Publié le Mardi 27 août 2024 à 12:00:00 par Cedric Gasperini
Test Star Wars Outlaws (PC, PS5, Xbox Series)
Anne Solo
Des jeux Star Wars, il y en a eu à la pelle. Du bon, du mauvais, du très bon, du très mauvais… seulement voilà, les jeux Star Wars mémorables se comptent sur les doigts d’une main et, surtout, ne datent pas vraiment d’hier. Allez, si, les jeux Lego Star Wars étaient chouettes. Mais à part ça, il faut bien avouer que de mémoire de vieux gamer, rien n’a réussi à faire oublier les heures bénies passées à défoncer du Stormtrooper dans Dark Forces (1995-1997), du X-Wing ou du Tie-Fighter dans les jeux éponymes (1993-1997) ou du Sith dans la série Knights of the Old Republic (2003-2004).Et malgré un sursaut Battlefront au milieu des années 2000 ou, personnellement, un petit coup de cœur pour le jeu de course Star Wars : Racer (1999) et peut-être un ou deux autres que je vous laisserai rajouter à la liste, Force est de constater que Star Wars, depuis quelques années, ça reste quand même faiblard niveau jeux vidéo.
En attendant (impatiemment) le jeu signé Quantic Dream, l’arrivée d’Ubisoft dans la course était prometteuse. Avec Massive Entertainment au développement (Avatar, The Division 2…), le jeu s’est rapidement imposé comme l’un des poids lourds de cette deuxième moitié de 2024. Reste à savoir si les promesses ont été tenues…
Star Wars Outlaws, c’est l’histoire de Han Solo, à ses débuts. Sauf que là, Han Solo s’appelle Kay Vess et que c’est une femme. On pourrait débattre longuement sur cette volonté, assez lassante au final, de nous coller des héroïnes à tire-larigot pour intéresser la gent féminine à l’univers Star Wars. Ça ne m’a finalement pas gêné ici.
On passera aussi rapidement sur le physique de la demoiselle : sa coupe old-school qui n’est pas sans évoquer les pires errements capillaires des années 80 ne plaide pas en sa faveur et, globalement, m’a un peu plus gêné pour l’immersion, tant les « mais quelle tête de con » ont fusé tout au long du test.
Kay Vess, donc, c’est Han Solo au féminin. Elle débute comme voleuse et arnaqueuse dans la petite ville de Canto Bight, située sur la planète Cantonica. Vivant de petits boulots illégaux, elle s’est mise à dos pas mal de monde, à force d’empiler les dettes. Mais elle aspire à un plus grand destin et cela passe, avant tout, par fuir cette planète étriquée.
Après avoir volé – et ça va mal se passer – un passe d’identité à l’un des mafieux de son quartier, elle va être embarquée dans un casse de plus grande envergure, chez le parrain du syndicat du crime le plus puissant, Zerek Besh, avec la promesse de monter dans un vaisseau pour suivre sa destinée sous de nouveaux cieux. Bien évidemment, là aussi ça va mal – très mal – tourner et notre héroïne va s’enfuir de justesse pour s’échouer sur une nouvelle planète, poursuivie par des tueurs sans pitié.
Au fil de ses rencontres, son salut passera par un nouveau casse, d’ampleur considérable cette fois-ci, et la nécessité de sillonner la galaxie à la recherche d’une équipe de choc. Parce qu’au bout d’un moment, ce serait bien que Kay réussisse enfin une mission sans accroc.
Star Wars Outlaws, comme son nom l’indique, est donc un jeu vidéo de braquages, de vols, de survie en milieu criminel. Alors ce n’est pas du GTA, hein. Loin de là. Mais on navigue en milieu pourri, entre trahisons et coups de pute incessants. Le plus dur, finalement, là-dedans, c’est d’avoir une morale. N’oubliez jamais que vous jouez une voleuse. Donc volez. Pas d’état d’âme. Vous allez tenter de vous attirer les bonnes faveurs des différents syndicats criminels qui font la loi dans cette partie de la galaxie. Ils sont au nombre de quatre. Reste que les missions assignées par les uns ne plairont pas aux autres et que, bon gré mal gré, vous vous ferez forcément des ennemis… quitte à avoir votre tête mise à prix… Heureusement, vos nouveaux amis, eux, seront un support non négligeable en termes de ressources notamment.
L’histoire se déroule après l’Empire Contre-Attaque et avant le Retour du Jedi. A une époque où Luke est vachement plus embêté pour les plaisirs solitaires vu qu’il ne lui reste que sa main gauche et où Han Solo trouve qu’il fait un peu froid et noir.
Niveau scénario… ne vous attendez pas à des étincelles. L’histoire est convenue, sans surprise, et ça reste globalement très basique. On regrettera qu’il n’y ait pas plus de moments épiques et, d’ailleurs, que certains de ces moments tombent un peu à plat. Il y a quelques maladresses, quelques moments que les scénaristes auraient pu éviter. Et là, on pense inévitablement au premier flashback ridicule de l’enfance de Kay, dans lequel sa mère la laisse dans la merde juste pour lui donner une leçon digne d’un philosophe sur Tik Tok : « La leçon, c’est que tu ne peux compter sur personne ». Sympa la daronne. Et ce flashback intervient juste avant que Kay, écrasant son vaisseau comme une bouse, accepte de le laisser aux mains d’un complet inconnu pour qu’il le répare… comme quoi, les mômes, ça n’écoute rien bordel.
Heureusement, si le scénario n’a rien de très palpitant au final, il a globalement bénéficié d’une écriture de qualité niveau dialogues. C’est déjà ça. Et surtout, le doublage est excellent. Si les animations faciales sont un gros point faible du jeu, il n’empêche que la qualité de doublage est pour beaucoup dans l’immersion du joueur. Et sachant qu’on a souvent critiqué Ubisoft à ce niveau-là, notamment dans les Assassin’s Creed, il serait mal venu de ne pas en chanter les louanges ici.
Mieux encore : si globalement, le jeu s’en sort avec brio, c’est grâce à son ambiance. Des premiers pas dans Canto Bight à l’exploration de Toshara, Akiva ou Tatooine (sans oublier Kijimi dont on ne découvrira qu’une ville et aucun extérieur), les game artists ont fait un boulot formidable. Les décors sont criants de vérité, les rues sont peuplées de personnages Star Wars de toutes races qui vaquent à leurs occupations ou discutent entre eux…
D’un point de vue Direction Artistique, Star Wars Outlaws est le jeu le plus réussi de toute l’histoire des jeux vidéo Star Wars. L’ambiance est folle. Vraiment.
Au fil de votre progression, vous allez donc rencontrer plein de monde… le tout dans un monde ouvert relativement restreint (on n’est pas dans un Assassin’s Creed) mais où les missions vont se multiplier gentiment. Elles sont assez variées, allant du combat classique à défoncer un camp de bandits, jusqu’à des course de speeder, d’objets à retrouver, à voler… bref, de quoi varier les plaisirs. Rien de bien foufou non plus, que du très classique, mais du très classique varié.
D’un point de vue gameplay, on a aimé les séquences d’infiltration, plutôt sympa. On a moins aimé les gunfights avec un ressenti faiblard au niveau des armes, une visée automatique qui permet d’éliminer les ennemis trop facilement, ennemis avec une IA digne… euh… digne des jeux Ubisoft… même si, il faut bien l’avouer, certains combats ont été assez sympas et grisants. On a, finalement, beaucoup moins aimé les phases plateformes, sans aucun intérêt, avec des grosses indications de « faut aller par-là » qui annihile toute intensité dans l’action.
L’autre souci, aussi, c’est un déplacement assez lourd de l’héroïne. Ça manque de fluidité dans les mouvements et Kay a finalement plus le pas d’un rugbyman que celui d’une gymnaste.
Enfin, le plus gros souci du jeu tient sans doute dans sa réalisation technique. C’est beau. Sur PS5, c’est même très beau. Mais ça souffre de ralentissements à certains moments (quand on pilote un speeder notamment) et surtout c’est truffé de bugs. Des bugs de textures, des bugs d’animation, des bugs d’objets flottants, des bugs de dialogues ou, pire, des bugs bloquants. Par deux fois, j’ai dû relancer la console. Sans oublier des quêtes impossibles à terminer parce que… j’avais déjà trouvé les objets à récupérer avant de les activer…
Sur PC, le constat est relativement identique. Après quelques crashes, gros ralentissements et autres situations foireuses, j’ai dû bidouiller dans les (heureusement) nombreuses options graphiques pour trouver le compromis adéquat. Il faudra en passer par-là obligatoirement, avant l’arrivée d’un futur indispensable patch.
Il y aurait de quoi tartiner encore quelques pages pour vous parler de la progression du personnage – il faut trouver un expert pour apprendre de nouveaux talents. Ou encore des petits jeux annexes qui permettent de varier les plaisirs : on trouve même des bornes de jeux vidéo. Ou des parties de sabacc, plutôt sympas d’autant plus que la triche est possible. Ou les paris.
On pourrait aussi parler des phases de piratage et de crochetage, à base d’un jeu façon Master Minds. Sympa mais lassant à la longue.
On préfèrera conclure sur une bonne note. Les personnages sont agréables et attachants. Kay, malgré quelques comportements teubés et quelques côtés agaçants, reste sympathique. Accompagnée de sa bestiole Nix, qui vous rendra quelques chouettes services (dépouiller un passant, distraire un garde ou une caméra, activer un bouton inaccessible pour vous), leur complicité est amusante. Gageons que vous aussi, après avoir joué à Outlaws, vous voudrez un Nix chez vous. Ajoutez le droïde tueur ND-5 et le trio fonctionne plutôt bien, même si les scénaristes auraient pu aller encore plus loin.
Bref. Non, Star Wars Outlaws n’est pas le nouveau jeu Star Wars inoubliable qu’on aurait aimé voir. Techniquement à la ramasse (vivement les patchs), au gameplay pas assez poussé et maîtrisé, il propose beaucoup de belles choses mais ne va jamais au fond des choses. Il y a comme un goût d’inachevé, d’incomplet, de « peut mieux faire » qui reste un peu au fond de la gorge, parce que ça aurait pu être mythique, avec un peu plus de soin.
Mais il ne faut pas bouder pour autant son plaisir : l’ambiance est canon, les personnages sont attachants, visuellement ça dépote, et dans l’ensemble, on a vraiment l’impression, plaisante, d’évoluer dans l’univers de Star Wars. Il y a de bons moments, des passages vraiment funs et, dans l’ensemble, on en ressort plutôt conquis, avec le sentiment d’avoir enfin un bon jeu Star Wars.
Faut juste pas s’énerver à chaque plantage du jeu, quoi.
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Star Wars Outlaws (PC, PS5, Xbox Series)
Plateformes : PC - PS5 - Xbox Series
Editeur : Ubisoft
Développeur : Massive Entertainment
PEGI : 16+
Prix : 69,99 €
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