noyau de vaisseau mère, l’oracle et la tempête).
 
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screenEt pis c’est tout. Alors, bien sûr, ce sont déjà des changements qui vont bouleverser (et encore ?) l’approche de chaque partie de la part des fans de Wings of Liberty. Certes, il n’était pas question de révolutionner la formule dans une extension, surtout lorsque cette formule est gagnante depuis 1998. Mais est-ce parce qu’on s’appelle Starcraft que tout est excusable ? Faisons les comptes : une nouvelle campagne solo trop courte et qui n’a rien de bien unique au final, un nouveau mode Entraînement, et sept nouvelles unités. C’est un peu court, jeune homme.
 
Starcraft II : Heart of the Swarm, sans être une extension minimaliste, vaut tout de même 35 € pour un certain nombre d’ajouts qui certes seront pour les fans déjà suffisants, mais qui, en soi, n’ont pas grand-chose d’enthousiasmant, surtout après un développement qui s’est étalé sur trois années. HOTS est proche de son prédécesseur : c’est à la fois une qualité (être proche du meilleur RTS de la décennie est un gage de réussite) et un défaut. Les gens de Blizzard, auréolés de tant de succès, deviendraient-ils paresseux ?
 
screenIntrinsèquement, pas de toute, encore une fois. En tant que jeu, Starcraft II : HOTS est la référence du RTS. Incontestablement. Vous êtes un fan de Wings of Liberty, vous ne vivez que par Starcraft ? Pas de soucis : vous pourrez mettre s’il le faut une excellentissime note à ce test. Mais en tant qu’extension, en tant que produit, je n’ai pas pu m’empêcher de me dire : « c’est tout ? ». Si cela suffit pour rendre heureux des millions de personnes (et cela suffit effectivement), alors en effet, Blizzard, en divisant en trois parties son Starcraft II, n’a pas de soucis à se faire pour son tiroir-caisse.

Blizzard deviendrait-il un vieux rentier, aimable gestionnaire d’un fonds de pensions si fertile, et qui ne serait plus destiné qu’à récolter les éloges de tous les critiques avec des retouches trop faciles pour seule œuvre de l’esprit ? Si la prochaine extension, Legacy of the Void, n’apporte pas plus de changements (notamment plus d’améliorations sur un moteur graphique qui commence à vieillir, une campagne solo plus inspirée et pourquoi pas une nouvelle race…), on fera mieux de crier à la stagnation, à la paresse, plutôt qu’au génie. Les lauriers sont un coussin moelleux, mais gare à la facilité, gare à l’indolence, gare à l’atonie et à la léthargie. 

 

 
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Starcraft II : Heart of the Swarm (PC, Mac)

Plateformes : PC

Editeur : Activision

Développeur : Blizzard

PEGI : 16+

Prix : 35 €

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LA NOTE

LA NOTE DES LECTEURS

note 7/10

 

 

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