Publié le Lundi 8 novembre 2010 à 12:00:00 par Cedric Gasperini
Maintenant, tuer c'est jouer
Bond s’enlise sur grand écran dans les déboires financiers de la MGM. Il semble avoir tout de même trouvé le salut ces derniers jours et est désormais prévu pour 2012, avec Sam Mendes (Les Noces rebelles, Les Sentiers de la Perdition, American Beauty) à la réalisation. Reste à savoir si Daniel Craig sera toujours de la partie. Reste à savoir s’il sera également dans la même veine que les deux derniers opus, Casino Royale et Quantum of Solace. Ces deux Bond ont marqué un véritable tournant dans la franchise : exit l’agent au flegme tout britannique, au smoking impeccable même après douze roulés-boulés, trois crashes de voitures et douze plongées dans des eaux infestées de requins. Désormais, l’agent 007 est pêchu, flingue tout ce qui bouge, se défait le brushing à coups de mandales, et n’a plus aucune pitié envers les méchants.
C’est cette voix qu’ont décidé de suivre Activision et Bizarre Creation pour leur nouveau jeu, James Bond 007 : Blood Stone.
Et tout est fait pour nous plonger en plein film. Le jeu s’ouvre sur une scène d’action : Bond saute d’un avion cargo en plein vol, atterri sur un bateau, flingue tout le monde, poursuit le méchant en hors-bord, puis en bagnole à travers les rues d’Athènes. Il réussit finalement à empêcher un attentat envers les présidents du G20, réunis tous ensemble pour une photo souvenir.
Générique.
Et pas un générique de seconde zone. Non, un vrai générique stylisé, digne des films, avec chanson originale et j’en passe.
On retrouve Bond en bonne compagnie, dont les vacances sont bien évidemment écourtées pour aller remplir une nouvelle mission. Une sombre histoire de scientifique disparu, qui travaillait sur des souches d’Anthrax et autres bactéries hautement nuisibles pour la santé. Ça sent le terroriste à plein nez. Et Bond va rapidement tomber sur la piste de Pomerov, un russe au nom qui fleure bon la vodka mais dont les activités souterraines sont loin de se mélanger parfaitement avec du jus d’orange.
D’Athènes à Monaco, en passant par la Russie ou Bangkok, pour ne citer que ces lieux, Bond va traverser le monde à la poursuite du gros méchant, que ce soit pour mettre à jour ses agissements ou l’empêcher de nuire.
Quelques pointes d’humour, des pépés bien chaloupées qui tombent raides nues dès que Bond cligne des yeux, des cocktails vodka-martini, des poursuites en bagnoles, des combats, de l’infiltration, des explosions à tout va… tout est là pour que Blood Stone soit un véritable film d’action comme on les aime.
Et justement, la grande force de ce jeu réside dans son rythme, son scénario et le charisme de ses protagonistes. Si le doublage français de Daniel Craig laisse à désirer (trop neutre et je m’en-foutiste), ça reste du Bond, et on nage en plein univers connu. Les scènes défilent à grande vitesse, on enchaîne les passages de combat au flingue, les passages de conduite ou les passages de furtivité. Le jeu se veut boosté à l’adrénaline lors des phases d’action, avec explosions énormes de-ci de-là, et globalement rondement mené tout du long.
Du tout bon, en quelque sorte.
Reste que… tout n’est pas rose dans l’univers de notre James préféré. Et globalement, si le résultat est accrocheur et doté d’un vrai scénar comme on n’en voit que trop rarement dans les jeux vidéo, la réalisation, elle, est loin d’être à la hauteur. Très loin.
Graphiquement, déjà. Outre une synchronisation labiale défaillante (ce qui fait que les cinématiques perdent largement de leur charme), l’ensemble n’est pas spécialement folichon. Bon, ce n’est pas hideux non plus, mais certaines textures sont bien moches et le tout n’est pas transcendant.
Notez qu’on aurait pu passer outre si la jouabilité avait été au rendez-vous. Mais là encore, les développeurs semblent s’être contentés du strict minimum. Gameplay rigide, réduit à de simples mouvements de base (se cacher, courir, tirer) et agrémenté de la possibilité de mettre les ennemis hors d’état de nuire à mains nues (lorsqu’ils sont tout près, il suffit d’appuyer sur une touche pour lancer l’enchaînement de coups). Cette dernière chose vous offrira la possibilité de flinguer vos assaillants grâce à des « tirs ajustés », élimination directe et simple, jouée au ralenti.
Idem pour les phases de poursuite : on conduit, on accélère, freine ou on utilise le frein à mains. De temps en temps, on peut tirer sur les ennemis (visée automatique). Bref, c’est simple, pour ne pas dire simpliste. Et l’IA assez mauvaise des adversaires ajoute à la liste des récriminations.
Bref, que ce soit pour les phases à pied ou en voiture, c’est en-dessous de ce qui se fait dans l’un ou l’autre genre, ce qui est d’autant plus frustrant quand on sait que Bizarre Creations sont quand même à l’origine des Project Gotham Racing…
En fait, le jeu m’a fait énormément penser à La Mort dans la peau : une jouabilité en dessous de ce que l’on peut espérer aujourd’hui, avec notamment un personnage lent et lourd à contrôler, mais dont l’ensemble est sauvé par une ambiance réussie et un rythme bien maîtrisé.
Car ce Blood Stone n’est, au final, pas si foireux que ça. Bâclé, certainement, mais pas raté. Varié, pêchu, et qui est totalement fidèle à la licence, il comblera en partie les fans des films.
Le multijoueur, lui, est anecdotique et propose trois modes de jeux classiques pour des parties à 16. Pas inoubliable.