Publié le Jeudi 21 octobre 2021 à 12:00:00 par Sylvain Morgant

 

Ron Débloque, la critique du film

Un film plus profond qu'il n'y paraît

La société Bubble, multinationale technologique, sort son dernier produit : le B-bot. Un petit robot ultra-connecté à destination des enfants. Ces petits robots sont à la fois des téléphones, des télévisions, des vélos, des assistants numériques, des caméras, des consoles et bien plus encore : des amis.

Les B-bots sont adopté par tous les enfants du monde. Sauf Barney, collégien on ne peut plus banal, très timide ayant perdu de vue ses amis d'enfance depuis l'entrée au collège et seul enfant de la ville n'ayant pas les moyens d'avoir un B-bot.

Tout change quand, après un énième anniversaire seul et triste, son père et sa grand-mère tentent le tout pour le tout pour obtenir le B-bot tant rêvé. Sauf que le seul qu'ils arrivent à obtenir est un B-bot defecteux…

Mais ce qui pour Barney aurait l'air du pire cadeau du monde devient rapidement son meilleur ami au monde…

Ron Débloque est un film d'animation produit par Locksmith Animation, une société de prodution britanique et la 20th Century Animation. Le film est distribué par 20th Century Studios / Disney. Les voix de Ron et Barney sont jouées par Zach Galifianakis et Jack Dylan Grazer en VO tandis qu'en VF nous avons Marc Arnaud et Aloïs Agaësse-Mahieu.

Pour être tout à fait honnête, contrairement au reste de l'équipe, les différentes bandes-annonces m'ont laissé de marbre.


Que voulez-vous, quand les grands studios Hollywoodien semblent vouloir me faire la morale, j'ai un peu de mal à ne pas voir une montagne d'hypocrisie arriver avec de gros sabots.

Eh bien, je dois reconnaitre que j'aurais eu tort de ne pas aller voir ce film. Visuellement, déjà. La réalisation est superbe, l'animation très fluide et très belle. Les personnages sont bien détaillés, tout comme l'environnement et les décors. Les lumières, naturelles ou non, sont elles aussi splendides. Les musiques, réalisées par Henry Jackman, sont aussi magnifiques, de même que le reste de l'ambiance sonore du film.

A vrai dire, à part des petits moments mous, on a très peu de chose à reprocher au film.

L'histoire est relativement simple et, il faut le dire, déjà vue un paquet de fois mais on se laisse emporter devant, finalement, autant de justesse et autant de vérité sur notre époque, sur les réseaux sociaux et leurs addictions.

Et ce sont ces points particuliers qui font toute la force du long-métrage.

Relevant les mal-être des adolescents, face à ces réseaux sociaux qui les obligent à être et paraitre en permanence sous peine de ne pas avoir "d'amis". Relevant l'absence presque totale des parents, ceux-ci préférant abandonner leurs enfants à la technologie... finalement, le seul parent présent est le père veuf de Barney, qui tente, tant bien que mal, de faire vivre sa famille.

Relevant aussi à la fois l'hypocrisie voire la bêtise de ces géants de la technologie qui cherchent avant tout le profil, quels que soient les obstacles et qui considèrent sérieusement que l'on peut comprendre les relations sociales avec des algorithmes. Ou qui considèrent que si ça ne marche pas comme c'est sensé fonctionner, c'est que c'est forcément cassé...

Sans compter les petits tacles appuyés que le métrage envoie aux patrons emblématiques : le patron de Bubble est une caricature du tyran psychopathe Steve Jobs tandis que le développeur en chef, qui pense qu'on peut définir l'amitié avec un algorithme, est une caricature de Mark Zuckerberg, d'ailleurs il en a le prénom et le regard de poisson mort…  On a une petite préférence pour le tacle de Jobs qui fait remarquer à Mark, que derrière ses envies de fournir l'ami idéal à des gamins, il a quand même collé une caméra filmant en permanence chaque tête blonde du pays.

Bref, Ron Débloque est de sortie, et derrière une histoire d'amitié somme toute classique, il met les pieds dans le plat et renvoie dos à dos parents et réseaux sociaux face à leurs responsabilités.

Et même si on doute qu'un seul de ces parents montrés du doigt soit assez intelligent pour se reconnaître, ça fait du bien à voir.