Publié le Vendredi 7 décembre 2012 à 12:00:00 par Cedric Gasperini
Le Hobbit - Un voyage inattendu, la critique du film
Pari réussi ?
Mon cher Frodon, je vais te raconter une histoire... Mon histoire...Alors qu'il s'apprête à tirer sa révérence et partir au pays des elfes (voir Le Seigneur des Anneaux, La Communauté de l'Anneau), Bilbon Sacquet écrit ses mémoires et raconte ainsi la formidable aventure qu'il a vécue.
Il y a 60 ans...
À Hobbitbourg, Bilbon est un jeune Hobbit à la vie bien rangée. Une bonne journée est une journée où il ne se passe rien d'autre que dormir, manger, et fumer sa pipe assis sur le banc, dans son jardin.
Il reçoit un jour la visite du magicien Gandalf le Gris, qui vient lui proposer de "partir à l'aventure".
Impensable pour le Hobbit qui s'empresse d'éconduire son dérangeant visiteur.
Le soir venu, pourtant, des nains frappent à sa porte et s'invitent à sa table. 13 nains braillards et ventripotents qui pillent son garde-manger.
C'est la troupe de Thorin Ecu-de-chêne qui s'engage dans une quête insensée : reconquérir Erebor, la montagne naine tombée sous le joug de Smaug, le terrible dragon cracheur de feu.
Sur le point de se mettre en route, les nains se voient imposer par Gandalf la présence de Bilbon. Si ce dernier refuse d’abord, il décide finalement, le lendemain, de rejoindre la petite troupe. Et le voilà lancé sur les routes…
Des routes qui vont le conduire au cœur du Pays Sauvage où il va devoir affronter des gobelins, des orques, des ouargues, des trolls… Empoté et geignard, Bilbon va peu à peu trouver sa place parmi les guerriers nains et savoir se rendre indispensable. Il va surtout, petit à petit, devenir… un héros.
Il rencontrera également, dans les tunnels gobelins, près d’un lac souterrain, une étrange créature : Gollum. Un être décharné et repoussant qui possède un étrange anneau aux pouvoirs surnaturels… Et Bilbon va mettre la main dessus, sans savoir qu’il va, par ce simple geste, changer le destin même de la Terre du Milieu…
Pour bien présenter les faits, précisons quelques petites choses. J’ai toujours été fan d’heroic-fantasy. J’ai adoré l’histoire de Tolkien. Même si je persiste à dire que c’était un mauvais écrivain (style lourd, descriptions interminables…), il a créé un monde extraordinaire et raconté une histoire passionnante. Bref, j’ai adoré la trilogie du Seigneur des Anneaux. J’ai également adoré l’adaptation cinématographique qu’en a faite Peter Jackson. Je pense intimement que ce sont là les meilleurs films jamais réalisés sur le genre. Et la galerie de personnages, servis par d’excellents acteurs, les effets spéciaux spectaculaires, et un traitement scénaristique remarquable, achèvent d’en faire des films indispensables, tout simplement.
Reste que j’avais quelques doutes concernant ce Hobbit. Simple coup de fric ou vraie décision de passionné ? Trois choses me dérangeaient dans cette nouvelle trilogie.
En premier lieu, les fameuses rumeurs sur le traitement de l’image. Peter Jackson a filmé Le Hobbit en 40 images secondes, et on a accusé le film d’entraîner migraines et nausées.
Je vous rassure de suite : il n’en est rien. Le film nous a été – et vous sera – projeté en bonnes vieilles 24 images secondes dans votre salle préférée. Pour du 40 images secondes, il faudra aller dans les salles IMAX. Qui sont tellement rares chez nous que ce problème ne mérite, finalement, pas d’être plus évoqué ici.
En second lieu, le traitement 3D. On dira ce que l’on voudra, mais la 3D, c’est quand même pas mal pourri sur les films « réalistes ». Autant sur les films d’animation, genre Pixar, ça passe vraiment bien, autant sur les films avec des vrais acteurs, on a souvent du mal à cause de flous gênants et de traitements de l’image bâclés. Quelques exceptions existent, certes (Avatar, Prometheus…), mais d’un point de vue personnel, la 3D ne m’a jamais totalement convaincu pour ce genre de film.
Là encore, j’ai été bluffé. La 3D sait se montrer très discrète et se faire oublier. On finit la séance – 2h45 de film quand même – en se disant « ah, oui, mais c’est vrai, j’ai une paire de lunettes sur le nez ». Cette 3D offre une profondeur délicate aux images, sans en faire trop, et est donc un vrai plus. Réellement. N’ayez donc pas peur d’aller voir le film en 3D.
Enfin, ma troisième crainte concernait… l’histoire, tout simplement. Contrairement à ce que l’on a pu dire, le Hobbit n’est pas tout à fait un « livre pour enfants ». Enfin, pas dans le sens où on l’entend chez nous. C’est plutôt un « livre pour jeunes ados ». Destiné aux 10-14 ans, quoi. Le terme « livre pour enfants » ayant plutôt, pour ma part, une connotation « Martine à la plage » voire « Club des 5 ». Reste que le livre ne m’avait pas laissé un souvenir impérissable. Peut-être parce que je l’avais lu après Le Seigneur des Anneaux. Mais enfin, pour tout dire, Le Hobbit était… un petit peu emmerdant. Voilà, c’est dit.
Et tout Peter Jackson qu’il est, je craignais que le réalisateur n’arrive pas à atteindre la magnificence et la magie atteintes sur la trilogie du Seigneur des Anneaux.
Là encore, je me trompais.
Le Hobbit – Un voyage inattendu débute doucement. On y retrouve Bilbon, âgé, écrivant ses mémoires, mais aussi le jeune Frodon qui gravite autour de lui, avant qu’il ne vive lui aussi les aventures extraordinaires que l’on connait bien. Mine de rien, ces retrouvailles, tout aussi brèves soient-elles, font admirablement le lien entre les deux trilogies.
Vient ensuite un début de film assez lent, pendant un peu plus d’une demi-heure durant laquelle vous allez découvrir Bilbon, Gandalf et la compagnie des nains. Juste le temps de placer les personnages et le contexte. D’ailleurs, le petit reproche que l’on peut faire au film est que Bilbon, totalement réticent à se joindre à eux au début, accepte bien vite finalement… Peut-être cette partie aurait-elle mérité quelques dizaines de secondes de plus, à le voir tergiverser et peser le pour et le contre.
Un début tranquille, donc, qui permet en fait de retourner en Terre du Milieu tout en douceur, quelques 10 ans après notre première visite.
Et puis…
A partir du moment où Bilbon rejoint la compagnie, tout s’accélère. Le film prend un rythme fou et va vous entraîner dans une histoire absolument ahurissante et… fabuleuse.
De la rencontre avec les trolls, en passant par la poursuite avec les orques, la rencontre avec les elfes, le combat de géants, la caverne des gobelins, la rencontre avec Gollum et un autre affrontement avec les orques, sur lequel cette première partie de l’histoire s’achève, vous n’allez plus reprendre votre souffle.
Peter Jackson réussit à nouveau un tour de maître. Le Hobbit – Un voyage inattendu est une pure merveille.
Les couleurs sont magnifiques. Les décors sont grandioses. On en prend véritablement plein les yeux. Chaque plan est un pur ravissement. Mieux encore, à part Gandalf, vous ne croiserez véritablement pas d’humains dans le film. Des nains, des orques, des gobelins – le Roi Gobelin est une vraie tuerie -, et tout un tas de bestioles… Du coup, Bilbon est véritablement le vrai héros de cette aventure. Là où Frodon n’était finalement pas maître de son destin dans Le Seigneur des Anneaux et se faisait voler la vedette par Aragorn, Gandalf, Gimli, Legolas ou Sam. Non, là, Bilbon est au centre de l’histoire. Et la compagnie des nains est terriblement attachante. On suit leurs pérégrinations avec un bonheur indescriptible, même si Peter Jackson n’a pas forcément pris le temps de bien tous les présenter et que quelques-uns restent dans l’ombre. Pas d’humain, donc, mais de vrais héros qui ravissent immédiatement notre attention.
Les acteurs sont d’ailleurs parfaits et tiennent leur rôle. Martin Freeman, en Bilbon, est juste parfait.
Les scènes d’actions sont grandioses. Et même si certaines scènes sont un peu « too much » dans le spectaculaire, vous ne vous en rendrez compte qu’en repensant a posteriori au film. Dans le feu de l’action, vous en prenez plein les yeux, plein la tronche, et ça passe complètement.
Peter Jackson a donc une nouvelle fois réussi son pari. Le film est un pur chef d’œuvre. Il a rajouté des passages, tirés des notes de Tolkien, à l’aventure principale, et rajouté çà et là quelques petites touches personnelles qui s’insèrent idéalement dans l’aventure.
Le Hobbit – Un voyage inattendu nous promet une trilogie exceptionnelle. Au minimum, du même niveau que celle du Seigneur des Anneaux.
Vous aviez peur d’une quelconque redite ? D’un quelconque manque d’intérêt dû à un scénario moins prenant ? D’un casting moins charismatique ? D’une impression de déjà-vu ?
Oubliez toutes vos peurs. Courez voir Le Hobbit – Un Voyage inattendu. C’est une pure merveille.
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