Publié le Jeudi 19 février 2015 à 14:30:00 par Cedric Gasperini

 

Test de The Order : 1886 (PS4)

Le plus beau jeu jamais réalisé

Au Moyen-Âge, l’évolution de l’humanité a été scindée en deux. D’un côté, les hommes et les femmes tels que nous les connaissons. De l’autre, les hybrides. Ces derniers sont des mutants capables de se transformer en sortes de loups-garous. Et ce qui devait arriver arriva : les deux branches commencèrent à se livrer une guerre implacable.
Pour lutter contre les hybrides, le roi anglais de l’époque, Arthur, décida de créer l’ordre des Chevaliers de la Table Ronde. Des guerriers puissants qui, grâce à une potion spéciale, l’eau noire, gagneraient en force, en résistance et en longévité. A chaque guerrier tombé, un nouveau prendrait sa place autour de la table, et endosserait son nom.

Nous sommes en 1886, à Londres. Vous êtes Sir Galaad, troisième du nom. Un homme grisonnant, la cinquantaine, la moustache épaisse et les favoris sur les tempes. Mais avec un cœur de jeune homme et des idéaux toujours plein la tête.
La guerre entre les humains et les hybrides est toujours d’actualité, même si les humains sont sur le point de la gagner. C’est aussi grâce aux géniales inventions du jeune Nikola Tesla, qui offre à l’Ordre des armes puissantes et innovantes. Et vous allez enfin pouvoir porter le coup de grâce aux ennemis de l’humanité. A moins qu’un évènement vienne troubler votre victoire…

The Order 1886 vous plonge en pleine uchronie, à l’époque Victorienne, en pleine révolution industrielle boostée à grands coups de fusils électriques, images thermiques, et autres objets technologiquement avancés, imaginés pour les besoins du scénario du jeu. Le tout dans un design et une ambiance résolument portée vers cette époque fascinante qui fut aussi, malheureusement, celle de Jack l’éventreur…
Poussés par les hybrides, un nouveau danger apparait pour les héros : la pauvreté pousse les habitants de Londres des quartiers défavorisés à prendre les armes contre le gouvernement. Et comme l’Ordre est du côté des nobles et des puissants, ils vont devoir combattre également un nouvel ennemi…


Mon Dieu quel dilemme. Comment peut-on noter un jeu comme The Order 1886 qui offre tout à la fois un plaisir immense et une intense frustration ? Comment expliquer à quel point il mérite d’être acheté et mérite qu’on y jette un coup d’œil tout en vous signalant à quel point il enchaîne les erreurs et les mauvais choix ?

Explications…

La première chose qui frappe dans The Order 1886, c’est à quel point le jeu est beau. Une vraie claque. Une putain de claque, devrait-on dire, même. C’est sans mentir le plus beau jeu auquel nous avons jamais joué. Vraiment. Visuellement sublime, frôlant l’extraordinaire, il enchaîne les décors plus incroyables les uns que les autres. Les effets spéciaux, fumées, explosions, mais aussi les éclairages sont à tomber. Les personnages sont également d’un niveau de détail impressionnant et leurs expressions faciales sont saisissantes. On pourra ainsi apercevoir le moindre haussement de sourcil, la moindre moue normalement à peine perceptible, le tout avec des regards puissants et profonds… C’est vraiment bluffant. Et quand bien même certains lui reprocheront les « bandes noires façon cinémascope » qui réduisent le champ de vision, il faut bien avouer que The Order 1886 envoie du lourd. Du très très lourd. Vous vouliez un jeu résolument estampillé next-gen et qui dame même le pion aux jeux sur PC ? Vous l’avez !

L’ambiance du jeu en est totalement imprégnée et vous plonge donc en plein dans l’histoire. Grâce aux graphismes, grâce à un doublage français soigné (malgré quelques phrases franchement bateau), des dialogues riches et des échanges constants entre les personnages, vous suivez un véritable scénario, bien pensé, bien ficelé, doté d’une narration assez captivante.

On regrettera quand même la bête construction scénaristique, à base d’une intro qui n’avait finalement pas lieu d’être. En effet, le jeu débute alors que vous, Sir Galaad, êtes torturés par vos anciens alliés que vous avez trahis. Pour finalement revenir en arrière et vous expliquer le pourquoi du comment de cette trahison. Trahison qui dès la deuxième mission apparaît comme une évidence et a donc tendance à vous ruiner toute surprise et vous faire anticiper tout revirement de situation. Dommage. Vraiment dommage.


Il n’empêche que grâce à son graphisme fabuleux (vraiment) et son ambiance captivante (vraiment), grâce à son scénario plutôt intéressant, et grâce à une réalisation technique de haute volée, The Order 1886 s’inscrit comme une nouvelle licence passionnante et qui appelle indubitablement des suites.

Les personnages sont également terriblement charismatiques. Même s’ils répondent à d’inévitables clichés, avec le beau gosse (français) dragueur et indiscipliné, ou la jeune femme indépendante et qui tente de se faire une place dans un monde de mâles. Mais globalement, tous ont une profondeur et un vrai rôle qui les rend attachants.

Malheureusement, tout n’est pas non plus parfait au royaume des Chevaliers de la Table Ronde. Et le plus important semble quand même avoir été oublié : la jouabilité et le rythme.

Parlons du rythme, pour commencer. Le jeu est entrecoupé d’innombrables cinématiques. Certes sublimes. Certes merveilleusement réalisées. Mais entrecoupées trop souvent – le jeu en est truffé – de QTE (Quick Time Events) vous demandant d’appuyer sur une touche à un moment donné. On se retrouve rapidement devant un jeu assez contemplatif, au final, entrecoupé de scènes choc de combats intenses. Lesdits combats pâtissent, malheureusement, d’un level design largement insuffisant face à l’ampleur du jeu et à ses prétentions. On évolue dans d’innombrables couloirs, sans avoir réellement de liberté de mouvements. Et les affrontements se contentent généralement de nous faire progresser de cachette en cachette, à arroser les ennemis qui ont une fâcheuse tendance à lever la tête ou se découvrir pour mieux servir de cible. Une IA ennemie qui n’est pas vraiment à la hauteur, même s’il est arrivé, dans certains lieux (à peine) plus ouverts d’en voir quelques-uns tenter de vous déborder ou vous prendre à revers. Une sorte de Gears of War, donc, mais sans la fureur, la folie et la violence de ce dernier. Et avec une progression bien plus étriquée.


Et pour parachever le tout, il faut bien avouer que la prise en mains n’est pas non plus à la hauteur des ambitions de The Order 1886. Une caméra un peu trop proche du personnage et qui en bloque la vue. Un déplacement lourd doublé d’une rigidité dans les mouvements, des enchaînements qui manquent de fluidité.

On pourra enfin citer d’autres petites choses dommageables : les corps qui disparaissent en plein combat, pour certes ne pas surcharger le processeur, mais qui ont le résultat de faire quand même un peu tâche quand on vient de tuer quatre ou cinq ennemis et qu’on passe à côté de tâches de sang sans corps… Peu d’éléments du décor destructibles, également (même si certains niveaux, comme la cuisine du zeppelin, viendront faire mentir cette affirmation).

Alors ne me faites pas dire ce que je n’ai pas non plus dit : la jouabilité ne ruine pas l’expérience de jeu. The Order 1886 reste un très bon jeu, agréable à prendre en mains et qui surtout vous séduira totalement par son ambiance, son graphisme, son histoire. De quoi réellement avoir envie de découvrir de nouvelles aventures dans cet univers passionnant. Mais il faut bien avouer qu’il lui manque quelque chose, un petit plus qui font les grands jeux. Il lui manque aussi une grande séquence inoubliable. Et une durée de vie plus importante. Ici, on parle de 7 heures environ. 8 en prenant son temps. C’est court. Trop court. Malgré tout, The Order 1886 reste visuellement une expérience inoubliable. On lui souhaite réellement de se doter d’une suite, parce que l’univers a encore bien des choses à nous raconter.