Publié le Mercredi 9 juin 2010 à 12:00:00 par Cedric Gasperini
Le jeu du mille borgnes
Des séries cultes, dans le jeu vidéo, il y en a. Un bon paquet. Mais des séries « cultissimes », celles pour lesquelles des milliers de fans adorateurs seraient prêts à s’enrôler dans des sectes et commettraient sans réfléchir des suicides rituels à la moindre demande de leur gourou développeur, il n’y en a pas tant que ça.
Metal Gear Solid est, assurément, l’une d’entre elles. Et Hideo Kojima, son créateur, est considéré par beaucoup comme un Dieu vivant.
Autant dire que l’arrivée d’un nouvel épisode de la saga est un évènement. Un gros évènement. Après un Metal Gear Solid 4 sorti en exclusivité sur PS3, notre ami Hideo remet le couvert pour un épisode exclusif à la PSP.
Metal Gear Solid : Peace Walker se déroule dans les années 70, en pleine guerre froide. Notre ami borgne, Snake « Big Boss » est à la tête d’une troupe de mercenaires d’élite réunis sous le nom de Militaires Sans Frontières. Ils vendent leurs services pour instaurer la paix là où les peuples en ont le plus besoin.
Autant dire que cette vie ne souffre pas d’un pied-à-terre ou d’une petite maison à la campagne avec deux chevaux, un âne et des géraniums aux fenêtres.
Bref, Big Boss et ses acolytes sont un peu les Manouches Warriors des années disco.
Jusqu’au jour où on leur demande de rétablir la paix au Costa Rica. En échange, on leur offre une base, plateforme pétrolière située dans les eaux internationales. Et parce qu’il y a toujours une femme en détresse, martyrisée, torturée, violée, obligée à faire les carreaux et à passer l’aspirateur, Big Boss, John de son petit nom, accepte.
Et vous allez donc découvrir les évènements qui donnèrent naissance à Outer Heaven, la base secrète de Big Boss, et la création d’une structure militaire qui deviendra Foxhound.
On rassure les novices du cache-œil. Tout est raconté à grands renforts de détails dans de longues cinématiques comme Kojima aime les faire. On vous expliquera même d’où le héros tient son surnom de Big Boss.
Ces cinématiques sont sous la forme de dessins stylisés, en noir et blanc avec quelques touches de rouge par-ci par-là. Honnêtement, c’est très joli. Quelques animations y sont incluses (incrustations soudaines d’onomatopée, éléments de décors ou personnages qui « glissent » pour prendre une autre place sur l’écran…) et le tout est raconté de vive voix (anglais sous-titré). Des voix convaincantes, d’ailleurs.
Pour ne pas lasser le joueur, certains passages de ces cinématiques sont « interactifs ». Surtout celles qui composent les fins de mission. Un coup on pourra dézinguer un hélico au lance-roquette, un autre on devra presser la bonne touche au bon moment (un peu comme dans un QTE), ou on pourra tout simplement zoomer et dézoomer, pour notamment apercevoir d’autres choses. Comme la toute première fois où ça vous est expliqué, d’ailleurs : on zoome sur une fille pour « traverser » ses vêtements et la voir… en petite culotte. C’est charmant.
Les missions sont simples, courtes, rapides. Mais pas forcément faciles. Sur le même mode que Monster Hunter, Metal Gear Solid Peace Walker vous fait traverser de petites zones minuscules. Minuscules, mais remplies d’ennemis, d’objets à récupérer, de chemins secondaires… Globalement, aussi petites soient-elles, ces zones sont vraiment bien pensées. Avec un level design de premier ordre (même si parfois abusé dans la profusion de caisses derrière lesquelles se cacher ou autres protections naturelles ou non).
Les gardes sont à l’affût. Bon, ils sont un peu bigleux parfois et ont une portée assez limitée. Passer devant eux, mais à bonne distance, ne leur fera pas forcément lever le moindre sourcil. Ou alors ils viendront juste jeter un œil, du genre « oh mais j’ai cru voir un ro-minet » avant de s’en revenir à leur ronde habituelle avec un « ah ben non c’était pas un ro-minet ». L’IA est d’ailleurs assez basique. Et nulle au corps à corps. Mais elle n’hésitera pas à rameuter des renforts dans le cas où elle vous repère. Et cette arrivée massive d’ennemis mène généralement à la mort.
Le jeu demande donc d’être le plus furtif possible, même si parfois le combat est inévitable. Vous pouvez aussi, toutefois, vous la jouer bourrin et flinguer tout le monde sans état d’âme. La récompense de fin de mission sera juste moindre. Et le jeu, de toute manière, vous pousse à faire attention à vos agissements.
Pour recruter des hommes dans votre armée, vous aurez des « sondes Fulton » qui sont des sortes de parachutes ascensionnels. Il vous suffit de les attacher aux prisonniers que vous délivrez ou aux gardes que vous avez assommés et zou, ils s’envolent pour être récupérés par un hélico (ce même à l’intérieur des bâtiments ce qui est, vous en conviendrez, vachement fort de la part de Big Boss). Autant dire que si vous tuez tous les gardes ennemis, vous aurez moins de personnel…
Entre chaque mission, vous pourrez vous reposer, donc, dans la base. En fait de repos, il s’agira de la gérer. De répartir vos troupes selon leurs compétences, de les entraîner, et de vous occuper de la R&D. Les hommes que vous recrutez se distingueront selon plusieurs compétences : combat, recherche, médecine, intendance et radio. Il faudra donc les placer aux bons postes, histoire de faire progresser la compétence générale de la base.
De vos choix dépendront votre équipement futur. Privilégier la R&D permettra, par exemple, de développer les armes et accéder à une puissance de feu bien plus percutante. Un peu primordial si vous jouez tout le jeu en solo.
La radio, lui, vous donnera des détecteurs de mouvements et autres gadgets bien utiles. Le combat, lui, permettra d’avoir des troupes de réserve pour effectuer les missions annexes. Et l’intendance est primordiale pour que tous vos hommes mangent à leur faim et ne désertent pas au premier coup dur.
Les missions principales sont émaillées de missions secondaires, optionnelles, et jouables avec vos « recrues ». Notez que vous pourrez rejouer à l’envi toutes les missions, principales comme secondaires. Cela vous permettra plusieurs choses : tout d’abord, entraîner vos soldats pour qu’ils gagnent de l’expérience. Ensuite, atteindre plus tard à l’aide d’un meilleur équipement des endroits que vous ne pouviez pas atteindre au début du jeu. De quoi recruter de meilleurs hommes ou récupérer des objets supplémentaires.
Mélange de gestion et d’action, Metal Gear Solid flirte donc légèrement (très légèrement) avec le RPG. Et la mayonnaise prend vraiment bien. Assez facile à faire, cette gestion de base est un vrai souffle d’air frais dans l’aventure, une pause salvatrice dans un scénario toujours aussi tortueux et lourd à digérer. Notez toutefois que ledit scénario est quand même plus léger, et surtout bien plus amusant, avec un humour omniprésent, que les précédents opus.
Ah. Petite chose non négligeable. Le jeu est jouable en coop à deux, trois… jusqu’à six joueurs. Outre le fait de pouvoir s’échanger des soldats, ce mode coop permet surtout d’affronter des situations plus périlleuses. Ainsi, les boss de fin de niveau sont parfois bien retords, bien balaises à passer. Et si vous n’avez pas bien géré votre base et obtenu des armes puissantes, vous galèrerez comme un cochon pour les battre. C’est aussi en ça que le coop est utile : venir prêter main forte contre un boss de fin de niveau. Ou nettoyer un secteur avec plus d’efficacité, aussi.
Graphiquement parlant, Metal Gear Solid Peace Walker est une vraie réussite. Les niveaux sont détaillés. Très détaillés. Et si quelques textures sont très « bof bof », l’impression globale est excellente. C’est joli tout plein. Pour de la PSP. L’animation est très fluide. Et le jeu ne rame pas une seule seconde. Autant dire que la réalisation technique est impeccable.
Finalement, là où le jeu pêche, c’est via son système de contrôle d’une rigidité à pleurer. Et c’est un peu ce qui plombe furieusement ce Metal Gear Solid Peace Walker. Kojima a bien pensé à proposer trois modes de contrôles (trois répartitions de touches différentes), dont une tirée carrément de Monster Hunter, le résultat est quand même loin d’être probant. On se retrouvera souvent à vouloir remettre la caméra dans le bon sens, parfois même en pleine action… et vu la lenteur de ce processus, c’est le « game over » assuré. C’est d’autant plus frustrant que le mode de « visée automatique » est très merdouilleux. Outre le fait qu’il vous plombera parfois (souvent) en vous faisant tirer dans un obstacle (il faut vraiment se mettre à découvert pour l’utiliser), il a une méchante tendance, dans les combats au corps à corps, à vous envoyer face au mur… là où il n’y a aucun ennemi…
Un conseil : l’activer et la désactiver selon vos déplacements (via un seul bouton). Activée lorsque vous arrivez dos à un ennemi, ou que vous êtes vraiment en terrain découvert, la désactiver lorsque vous voulez shooter un ennemi à distance, bien planqué derrière un arbre…
Au final, donc, c’est un sentiment mitigé qui m’étreint. Pour être honnête, je ne suis pas un fan de la série Metal Gear Solid. Quand bien même j’aime bien Hideo Kojima avec qui j’ai parfois, et de manière bien agréable, échangé quelques mots, ce n’est ni mon gourou, ni mon Dieu vivant. Et je ne me suis pas fait tatouer Snake sur la fesse droite.
Pourtant, j’ai vraiment apprécié cet épisode. Sa richesse. Car le jeu est, n’en doutez pas, très riche. Plein de petits clins d’œil, de gags amusants, doté d’un scénario toujours aussi touffu, doté d’une durée de vie conséquente, et pas seulement en raison des cinématiques pour une fois, ce Metal Gear Solid mérite vraiment le détour. Même si l’IA est un peu foireuse et si la maniabilité est à ce point pénible qu’il vous faudra bien quatre ou cinq heures de jeu pour la maîtriser. J’ai également beaucoup aimé le côté gestion de la base. A vous, donc, de voir si vous arriverez à passer outre la jouabilité et plongerez dans l’univers du borne le plus célèbre du jeu vidéo.
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