Publié le Mercredi 13 avril 2011 à 12:00:00 par Cedric Gasperini
Socom çaaaaa, lalalalala
Malgré sa relative jeunesse, la série SOCOM a délivré de très nombreux jeux. Sur PS2, déjà. Avec US Navy Seals, le premier jeu de la franchise, sorti en 2003. 3 autres opus sur cette console ont ensuite vu le jour. Puis 4 jeux ont été développés sur PSP. Et le dernier en date, Confrontation, est sorti en 2008 sur PS3. 8 ans d’existence, 9 jeux sortis, et un nouveau qui vient allonger la liste ce mois-ci sur PS3 : SOCOM Special Forces, aussi appelé SOCOM 4.
L’histoire vous entraîne dans un pays d’Asie en plein coup d’Etat. Vous jouez un membre des forces de l’ONU. Ou du moins œuvrant pour une force internationale de paix. Votre nom, Cullen Gray. Un nom bien… français. Si, si, puisqu’on vous le dit. En effet, ce soldat d’élite porte sur son uniforme le petit drapeau tricolore, signe de la nationalité de son corps d’Armée. Pour le coup, si les premiers instants peuvent s’apparenter à de la fierté, en imaginant que le héros d’un jeu vidéo est originaire de notre pays, on va vite déchanter. En effet, Cullen est une sorte d’indécrottable bouffon, d’une rigidité militaire pénible et mériterait, s’il ne se baladait pas avec un arsenal conséquent, une bonne grosse baffe dans la tronche.
Le scénario est d’ailleurs à l’image de son héros : à la limite du ridicule et du pénible. Les forces alliées venues maintenir la paix dans le pays sont prises pour cible par les insurgés. Et hop le navire de guerre. Et hop le camp de commandement… Toutes les têtes pensantes de votre armée se font dézinguer par des paysans avec des Kalachnikov, vous laissant seul les pieds dans la bouse de buffle musqué. Seule survivante des gradés, une jeunette va tenter de vous guider, de vous apporter un soutien logistique et vous permettre de mener à bien votre mission.
Sur le chemin, vous rencontrerez une militaire coréenne, appelée « 45 », elle aussi appartenant à votre armée internationale, et elle aussi abandonnée à elle-même. La seule différence, de taille cependant, est qu’elle veut sauver sa peau et celle de ses hommes tandis que vous, vous ne pensez qu’à remplir votre mission. Comme vous êtes plus gradé qu’elle, elle n’aura d’autre choix que de vous suivre. Vous voilà donc à la tête de deux équipes. Vos deux hommes, 45 et ses deux hommes. Vous êtes six au total et il va falloir sauver les populations locales et rétablir la paix. Si vis pacem, para bellum. C’est bien connu. Mais para putain de bellum. Parce que vous allez faire cracher le feu et la poudre.
Dans la jungle, dans la ville, sur la plage, sur la route, dans un arsenal, dans un port, dans les champs… vous allez parcourir le pays en long, en large et en travers, remplissant diverses missions : éliminer les ennemis, récupérer des informations, détruire des infrastructures… chaque niveau se déroule de la même manière : un losange vous indique le point à rallier et quelle distance il vous reste à parcourir. Sur le chemin, vous dézinguez de l’ennemi à tour de bras, explosez des camions, demandez des frappes aériennes sur des tanks, des vedettes de guerre ou des tentes de commandement…
Le jeu se présente comme un « TPS », un Third-Person Shooter. Autrement dit, vous voyez le personnage de dos. Vous pouvez vous abriter derrière des protections, de type dalle de béton, murets et autres. Sachant qu’ils se détruisent petit à petit sous les tirs ennemis. Mauvais point, par contre, pour le jeu, il n’y a pas de prise en compte de la pénétration des éléments du décor. Un ennemi qui se planque dans une tente en toile ne pourra donc pas être abattu en arrosant la tente. A croire qu’elle est blindée.
La bonne nouvelle, c’est que le jeu propose un petit aspect tactique : il est possible de donner des ordres à vos coéquipiers. Même si ces ordres sont très sommaires : « attendez, allez là, venez, tirez… », ils permettent de faire contourner l’ennemi à une partie de votre équipe, voire de tendre des embuscades.
Le jeu est superbe. Graphiquement, les décors fourmillent de détails. La jungle, qu’elle soit au sens premier du terme, ou urbaine, est magnifiquement rendue. Tout un tas d’objets se détruisent ou simplement volent sous l’effet du souffle d’une grenade, par exemple. Les effets spéciaux sont très réussis : explosions, fumées… c’est d’un réalisme saisissant.
On pourra également parler du level design : s’il est un peu pourri, nous faisant progresser sur une ligne droite de type couloir, il n’y a toutefois pas d’effet d’oppression ou d’étouffement. Les décors restent vastes, variés, et la progression est suffisamment logique pour être expliquée. De plus, le « couloir » emprunté est suffisamment large pour offrir différentes possibilités et faire bouger votre équipe à votre guise.
On pourra enfin signaler qu’avant chaque mission (ou disons la plupart), on pourra choisir son armement principal et secondaire : fusil d’assaut, de sniper, mitrailleuse légère, avec son lot de modèles et d’accessoires (lunettes, silencieux…).
Malheureusement, SOCOM Special Forces cumule les pains et les défauts. Les animations, déjà, sont loin d’être terribles. Les cinématiques sont assez quelconques. Les personnages ont le charisme d’une moule. Remarquez, on nage en plein plateau de fruits de mer puisque vos coéquipiers ont une IA d’huître. Quand vous leur demandez de s’abriter derrière un muret, il n’est pas rare d’en voir un, voire deux, rester accroupi… à côté, à découvert. Heureusement, ils sont très très résistants. Et si d’aventure ils se faisaient shooter, il est assez facile – et rapide – de les soigner.
Les ennemis ne sont pas forcément plus malins. Ils ont des attitudes et chemins totalement scriptés. Du genre « j’attends que tu atteignes ce point-là pour me mettre en mouvement ». Ou du genre « on m’a dit de me cacher derrière ce bloc de pierre, alors j’y vais, même si tu as déjà dépassé cette position et du coup tu me canardes quand je passe bêtement devant toi ».
D’autres soucis viennent sérieusement entacher le jeu. Si le muret derrière lequel vous vous cachez est trop haut de quelques centimètres, vous tirerez dedans lorsque vous utilisez la visée. Et le problème, c’est que vous ne vous en rendrez pas forcément compte de suite…
Sur les 14 missions de la campagne solo, 4 sont destinées à des missions d’infiltration. Vous jouez alors « 45 », la petite coréenne furtive. Plusieurs soucis là encore. Outre que ces missions sont… chiantes, elles ont pas mal de petites choses assez mal faites et des bugs pénibles. Le type qui vous remarque lors que vous êtes bien planquée derrière un camion, voire à plat ventre dans l’ombre, à 20 mètres de lui, sans bouger. Les corps qu’il faut cacher… sauf qu’il ne faut pas être pressé : il faut attendre que l’indication à l’écran apparaisse. Et cela peut prendre du temps, voire vous demander de bouger pour être dans le bon angle. Sans parler que la plupart du temps, vous êtes gêné par l’option « ramasser l’arme ennemie » qui s’affiche en plein milieu de l’écran.
Finalement, souvent, la meilleure option reste… la course à pieds. Vous bombez jusqu’au prochain « waypoint » en slalomant entre les balles ennemies. La partie est alors sauvegardée et vous pourrez recommencer de ce point-là, comme si de rien n’était.
Au final, il vous faudra environ 8 petites heures pour plier le mode solo. En prenant largement son temps, on peut monter à dix, éventuellement, dans les modes de difficulté les plus élevés (le mode le plus dur sera à débloquer).
Notez que le jeu est compatible avec le Move. Il semblerait qu’il ait d’ailleurs été largement développé pour en tirer partie… eh bien c’est raté. La visée est poussive, malhabile, imprécise… on revient bien vite au paddle classique.
Nous terminerons par le multijoueur. Qu’il soit en pvp ou en coop, il permet de s’affronter dans tout un tas de modes, notamment Bomb Squad. Le multi est une partie non négligeable du jeu, et permet des parties à 32 joueurs. Mais les serveurs ne sont pas encore ouverts et nous n’avons donc pas pu tester le multi.
Pour conclure, si la note pourra paraître sévère, elle n’est que le reflet d’une amère déception. Le moteur est là, le graphisme est là, mais la beauté d’un jeu ne suffit pas à le faire apprécier. Trop de pains, un scénario bateau et sans intérêt, des personnages insipides, un gameplay sans génie, une IA ridicule, sont trop de points négatifs pour que l’on prenne réellement du plaisir durant le jeu. On passera donc son tour sans regret.