Publié le Mercredi 10 novembre 2010 à 12:00:00 par Cedric Gasperini
Sympathy for the Devil

Faut-il vraiment revenir sur la licence Call of Duty ? Faut-il vraiment vous dire que c’est le plus gros succès vidéoludique de l’année passée, avec plus de 22 millions d’exemplaires vendus dans le monde pour l’opus Modern Warfare 2 ? Autant dire que la sortie d’un nouveau jeu de la série est un évènement. Non, que dis-je, L’Evènement.
Restent quelques questions en suspens. En effet, les Call of Duty sont développés jusqu’à maintenant alternativement par deux studios : Treyarch et Infinity Ward. Ces derniers, à l’origine de la série, sont considérés comme les maîtres du genre, tandis que Treyarch a une réputation moins établie en la matière, auprès des joueurs. N’empêche, cette année, Call of Duty Black Ops débarque dans les étals, sous la houlette de Treyarch.
Alors ? Continuité du succès ou baisse de régime ?
Call of Duty Black Ops vous place dans la peau d’Alex Mason, un soldat des forces spéciales, affilié à la CIA, et employé pour des missions ultra secrètes. Le genre de missions qui n’ont jamais eu lieu. Jamais jamais. Alex est en mauvaise posture : torturé, il est interrogé sur ses agissements tout au long de sa carrière. Et donc, il se souvient…
1961, Cuba, baie des Cochons. Le jeune Mason est envoyé avec une équipe d’agents secrets dans le but de renverser le régime Castriste. Ils profitent du bombardement de l’aéroport pour s’introduire dans la villa du dirigeant cubain et l’abattre sans sommation. Mais le retour ne se fait pas sans heurt. Et pour sauver ses amis, Mason se sacrifie. Il est capturé par les cubains, Fidel Castro en tête, qui lui explique qu’ils ont abattu un simple sosie, et envoyé dans les geôles soviétiques.
C’est là que nous retrouvons notre héros. Il tente, en compagnie d’un compagnon d’infortune un peu timbré, Viktor Reznov, de s’échapper du goulag de Vorkouta.
Puis ce sera le Vietnam, et bien d’autres endroits encore, où à chaque fois, vous devrez remplir des missions de plus en plus périlleuses.
Black Ops vous plonge donc en pleine guerre froide. Et va vous prouver qu’elle n’était pas si froide que ça, la guerre.
Petite nouveauté, donc : le solo suit un seul homme et est doté d’un vrai scénario. Pas d’un truc à la mords-moi-le-nœud sans queue ni tête et aux liens très douteux entre chaque mission. Ici, une base complexe, mais forte, pose l’histoire, jusqu’à un dénouement qui viendra tout expliquer. Notez que ledit scénario n’est pas exempt de petites maladresses ou complexités inutiles, mais au moins, le fait qu’il s’agisse de l’histoire d’un seul homme aide bien mieux à se plonger dans l’atmosphère du jeu et à s’identifier au héros. Un bon point, donc.

Pour le reste… ma foi… c’est du Call of Duty.
Autrement dit, place au spectacle. Alors que vous avancez dans le niveau, les ennemis semblent surgir de nulle-part par centaines, vous assaillent de toute part, les bâtiments explosent de partout, les grenades pleuvent comme les grenouilles en Egypte, à la seule différence que vous êtes la plaie la plus terrible qui existe pour vos ennemis. Grâce à des scripts savamment étudiés, lancés avec précision et dotés d’une puissance époustouflante, vous allez en prendre littéralement plein la gueule. Bien souvent, vous vous retrouverez à courir sous les bombes, à zigzaguer sous les balles pour rejoindre un abri, à canarder comme un malade en hurlant façon Rambo, et à vous jeter sur un ennemi un peu trop entreprenant, couteau à la main.
Pas de doute, c’est bel et bien du Call of Duty. C’est clair, c’est bien le seul jeu qui arrive à vous plonger dans un tel enfer, doté d’une telle force, d’une telle intensité, à vous en faire souiller vos sous-vêtements tellement vous serez plongé dans le jeu.
Une belle grosse claque, qu’il convient pour en profiter pleinement, de jouer sur grand écran, avec un son 5.1 au minimum, les baffles à fond pour faire mourir de peur les voisins.
C’est LE blockbuster américain du jeu vidéo. Le Soldat Ryan de la console et du PC.

Reste à savoir comment s’en est sorti Treyarch. Eh bien en fait, pas si mal que ça. Bon, un gros défauts m’a tout de même sauté aux yeux. Le premier, c’est une gestion des collisions assez hasardeuses : Camion qui traverse une tente, deux personnes qui se traversent… les bugs de collision sont un poil trop nombreux à mon goût et vous entachent sérieusement la qualité globale du jeu.
Ensuite, la visée automatique m’a un poil gênée. Elle aide vraiment trop. Heureusement, et c’est donc un point à moitié négatif, on peut la supprimer dans les options. Enfin, quelques textures sont merdouilleuses si on s’arrête dessus. Mais là encore, comme s’arrêter dans le jeu signifie signer son arrêt de mort, ce n’est pas si gênant.
Notez que la version PC souffre de sévères ralentissements inexpliqués lors de phases de jeu ou même de cinématiques. Un gros point noir qui est, selon les développeurs, en cours de correction.
Au final, donc, pas grand-chose à reprocher au jeu, donc. Treyarch a réussi son pari et a hissé le niveau de sa réalisation pour offrir une aventure digne des meilleurs épisodes de la série. On en prend plein la tronche, on vit pleinement les missions qui se déroulent à 100 à l’heure (même si elles commencent souvent par une petite phase d’infiltration), l’intensité est formidable et les combats totalement prenants. Même les « interludes » de shoot (à conduire un tank, une jeep, une moto, un hélico…) sont cette fois bien intégrées et, alors que d’habitude elles me gonflent vraiment, ont ici une justification et un gameplay bien pensés. Si le level design n'est pas toujours très inspiré, la jouabilité reste solide et inspirée (n'oubliez pas que c'est, avant tout, un FPS console, donc que les fans du genre sur PC lui préfèreront des jeux plus pointus, au gameplay plus recherché).

Il vous faudra, grosso modo, 8-9 heures pour terminer la campagne solo (voire un peu plus) dans le mode le plus difficile. Et je ne sais pas si c’est l’âge qui commence à émousser mes réflexes ou si c’est un vrai constat, mais j’ai trouvé le jeu un poil plus difficile que les précédents opus.
On finira la série d’éloges en parlant du multi, encore plus complet et encore plus réussi. Des points d’expérience à récupérer pour débloquer des capacités spéciales et des armes, le tout au travers de 14 cartes inspirées pour la plupart de la campagne solo. Les modes sont très nombreux et variés. On peut même jouer à 4, à repousser des vagues ennemies façon mode « Horde ». Deathmatch en solo ou en équipe, Capture du drapeau, démolition, sabotage et j’en passe, il y a de quoi se faire bien plaisir, avec quelques petites nouveautés bien croustillantes (changer d’arme toutes les 60 secondes ou un flingue, une balle, un couteau, deux vies, ou changer d’arme à chaque ennemi tué…). Une nouvelle fois, la série des Call of Duty innove au niveau multi et propose tout simplement ce qui se fait de mieux et de plus plaisant en la matière.

Enfin, on parlera de la possibilité de parier (avec de l’argent fictif récupéré au fil de son expérience) sur les résultats des parties multi, d’un mode zombie toujours aussi plaisant, de la possibilité de customiser un brin ses armes et de leur rajouter des extensions.
Pour conclure, donc, ce Call of Duty Black Ops m’a particulièrement enchanté. Il n’est certes pas parfait, et on rêve toujours de pouvoir jouer la campagne en coop, mais il offre une qualité bien supérieure à l’épisode World at War, des mêmes développeurs. Personnellement, je l’ai même trouvé plus réussi que Modern Warfare 2. Du tout bon, donc. J'ai été happé par l'ambiance, par les explosions à tout va, et finalement, cela a occulté tous les petits soucis et travers du jeu. Reste à savoir si vous réussirez vous aussi à vous laisser entraîner. C'est tout le mal que l'on peut vous souhaiter.