Publié le Dimanche 10 janvier 2010 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du Dimanche

Morts de froid

Bon sang, il fait froid.
Je vous l'ai déjà dit, j'ai horreur de l'hiver.
Alors certes, dévaler les petites buttes les fesses sur une luge, en compagnie de ses enfants, faire un bonhomme de neige, se lancer quelques boules, sont des plaisirs incroyables qui marquent à jamais les mémoires, des instants de profond bonheur.
Mais bon sang, il fait froid.

J'ai horreur de l'hiver. Horreur de devoir passer 10 minutes à dégivrer la voiture. Horreur d'aller ouvrir au facteur alors que je suis toujours en caleçon un samedi matin. Horreur d'aller sortir les poubelles. Alors que je suis en caleçon le soir après la douche.
Et puis j'ai d'autres raisons de détester l'hiver. Des raisons plus personnelles. Plus profondes. Des blessures qui jamais ne se sont refermées.

Vous me connaissez, je n'aime pas trop parler de mon enfance. Je n'aime pas jouer les Cosette, même si j'ai vécu des moments difficiles. Mais mes jeunes années (qui ne sont pas si loin derrière moi, merci), expliquent sans peine cette aversion pour le froid, l'hiver, la neige, le vent.
Nous vivions, mes parents, mes six frères et mes huits soeurs, dans un petit cabanon délabré, sans chauffage. Mon père s'usait la santé à l'usine, quand ils voulaient bien embaucher des extras, et dans le mauvais vin. Ma mère, quand elle n'était pas à se remettre des raclées que mon père lui infligeait, allait sonner aux portes des pavillons de banlieue pour quémander quelques vieux vêtements que, soit elle gardait pour nous, soit elle reprisait et vendait sur le marché.
A 'époque, nous n'avions pas de console, pas de voiture télécommandée. Nous nous amusions de peu. Vivant près d'une forêt, un simple bout de bois devenait une puissante mitrailleuse, une poignée de glands des munitions, et quelques orties le plus doux des papiers toilette.
Nous dormions, garçons d'un côté, filles de l'autre, dans un même grand lit de paille, têtes bêches, tentant de survivre à la morsure de l'hiver. Et malgré l'âtre où brûlait un maigre feu si doux quand dehors il faisait si froid, parfois, l'un de nous ne se réveillait pas. Le manque de chaleur, le manque de nourriture, le manque de santé.
Je garde de cette période une aversion toute particulière pour l'hiver. Et tandis que les enfants rient de glisser sur leurs luges ou faire des bonshommes avec une carotte comme nez, je verse des larmes en repensant à Jef, Sandra ou Hervé, qui nous ont quitté trop tôt.

Les années ont passé.

Janvier 2010. Bonne année.
Bonnes résolutions aussi. De celles que tout le monde prend et ne suit jamais.
Pour ma part, j'en ai pris quelques-unes. Acheter une nouvelle voiture. Perdre quelques kilos.
Pour la voiture, c'est fait. La vieille 106 que mes beaux-parents avaient eu la bonté de me donner après qu'un voisin a détruit ma Clio, n'était plus en état de... de rien, en fait. Je devais dégivrer l'intérieur comme l'extérieur, faire fi de l'odeur persistante d'essence qui envahissait l'habitacle, et regonfler deux des pneus tous les 15 jours en raison de fuites lentes dues à des jantes poreuses. Bref, il était largement temps de changer. Je me suis offert une 107 flambant neuve. Pas besoin de plus pour les petits trajets citadins. Une bonne petite bagnole, certes un peu bruyante côté moteur, mais qui fait largement son office.

En attendant, cet après-midi, je vais retourner dans la neige pour faire un bonhomme avec ma fille aînée. Se lancer quelques boules. Glisser ensemble sur les pentes. Et entendre la plus merveilleuse des choses : son rire.
Dès la semaine prochaine, je m'abandonnerai dans les bras de Bayonetta. Nous irons découvrir les nouveaux écrans et lecteurs Blu-ray Sony jeudi soir (ceux dont nous vous parlions cette semaine) et surtout, nous vous dévoilerons les résultats des Hamsters D'or 2009, qui viendront récompenser les meilleurs jeux de l'an passé.

Vous pouvez encore voter quelques jours.