Publié le Vendredi 9 septembre 2022 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

Test de Steelrising (PC, PS5, Xbox Series)

Contre-nous de la tyrannie

Plutôt habitué aux RPG en monde ouvert, le studio français Spiders s’est offert une petite virée du côté des Souls-like, comprenez des Action-RPG à l’action rythmée et à la difficulté pas piquée des vers. Mais ce qu’ils n’ont pas renié sur Steelrising, c’est un univers singulier et singulièrement travaillé. Nous sommes en 1789 et la Révolution française fait rage. Mais dans cet dystopie historique, Louis XVI peut compter sur ses armées d’automates pour réprimer les velléités du peuple.

La Terreur règne, mais elle n’est pas du fait des révolutionnaires ici. Le peuple, réprimé et opprimé, voit ses espoirs de liberté, d’égalité et de fraternité se noyer dans le sang des martyrs. Dans le but que la fracture entre le pouvoir et le peuple ne grandisse de manière irréversible, Marie-Antoinette vous envoie sur le terrain. Vous, c’est Aegis. L’automate de Madame la Souveraine. Votre mission est de retrouver la trace d’Eugène de Vaucanson, l’ingénieur à l’origine des automates.
Petite anecdote amusante : Jacques de Vaucanson (1709-1782) était un inventeur et mécanicien français, inventeur de plusieurs automates (dont un célèbre canard). Bon, il ne fut le père que d’une unique fille, mais cette petite parenthèse permet de mettre les choses en perspective : Spiders remodèle l’Histoire pour servir son jeu, avec un vrai fond et une vraie profondeur. Et ça, ça nous plait.

Nous voilà donc à errer dans rues de la Capitale, à tenter de mettre un terme à ce conflit. Ce sont huit zones de bonne taille qui vous attendent, pour une durée de vie d’environ 20 heures, quêtes annexes comprises.

Durant votre aventure, vous allez rencontrer de nombreux ennemis, dont des boss, qu’il conviendra de réduire en pièces détachées. Rythmée par des cinématiques de qualité, le jeu vous entraîne dans une histoire vraiment attachante, intéressante, et Spiders a de ce point de vue, bien réussi son pari. On est transporté par ce mélange mécanique historique, naviguant entre les monuments parisiens changés par un monde d’automates. C’est bien pensé, bien maîtrisé, bien exécuté. L’originalité des choix est à clairement applaudir.


Cette originalité se retrouve notamment dans le gameplay. Les armes sont réellement inédite et parfaitement en adéquation avec le thème (petit coup de cœur pour l’éventail). Chaque arme a son coup spécial, sachant que chaque famille d’arme propose des modèles différents. A choisir selon ses affinités… mais aussi selon ses besoins, pour s’adapter aux ennemis. Notez que vous pourrez vous équiper de deux armes et passer de l’une à l’autre à la volée durant un combat. Il faudra aussi compter sur les munitions ou armes élémentaires qui permettent de geler, électrifier ou brûler vos adversaires : redoutables, rapidement indispensables notamment contre les boss… et assez facile à trouver en nombre durant votre progression. Ajoutez des objets et potions, sur lesquels le jeu n’est pas, là aussi, avare, et vous pourrez vous lancer dans les combats de manière assez sereine. Ces combats sont d’ailleurs assez bourrins : pas de parade, mais des esquives et des attaques. Point barre. Et en parlant de barre, justement, celle d’endurance vous évitera de frapper sans relâche : une fois celle-ci épuisée, vous voilà rapidement à la merci de vos ennemis sans pouvoir ni attaquer ni esquiver. Il faudra alors soit attendre, soit vous injecter une potion… qui risque de vous faire geler… Il faudra donc bien réfléchir avant de vous lancer dans un combat face à trop d’ennemis et surtout bien gérer vos affrontements, notamment contre les boss.

Si vous aimez les Souls-like, les combats devraient vous plaire, car ils apportent un petit vent de fraîcheur sur le genre, même si le jeu ne les sublime pas pour autant. Malgré tout, attention : Steelrising reste un jeu abordable. La difficulté n’est pas à la hauteur d’un Dark Souls ou d’un Elden Ring, par exemple. Mieux : il y a un mode qui permet de vous aider en réduisant les dégâts subis, recharger plus vite son endurance et garder l’expérience, même après un échec.
Petite parenthèse pour le côté RPG, cette endurance permet d’améliorer les capacités de votre personnage (force, santé…).
Bref, Steelrising n’est pas un jeu foncièrement difficile (même s’il vous donnera quand même quelques suées) et les aficionados du genre pourront peut-être le regretter (qui sait, un mode ultra sera peut-être ajouté ultérieurement ?).

Je resterai toutefois modéré sur ce point : d’un point de vue personnel, les jeux à la difficulté exacerbée m’emmerdent profondément et je n’y ai toujours vu qu’un moyen malhonnête d’augmenter la durée de vie. Que Steelrising soit plus abordable – même s’il a ses passages chiants à mon avis – est donc un bon point.

Reste que techniquement, le jeu souffre de quelques défauts, certains majeurs. Visuellement, on n’est pas au top de ce qui se fait actuellement (le jeu a été testé sur PS5). Quelques paysages sont réussis – franchement beaux – mais globalement, ça manque de détails, de peaufinage, notamment au niveau des animations. Les visages auraient mérité aussi plus de soin. Les humains ont des allures datées qui trahissent un budget restreint. Et on regrettera aussi l’absence d’une VF. Je sais. Il faut penser international. Mais merde, un studio français, un jeu français, on aurait dû avoir une version française.
Enfin, même si on notera çà et là quelques bugs, c’est la caméra qui pose surtout problème. Sans être rédhibitoire, elle gâche parfois certaines actions, voire certains combats.

Au final, malgré quelques défauts et imprécisions lourds, on ne peut s’empêcher d’avoir une certaine empathie pour le jeu. Son ambiance, sa narration sont des points forts qui vous poussent à aller toujours plus loin. Et on passera outre les remontrances pour finalement se faire plaisir avec un titre qui mérite vraiment le coup d’œil. Et qui permettra peut-être à des novices de découvrir le genre en douceur, sans que la difficulté ne soit rédhibitoire. Bref, quoi qu’il en soit, vous sortirez de cette expérience charmé.