Après un sympathique Pioneers of Olive Town, épisode original sorti en 2021, la licence Story of Seasons nous revient, cette fois, avec un remake. Et pas n’importe lequel puisqu’elle nous propose de (re)découvrir l’épisode A Wonderful Life, sorti à l’origine en 2004, sur Gamecube, et qui jouit d’une certaine aura chez les fans de la licence. Déjà à l’époque, grand amoureux de la campagne que j’étais, j’avais acheté cet épisode et l’avait totalement essoré. Reste maintenant à savoir si ce retour fleure bon l’air matinal des prés ou la grosse bouse de vache dans laquelle on a marché.

A Wonderful Life propose à peu près le même pitch que tous les épisodes de la série. Votre personnage (dont vous pouvez choisir le sexe et sommairement l’apparence) décide de reprendre la ferme de son père, établie dans la Vallée Oubliée. Après avoir appris les rudiments du métier, grâce aux conseils de Takakura, le meilleur ami un peu bourru de votre père, vous voici prêt à vivre une vie de fermier.

Comme dans chaque épisode, les premières heures sont les plus « compliquées ». Non pas qu’il y ait une réelle difficulté, mais disons qu’on a peu d’argent et juste une vache pour commencer. Mais de fil en aiguille, après avoir planté nos premiers légumes et vendu quelques litres de lait, on peut commencer à acheter un autre animal, d’autres légumes ou arbres fruitiers et ainsi commence le lent cycle de Story of Seasons.

Globalement, ça reste un petit jeu de gestion pas prise de tête où il est assez difficile de ne pas s’en sortir financièrement.

Chaque jour, vous aurez à sortir, en fonction du temps, vos bêtes dans le pâturage, les câliner, leur passer un coup de brosse, les traire ou tondre en fonction de l’animal ou récupérer les œufs si vous avez des poules ou des canards. Une fois bien équipé, vous pourrez transformer votre lait en beurre ou en fromage, histoire de gagner un peu plus de sous. Et plus un animal sera heureux et plus il produira de la laine ou du lait de qualité. Il existe différents types de vaches à acheter et vous pourrez avoir des moutons, une chèvre, des poules et des canards. Vous aurez également un cheval qui sera bien pratique pour se déplacer. Il est tout à fait possible d’améliorer votre ferme pour agrandir votre étable et votre poulailler.


En plus de l’élevage, vous pourrez également jouer les agriculteurs en plantant des légumes, en fonction de la saison, tout en veillant à bien les arroser une à deux fois par jour, en fonction du temps. Il est également possible de planter des arbres fruitiers mais surtout, passé un certain moment du jeu, vous aurez la possibilité de créer des cultures hybrides sur 2 générations, ce qui offre une grosse palette de combinaison farfelues possibles. Il est également possible d'utiliser de l'engrais pour améliorer le niveau de vos cultures et ainsi pouvoir les vendre plus cher.

Habituellement dans la série, c’est cet aspect de gestion qui est le plus mis en avant et l’aspect social est globalement en retrait. Dans chaque épisode, on peut bien se marier et avoir un enfant, mais généralement, l’évolution s’arrête là. Quand bien même vous ferez passer 50 années in game, il n’y aura pas grand-chose qui aura évolué. Dans A Wonderful Life, et c’est la principale caractéristique de cet épisode, on vous propose de vivre une vie de fermier de la récupération de votre ferme à la mort de votre personnage.

Ainsi, le jeu se découpe en chapitres qui correspondent à des périodes de vie.

La première année, va correspondre à l’année de votre installation, où vous allez prendre vos marques, faire connaissance avec les gens du coin et surtout, rencontrer l’élu de votre cœur et vous marier. Puis chaque chapitre va correspondre à une période de vie notamment matérialisée par l’âge de votre enfant qui va donc commencer bébé, devenir petit, adolescent, puis adulte. Comme dans la réalité, le meilleur marqueur du temps qui passe, quand on en a un, c’est de voir son enfant grandir. Selon la personne que vous aurez choisie pour moitié, outre son aspect physique, votre enfant aura un caractère et des goûts différents avec la possibilité de l’orienter vers un choix de carrière (éleveur, cultivateur, artiste, musicien, sportif, scientifique) en fonction des objets que vous lui offrirez en cadeau.

A Wonderful Life offre donc une évolution des personnages qui s’étale sur toute une vie, ce qui va permettre de voir les PNJ vieillir, certains même mourir, et donc de les voir évoluer à travers le vie et de pouvoir partager leurs joies, leurs peines et leurs interrogations. Et même si la mise en scène reste assez sommaire, avec des petites scènes assez basiques, il y a un vrai côté "tranche de vie" que j’ai trouvée touchant.

Le revers de la médaille, surtout quand on le compare à Pioneers of Olive Town, le dernier épisode sorti, est que cet épisode ne jouit pas d’un contenu mirobolant.

Ici, pas de matériaux à transformer, de roche à briser ou d’arbres à couper pour fabriquer des objets de décoration ou de nouveaux outils. Pas d’endurance ou de capacité de fermier à augmenter. Il n’y a pas non plus la possibilité de customiser notre ferme, d’agrandir fortement nos champs ou de construire presque autant d’étables/poulaillers qu’on le souhaite.

La ferme ne bougera pas beaucoup, l’espace à cultiver restera assez petit et les animaux resteront toujours dans le même pré. On pourra bien acheter quelques machines et nouveaux outils pour gagner en efficacité, mais c’est assez limité comparé à tout ce qu’il y avait dans Pioneers of Olive Town.

Alors oui, on va me dire que le jeu reprend simplement le A Wonderful Life d’origine et dans les faits, je suis d'accord, mais si vous avez découvert la série avec Pioneers of Olive Town, le dernier opus sorti jusque-là, vous risquez de tomber de haut tant vous serez très vite limité dans vos actions. Personnellement, j'ai trouvé qu’il y avait un côté redondant bien plus marqué que dans les autres épisodes que j’ai faits récemment.

En gros, on s’occupe des animaux et des plantes en tout début de matinée, puis de 11h à 16h, on glande, pour revenir ensuite traire une seconde fois nos animaux et arroser nos plantes si besoin, puis on reglande le reste de la soirée. Et en terme d’activités annexes, on est assez vite limité : on peut pêcher, cueillir des plantes, participer à des fouilles archéologiques, jouer à un mini-jeu de stratégie (une fois par jour), tenir une étale pour vendre nos produits et rencontrer les gens en espérant que ça déclenchera une petite scène. Paradoxalement, ça correspond tout à fait à ce que le titre veut véhiculer de la vie : on bosse, parfois on s’amuse, parfois on est triste et souvent on se fait chier.

Pour les connaisseurs, sachez que ce A Wonderful Life se base sur l’Edition Spéciale sortie sur PS2 un an après la version Gamecube. De ce fait, on profite des améliorations apportées par le portage de l'époque : on a le choix du sexe de notre enfant, il est possible de se marier avec Lumina et d’autres éléments ajoutés dans l’édition spéciale sont ici repris comme de nouvelles intéractions inexistantes sur la version GameCube.

Côté nouveautés, on a droit à un menu revu, un appareil photo, l'apparition d'un tableau des requêtes, une vue subjective dont on se demande l’utilité, la possibilité bien pratique de voir où se situe, en temps réel, chaque habitant et de se marier et avoir un enfant avec un personnage du même sexe. D’ailleurs, le design des personnages masculins, avec qui on peut vivre une romance, a été revu pour être moins désagréable à regarder. Le titre offre également de nouveaux évènements qui viennent un peu pimenter la vie à la ferme.

Remake oblige, le jeu a été revu graphiquement. Si le titre a gagné des couleurs bien plus chatoyantes, donnant un certain charme à la vallée, il reste techniquement assez pauvre, avec des ombres pixélisés, une distance d’affichage pas terrible et certains bugs dans les déplacements. Les musiques ont également fait l’objet d’une réorchestration pour un résultat plutôt sympathique. Concernant le choix de la plateforme de jeu, sans trop de surprise, vu le style de jeu et pour limiter le sentiment de redondance, je vous conseille de le prendre sur Switch. Ça vous permettra d’y jouer par petite session de jeu, sans trop vous lasser. Sachant qu’il faut grosso modo 20 minutes pour une journée complète et qu’une année dure 40 jours… je vous laisse imaginer le temps de jeu nécessaire pour en voir le bout. D’autant que, tout comme dans l’édition spéciale, vous pourrez continuer à jouer après votre mort, pour une durée de vie infinie.
 

Au final, il y a du bon et du moins bon avec ce remake de A Wonderful Life. D'un côté, j’ai vraiment apprécié redécouvrir ce côté tranche de vie, avec le temps qui défile et qui impacte les personnages. Ce Story of Seasons a vraiment un côté reposant, très apaisant et également assez poétique. De l’autre, comme il s’agit d’un remake d’un jeu qui a 20 ans et qui était déjà assez chiche en contenu à l'époque, ben il manque, quand même, pas mal d’éléments qu’on retrouve dans d’autres épisodes de la série et qui auraient permis de s’occuper un peu plus. Quand bien même on est plus proche d’une simulation de vie que d’une simulation agricole, il aurait été cool d’avoir plus de choses à se mettre sous la dent pour s’occuper. Dans tous les cas, A Wonderful Life possède un certain charme et offre un cadre reposant bien agréable par les temps qui courent.

Comme d'habitude, vous pouvez retrouver ce test, en vidéo, juste en dessous :
 

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