Publié le Dimanche 19 juin 2011 à 12:00:00 par Cedric Gasperini
Des pédés dans nos mairies ? Beurk !
Cette semaine, l’Assemblée a refusé une proposition de loi sur le mariage homosexuel.
Soit.
Pour ceux qui ne le savent pas, je suis quelqu’un de profondément « gay friendly ». Si je suis exclusivement, invariablement, et strictement hétérosexuel, j’avoue une importante affinité avec le monde gay. Sa musique (beaucoup de mes groupes favoris sont issus du milieu gay), ses habitudes et comportements. J’aime la culture gay. Entre autres.
En fait, je ne fais absolument aucune différence entre un gay et un hétéro et éduque mes filles dans ce sens. Elles choisiront elles-mêmes leur sexualité tout en sachant que l’homosexualité est une chose complètement naturelle. Ce n’est certes pas la voie que j’ai personnellement choisie, mais cette alternative amoureuse ne me choque pas.
C’est mon mode de pensée, ma façon de vivre, la conviction la plus intime.
Le parrain de ma fille cadette est homosexuel. Ma femme et moi n’en tirons ni fierté, ni honte, ni rien d’autre : il a été choisi pour sa sympathie et nos affinités avec lui, non pas pour son orientation sexuelle. Et cela n’a pas été un frein non plus. Nous ne nous sommes même pas posé la question.
Bref, nous sommes donc, et je suis, en particulier, quelqu’un de totalement ouvert sur la question homosexuelle.
Certes, j’ai comme tout le monde – ou du moins comme la majorité – été élevé via une éducation strictement hétérosexuelle, à une époque où les rapports d’hommes entre eux étaient considérés comme une déviance, une maladie, et les rapports de femmes entre elles étaient réservés à certaines scènes de films X. En ce sens, on tirait la manche de nos parents en leur murmurant, doigt pointés vers eux : « hé, maman, t’as vu, le monsieur il tient la main d’un autre monsieur, c’est beurk » quand on apercevait un couple « bizarre ».
Oh, je vous rassure, mes parents ne m’ont pas éduqué dans un esprit homophobe. De ce côté-là, ils prônaient une totale tolérance. Mais c’est l’époque qui voulait ça. Et l’arrivée de cette saloperie de SIDA, rapidement appelé le « cancer homosexuel » parce qu’il touchait plus volontiers cette population à la sexualité plus débridée (et aussi parce que les hétéros ne se faisaient pas autant dépister, même s’ils avaient une sexualité à risque). Il faut savoir d’ailleurs que l’OMS n’a retiré l’homosexualité de ses tablettes de « maladie mentale » qu’en 1993…
Aujourd’hui, les mœurs ont évolué. Et c’est une bonne chose. Nous sommes en 2011. Le monde s’est ouvert, vers plus de tolérance.
Mais il reste encore d’indéniables crétins qui continuent de conspuer l’homosexualité et de considérer cela comme une preuve évidente de déviance et de maladie mentale.
Et ce comportement néandertaliens n’est malheureusement pas réservé aux incultes, voire à quelques bigots ou religieux extrémistes qui oublient qu’à l’époque de leurs prophètes, on ne crachait pas sur un p’tit câlin entre apôtres avec lubrification anale à l’huile d’olive ou à la graisse de mouton. Et je ne parle pas d’une seule religion en particulier.
Il existe encore de parfaits mongoliens au QI lamentablement bas qui, dans nos villes et nos campagnes, pensent que « casser du pédé », c’est amusant. Voire simplement le montrer du doigt en s’en moquant.
Et il existe encore de parfaits abrutis qui siègent à l’Assemblée Nationale et qui estiment que le mariage homosexuel n’est pas acceptable.
On peut ou non aimer les gays ou la culture gay. Les éviter, rechercher leur compagnie, ou, tout simplement, ne pas s’en soucier comme on ne se soucie pas du reste du monde, quel que soit sa sexualité. Mais une chose est certaine : les homosexuels sont des gens tout ce qu’il y a de plus normaux.
A ce niveau-là, pourquoi donc avoir rejeté, une nouvelle fois, une loi sur le mariage homosexuel. Une loi qui ne changeait strictement rien à la constitution ou aux droits des hétéros, mais qui rajoutait simplement le droit de se marier pour les personnes du même sexe ?
En quoi, finalement, cela changerait-il quelque chose ? En quoi cela serait-il « mal » ou « inacceptable » ?
J’ai du mal à comprendre.
Oh, je vous rassure, je sais que la majorité des homosexuels s’en contrefoutent et se contentent du Pacs, qui lui leur est autorisé.
Moi-même, à vrai dire, je m’en moque complètement.
La seule chose qui me dérange, là-dedans, finalement, c’est que, d’une part, qu’est-ce que ça peut faire si les homosexuels se marient ? A part heurter l’égo et les valeurs de personnes à la pensée archaïque, quelles raisons valables pourrait-on bien avancer pour leur refuser ce droit ?
Ensuite, à une époque où l’on ne cesse de nous répéter, de nous marteler que l’homme est égal, quelle que soit sa pensée, ses convictions religieuses, sa couleur de peau… nos dirigeants font ici preuve d’une formidable discrimination : les homosexuels ne sont pas des personnes assez bien pour avoir droit de se marier comme les hétérosexuels.
Je me souviens d’une époque, d’un pays, où les noirs n’étaient pas assez bien pour monter dans le même bus que les blancs. Je ne vois aucune différence entre les deux affaires.
Les homosexuels n’ont pas le droit de se marier. Remplacez le mot « homosexuel » par « noir » ou « juif ». Ce serait révoltant.
Désolé, mais la même phrase avec le mot « homosexuel » dedans est, pour moi, du même acabit.
On ne parle pas d’Eglise, ou autre lieu de culte. Il ne s’agit pas d’aller organiser une gay pride dans une cathédrale ou je ne sais quel autre amalgame qui pourrait être fait. Il s’agit juste d’autoriser deux personnes qui s’aiment, à s’unir officiellement, d’une manière plus forte et profonde qu’un « Pacs ». Et comme je le répondais à je ne sais plus quelle personne, il y a peu, lors d’une discussion à ce sujet, et qui me disait que « oui mais on va avoir un défilé de Drag Queen dans les mairies », je ne vois pas en quoi ce serait plus ridicule que certaines tenues débiles ou excentriques de mariées, de mariés ou d’invités. Rien n’empêche les mairies d’imposer le port du costume pour les hommes (robes interdites) s’ils ont « peur » que cela tourne au défilé de mauvais goût. Mais honnêtement, je n’arrive pas à trouver une seule raison pour laquelle deux êtres qui s’aiment ne pourraient pas se marier, quel que soit leur sexe.
Pour nous autres, français imbus de leurs personnes, les Espagnols sont des arriérés faignants qui passent leur temps à jouer au foot et faire la sieste. Les portugais sont des sous-développés qui sont, au choix, gardiens d’immeubles ou maçons. Les Islandais sont des bouseux qui montent des poneys nains pour se déplacer. Les Canadiens des bûcherons à l’accent ridicule. Les Argentins, encore des sous-développés qui jouent au foot et sont tellement cons qu’ils ont recueillis Florent Pagny. Les Hollandais sont tous des drogués amateurs de putes en vitrines. Quant aux Belges… ce sont tous des abrutis au QI de moule pas même foutus d’avoir un gouvernement.
Sauf que tous ces pays ont déjà légalisé le mariage homosexuel. Ajoutez la Suède, la Norvège, l’Afrique du Sud, la ville de Mexico et cinq états des USA, et pour le coup, on se demande qui est le pays aux mœurs sous-développés.
Voilà. J’ai donc décidé de soutenir ouvertement et de manière totalement inconditionnelle le mariage homosexuel.
Et je ne peux donc que me lamenter d’être dans un pays dirigé par des homophobes.
Sur ce, je vous laisse à vos agapes dominicales. La semaine prochaine, attendez-vous à quelques tests en retard (Hunted, LA Noire, Dirt 3, et peut-être un gros dossier d'une telle originalité qu'il n'a été traité nulle part ailleurs dans le monde.
Bonne fête à tous les papas, et au mien en particulier.