Publié le Lundi 3 octobre 2016 à 12:00:00 par Cedric Gasperini
Luke Cage, la critique de la série Netflix
Super héros biscotos
Depuis vendredi dernier, la nouvelle série tirée de l’univers Marvel est disponible en exclusivité sur Netflix. Après Daredevil (excellent) et Jessica Jones (je n’ai personnellement pas accroché), voici donc Luke Cage. L’invincible Luke Cage, dont la peau est capable d’arrêter les balles, même tirées à bout portant, et dont la force herculéenne lui permet d’arracher la portière d’une voiture sans effort, voire de soulever une énorme machine à laver avec un petit doigt.Une sorte de Hulk, la peau verte et les fringues déchirées en moins.
Cette force et cette résistance sont le résultat d’une expérience « ratée » dont il a été victime. Fugitif, veuf et n’arrivant pas à faire le deuil de sa femme, malgré quelques aventures extra-conjugales qu’il finit par saboter inlassablement de peur de s’attacher et d'en souffrir à nouveau. Luke Cage échoue dans la boutique de Pop, coiffeur de Harlem, figure du quartier, apprécié de tous, gentils comme méchants.
Luke tente de s’y reconstruire, s’occupant de nettoyer les serviettes et balayer le sol des cheveux coupés.
Mais la violence qui sévit dans le quartier, mettant en danger des personnes qui lui sont proches, va obliger Luke à sortir de l’ombre. Et quand son mentor est sauvagement assassiné, il se glisse dans la peau d’un super héros, bien décidé à combattre le crime.
Luke Cage est une série en 13 épisodes. Tous sont disponibles. Le personnage principal est interprété par Mike Colter. Une interprétation toute en « douceur » si l’on peut dire. Luke Cage est un personnage assez silencieux, assez secret, et surtout, très peu expressif. Autant dire qu’en faire un héros d’une série était un vrai défi. D’ailleurs, si Mike Colter s’en sort avec les honneurs, maîtrisant parfaitement la subtilité du personnage et jouant avec justesse son perpétuel tiraillement entre un désir de justice et la simple envie de disparaître et devenir un anonyme parmi tant d’autres, force est de constater que le spectateur aura du mal à s’identifier à lui, voire même à s’y attacher pleinement. Un certain détachement apparaît et nuit clairement à la série.
Simone Missick, qui joue l’inspectrice Misty Knight, est parfaite dans son rôle, tout comme d’ailleurs Theo Rossi, qui joue l’homme de main du « méchant ». Si leurs personnages sont légèrement caricaturaux, ils apportent un plus indéniable à l’histoire et à son déroulement.
Le souci principal, en réalité, vient surtout du personnage de Cornell Stokes. Le mafieux qui tire les ficelles et est à la source de tous les problèmes qui surviennent dans Harlem. Le personnage manque clairement d’envergure. Quand on a eu des méchants aussi réussis que Fisk (Daredevil) ou Kilgrave (Jessica Jones), se retrouver face à un simple « gangster » de type « gangsta-rap » et sa clique de rappeurs souvent complètement stupides, genre hommes de mains de bas étage, est une vraie déception.
Un héros peu expressif, un méchant qui manque clairement d’envergure… comment peut-on du coup faire une série totalement réussie ?
D’autant plus que le rythme est le principal défaut de cette série : les épisodes sont lents. Le scénario semble un peu trop dilué. L’action peine à démarrer et se règle généralement en deux ou trois minutes à la fin d’un épisode… On attend que ça explose et quand ça pète, on reste quand même sur notre faim.
Redressons toutefois un brin la balance : même avec des personnages moins intéressants, un méchant loin d’être au niveau et un rythme trop lent, Luke Cage est une série agréable à regarder. Aussi étonnant que cela puisse paraître. L’ambiance est bonne. Les décors sont toujours aussi réussis. Et le petit côté politique ajouté à l’intrigue n’est pas désagréable, d’autant plus par les temps qui courent aux USA, rapport à la place toujours plus délicate des noirs-américains dans la société.
On se laisse porter, donc, et on se rend compte au final qu’on est allé au bout des 13 épisodes. Il n’en aurait pas fallu un de plus, cela dit.
Et même si certains pourront être déçus de l’affrontement final, loin d’être aussi spectaculaire et intéressant que dans les deux autres séries Marvel par Netflix, on se contentera de dire que Luke Cage est un bon complément. Pas plus. Pas moins. Un complément à Daredevil et Jessica Jones. Une série bonus, mais pas indispensable non plus.
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