Publié le Jeudi 28 octobre 2021 à 12:00:00 par Inès Pouille
Away: The Survival Series (PC, Xbox One, PS4)
Spoiler : ça n'a pas plu à madame
Une purge.Tout commençait très bien. Je m'ennuyais particulièrement durant un maussade après-midi de septembre, lorsque j’apprends d’Arthur que Sieur Cédric possède un jeu « qui devrait plaire à Madame » à tester.
« Parfait », me dis-je, « on va passer un bon moment », me dis-je aussi, en voyant que le jeu en question, bien qu’estampillé « jeu indé », se trouve être réalisé par des anciens d’Ubisoft. Le trailer présentant le jeu semblait également particulièrement alléchant : proposant d’incarner un phalanger volant (un marsupial semblable à un écureuil volant), (ou sugar glider en anglais), la force du jeu étant une narration semblable à un documentaire animalier, suivant les aventures dudit phalanger volant. Dans un mode exploration, à part, on peut également incarner d’autres animaux comme le scarabée, la grenouille, le loup, la salamandre, et bien d’autres encore.
En fait, je crois que Cédric nous a intentionnellement refilé « Away: The Survival Series » comme un cadeau empoisonné.
Petit point à part, quelque chose m’a particulièrement frustrée lorsque j’ai fini le jeu : je n’ai trouvé aucune explication au titre. Je ne sais pas si c’est juste moi, mais je trouve ça particulièrement important de nommer correctement son jeu. J’veux dire, c’est le premier élément qu’on véhicule de lui ! Le titre, c’est le maximum condensé de ce que te vend le jeu, ce qui transmet l’essentiel de sa personnalité ! Et là, aucune explication. Le titre fait vaguement penser à une émission de la BBC, mais c’est tout, en plus d’être long sans raison. Je pense que ça desservira fortement le jeu dans le futur. Essayez de vendre un livre ayant pour titre « Pages rédigées avec des mots» pour voir …
Ce qui m’attriste, car cette proposition originale, elle me parle particulièrement, notamment par l’originalité que peut apporter un animal si singulier comme protagoniste. Cependant, ici, elle est bourrée de problèmes. Le jeu, de part sa vocation de « documentaire animalier interactif », se prend très au sérieux en termes de réalisme. Le narrateur, dont le timbre rappelle David Attenborough (célèbre narrateur des reportages de la BBC), se retrouve à décrire une histoire plutôt prenante … mais irréaliste. Sans trop en dévoiler, sachez simplement que le but du jeu consiste à sauver notre mère et notre sœur, enlevé par un gypaète barbu (grand rapace) …
Ce qui n’arriverait jamais dans la nature. Bein oui, s’il échappe miraculeusement des serres du rapace, il n’y a que deux solutions pour le petit marsupial : soit il est trop jeune pour se débrouiller seul, et succombe au premier prédateur venu, soit il entreprend de survivre par lui-même à partir du moment où le rapace est déjà à 2 kilomètres de distance. Ce que le jeu fait, c’est de l’anthropomorphisme, et lorsqu’on se base sur une expérience immersive réaliste, et bein ça fait tout capoter.
Si j’exagérais l’idée, c’est comme si un narrateur de la BBC narrait le fabuleux récit d’un zèbre prêt à tout pour buter du lion et venger ses parents. Mouais.
Cette volonté de réalisme entre également en contradiction avec le protagoniste, puisque notre petite bestiole se tient à 10cm du sol. « Pas de problème », me diriez-vous, « en cas de hautes herbes, il suffit de relever la caméra ! »
…
Et bien, on ne peut pas.
Enfin, c’est encore pire que ça.
La caméra est très souvent dans les choux. Lorsqu’on se retrouve noyé dans un buisson, impossible de s’y retrouver visuellement, notre vision étant limité à 10cm de hauteur. Très dure de base, j’ai dû monter sa sensibilité au maximum pour arriver à m’en sortir. Le pire se produisant lors des phases de verticalité à travers les arbres : changer de branche devient un enfer tandis que la caméra panique à ne plus savoir comment s’orienter par rapport au personnage. Franchement, les seuls moments où je me suis véritablement amusée, c’était lors des scènes scriptées, QTE, ou lorsque la caméra disposait d’une visée automatique pour simplifier un platforming complexe.
Pire encore, les contrôles donnent une sensation de savonnette. C’est très rigide en input, mais l’output semble démesuré. J’ai certes bien ressenti de l’adrénaline durant les phases d’acrobatie arboricole, mais c’était entièrement dû aux contrôles, de peur de tomber dans des épines / eau / la gueule de prédateurs sans rien ne pouvoir y faire, ne remettant mon destin qu’à la bonté des colliders, qui souvent, sont scandaleux aussi …
Heureusement que les checkpoints, très généreux, permettaient de recommencer sans trop de rage. Si généreux que parfois, ils me faisaient skip une partie du niveau et m’amenaient à un point que je n’avais pas encore découvert.
Pareil, si réalisme fait foi, pourquoi opter pour des visuels si cheap ? A l’exception seule du protagoniste, tous les animaux, et je dis bien tous les animaux (dont certains jouables ensuite), se trouvent être un emboîtement de polygones peu grâcieux dès qu’on s’approche un peu. Même l’antagoniste, le gypaète barbu, qu’on voit très souvent est pareillement cheap. De manière générale, les animations sont très rigides et pauvres également. Côté environnement, je trouve ça particulièrement honteux d’avoir opté pour une végétation très pixellisée et presque low-poly lorsque que le protagoniste évolue à 10cm du sol … Le tout fait très fouillis, et par plusieurs fois, je ne savais juste pas où aller, tellement la végétation allait à l’encontre de la lisibilité. Heureusement que des petits champignons lumineux vous indiquent souvent le chemin à suivre, si on arrive à les discerner … Au-delà de la végétation particulièrement envahissante, la luminosité du jeu est infâme. Tout comme la sensibilité de la caméra, je suis très vite allée monter au maximum la luminosité, quitte à cramer les couleurs pour y voir quelque chose. Extrêmement dommage, car le level design très sympathique devient incompréhensible dans une telle obscurité.
Enfin, le jeu possède hélas une tripotée de bugs, que j’hésite sérieusement à considérer comme gamebreaker (rendant le jeu tout bonnement injouable). Il m’est arrivé plusieurs fois de glitch dans des troncs d’arbre censés être un objet d’interaction, des murs, le sol … Avec l’impossibilité de m’en échapper sans relancer le jeu. J’ai aussi eu à plusieurs reprises des bugs de musique qui cassaient complètement l’immersion (son d’ambiance d’égouts à la place d’une scène d’action, puis pas de musique du tout pour le combat final), particulièrement dommage quand on sait que cette très plaisante OST d’ambiance est signée par un compositeur de la BBC. Enfin, à un certain moment du jeu, une cinématique ne s’est tout bonnement pas lancée. En effet, le jeu m’a laissé avancer là où elle aurait dû se déclencher. J’ai continué tout droit, lorsque mon controller est devenu complètement bourré (je ne pouvais tourner ni à gauche, ni faire demi-tour). Soûlée par ce que je croyais être un bug « normal », j’ai relancé le jeu, qui m’a TP au tout début de la zone, avant de lancer la cinématique en question …
Le constat est très triste. En me renseignant un peu, j’ai appris que cette promesse d’expérience narrative immersive innovante se vendait 30€ sur Steam. Sachez, qu’en prenant autant de temps que ma patience me l’accordait, j’ai fini la partie histoire du jeu en 3h. Dépendamment de ce que le mode exploration peut apporter à chacun, je doute qu’on peut excéder plus de 5h dessus, puisqu’à part des animaux différents jouables, des objets à collecter et des points de TP à débloquer, il n’y a rien à faire. Je ne suis pas experte, mais ce n’est clairement pas un achat rentable …
Cela m’attriste de voir un jeu si prometteur comme bâclé. Je pense qu’à partir du moment où le controller même ne fonctionne pas, quelque chose de fondamental ne va pas dans le jeu. Eh, peut-être même que je parle d’expérience …
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Away: The Survival Series (PC, Xbox One, PS4)
Plateformes : PC - Xbox One - PS4
Editeur : Breaking Walls
Développeur : Breaking Walls
PEGI : 7+
Prix : 30 €
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