Publié le Lundi 26 août 2024 à 12:00:00 par Romain Cappelletti

 

Test Deathbound (PC, PS5, Xbox Series)

Mais mal exécutées

En choisissant de faire de son premier jeu un souls-like, Trialforge Studio a pris un pari risqué. Seront-ils à la hauteur des standards du genre ?
Deathbound, édité par Tate Multimedia (Steel Rats, Urban Trial), est un jeu de rôle et d'action qui entre en effet dans la catégorie dite des "souls-like".

Pour rappel, le genre "souls-like", initié et popularisé par les jeux FromSoftware, regroupe les jeux répondant à certains codes : il s'agit de jeux de rôle et d'action, à la difficulté prononcée et où la mort fait partie intégrante du gameplay.
Les souls-like intègrent souvent des points de repos, où le joueur peut restaurer sa vie, en échange de quoi les ennemis précédemment vaincus réapparaissent.

L'histoire de Deathbound prend place dans un monde à l'atmosphère sombre où sont en conflit deux grandes religions : le culte de la Mort, et celui de la Vie. Globalement, le culte de la Mort sacralise et bien... la mort, alors que le culte de la Vie cherche à atteindre le secret de la vie éternelle, et ainsi se débarrasser de la mort.
Un autre conflit d'importance prend place dans ce monde : celui de la foi contre la science.
Résulte de tout ça une sorte d'univers hybride, dans lequel cohexistent villes futuristiques et moyenâgeuses, et où on règle ses comptes à coup d'épée.

Bref, l'univers a déjà un peu de mal à tenir debout, mais passons.

Au début de l'aventure, on incarne Therone, un croisé du culte de la Mort, qui participe à un grand assaut sur la capitale du culte de la Vie. Les Essencemanciens, des sortes de mages affiliés au culte de la Vie lâchent un tas de créatures dégueulasses dans les rues de la ville pour couvrir leur fuite. Un chose en entraînant une autre, Therone meurt. Mais se relève ! Apparemment, Therone, ainsi que les autres personnages jouables ne peuvent pas mourir. Pas définitivement en tout cas. Votre objectif sera donc de retrouver les Essencemanciens qui se planquent en ville pour comprendre ce qui vous arrive, et mettre fin à ce cycle infini de morts et de résurections.


La particularité qui fait Deathbound est que vous ne contrôlez pas un personnage, mais bien une équipe de personnages qui se partagent un seul corps. Chacun de ces personnages a sa propre histoire, ses propres objectifs, convictions, et bien sûr son propre gameplay.
De plus, si chaque personnage a sa propre barre de vie, il suffit que celle d'un seul de vos personnage se vide pour que vous mouriez.

Pour éviter ça, vous allez régulièrement devoir passer d'un personnage à l'autre, et ainsi adapter votre façon de jouer selon votre personnage actif. Notez qu'infliger des dégâts aux ennemis restaurera graduellement la vie de tous vos personnages passifs, ce qui vous permettra, en jouant bien, de survivre très longtemps.

Si vos personnages partagent des actions communes, notamment l'esquive, leur façon de se battre pourra être trèsdifférente. Par exemple, vous commencez le jeu avec Therone, qui se bat à l'aide d'une épée et d'un bouclier, ce qui lui permet de bloquer, voir même parer les coups. Mais assez vite, vous obtiendrez Anna, qui a plutôt un profil d'assassin et qui se bat avec une dague et une arbalète : plus question de bloquer les attaques, mais vous aurez la possibilité d'affaiblir vos ennemis à distance. Vous pourrez contrôler ainsi jusqu'à 7 personnages (dont 4 simultanément dans votre équipe), chacun avec leur arme et leur propre façon de se battre.

Passer d'un personnage à l'autre n'est normalement pas instantané, mais vous aurez l'occasion de le faire "à la volée". En effet, lorsque vous esquiver, ou que vous attaquez, vous pouvez changer de personnage, ce qui déclenchera une puissante attaque combo. Pour cela, il faudra payer un certain coût en synergie.

La synergie est une ressource qui augmente au fil des combats. Payer une unité d'énergie vous permettra de changer de personnage rapidement pendant une esquive ou une attaque. Si votre jauge de synergie est au maximum, vous pourrez déchaîner un coup "ultime" plutôt balaise.

Une autre mécanique franchement très sympa qui découle du fait de faire cohabiter plusieurs personnages dans un seul corps sont les conflits et les synergies (pas la même que la jauge de synergie). En effets certains personnages ont un passif, ou alors leurs opinions ou leurs croyances diverges. Selon les liens qu'entretiennent les personnages et la façon dont vous les placez dans votre équipe, vous créerez des conflits ou des synergies. Les conflits sont de puissants bonus contrebalancés par un malus, tandis que les synergie sont simplement des bonus sans contrepartie négative. Cela fait que vous devrez faire attention à la composition de votre équipe pour obtenir les bonus désirés ou éviter de devoir combattre alors que vous êtes bourré de malus.

Bon, jusque là, j'ai dit beaucoup de bien sur Deathbound, et c'est normal parce que la composition de l'équipe et les synergies forment la partie la mieux faite du jeu. Il est l'heure de parler de ce qui fâche. Et croyez-moi, il y a beaucoup de choses à dire.

D'abord, c'est assez moche. Les textures sont baveuses, les environnements sont au mieux passables, et les ennemis sont dégueux. Et si c'est mieux optimisé que la plupart des jeux que je teste, ça ne veut pas dire que c'est bien pour autant. On a régulièrement des chutes du nombres d'images par secondes, dans les moments cruciaux sinon c'est pas marrant.
Aussi, les animations d'attaque des ennemis, notamment des boss, sont souvent un peu difficiles à lire, ce qui vous vaudra de prendre des coups terribles que vous n'aviez absolument pas vu venir.
Je ne crois pas qu'il y ai la moindre musique dans le jeu, hormis pendant les cinématiques éventuellement. Mais ça manque franchement d'ambiance en général. Le sound design est là, mais sans plus...

Ensuite le level design est un chaos absolu. Il n'est juste pas adapté au gameplay. Vous enchaînez les couloirs et lestoutes petites pièces dans lesquelles vous ne voyez rien et ne pouvez vraiment pas vous défendre confortablement. Je sais que l'ambiance est sensée être pesante, mais là, on étouffe. Les niveaux sont absolument labyrintiques et on se retrouve souvent à ne pas savoir quel chemin nous ramène en arrière et lequel nous fait progresser. Heureusement, vous débloquerez de nombreux raccourcis pour ne pas avoir à vous retaper tout le niveau si vous mourez mais certains sont peu, voir pas du tout, utiles.

J'ai fait exprès de garder le gros morceau pour la fin parce que c'est un point qui en théorie peut-être débattu, mais enpratique ne marche pas du tout : la barre d'endurance de chaque personnage - soit la ressource qui vous permet d'attaquer, courir, esquiver - est indexée sur la barre de vie. Pour faire simple : moins un personnage à de vie, moins il a d'endurance. Donc moins un personnage à de vie, moins il peut esquiver les coups, taper, ou faire quoi que ce soit. Un personnage qui a moins de la moitié de sa vie devient basiquement inutile puisqu'il ne peut même plus enchaîner esquive et frappe !
Sur papier, je trouve l'idée intéressante, ça marche d'ailleurs assez bien dans Dark Souls the Board Game qui utilise une mécanique similaire. Mais dans Deathbound cela donne au jeu un degré de punition absurde, d'autant plus que les rares objets qui vous permettent de vous soigner instantanément puisent dans la santé des membres passifs de votre équipe.

Malgré tout ça, j'aime bien Deathbound. Le jeu ne tient pas la comparaison avec un bon vieux Dark Souls (même le 2), mais j'aime le fait que les développeurs aient pris le risque de tenter quelque chose de nouveau. En soit, tout n'est pas à jeter dans le jeu, mais je ne le recommanderai qu'aux joueurs les plus patients, ou à des fans de souls-like qui veulent s'essayer aux mécaniques originales de Deathbound.