Publié le Dimanche 9 octobre 2016 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du dimanche

Je me pose des questions...

Je me pose des questions. Oui, je suis désolé, hein, je ne peux pas faire que des éditos en vous racontant mes névroses ou les remarques de mes gamines. Même si la petite m’a quand même demandé hier si je connaissais la date du décès de Napoléon Bonaparte.
«  - Dans les années 1820 si je me souviens bien… Allez, au hasard, 1821.
- Oui mais quel jour ?
- Euh… je ne sais pas… toujours au hasard un 5 mai ?
- Non mais le jour. Un lundi ? Un mardi ?
- Aucune idée. Un samedi ?
- Et Napoléon II ?
- Aucune idée.
- Et Napoléon III ? Et Napoléon IV ?
- Mais je n’en sais rien !
- Ben pourtant tu les as connus. Tu devrais savoir. »
Et vlan, dans ta gueule le père modèle, jeune et sportif. Une remarque et tout le poids des ans s’abat sur vos épaules. Surtout à moins d’une semaine de votre anniversaire, ça fait toujours plaisir.

Oui parce que je prends un an de plus jeudi prochain. J’dis ça, j’dis rien. Et si l’envie irrésistible vous prend de vouloir me faire un cadeau, l’adresse de la rédaction est visible dans la rubrique « contact » et la Maison du Whisky livre à domicile.

Ça m’aidera peut-être à trouver les réponses. Parce que comme je vous le disais en préambule, je me pose des questions. Et ça ne date pas d’hier. Mes névroses existentielles me suivent au fil des ans. Je me pose des questions. Sur la religion.

C’est un sujet qui m’a toujours passionné, la religion. Notamment son évolution par rapport à la société. A tenter de comprendre décisions, déclarations et dogmes. A essayer de séparer le bon grain de l’ivraie. Les bonnes idées des intérêts personnels. A décortiquer, analyser…

Je suis de confession catholique. Je ne m’en suis jamais caché. Et si j’ai depuis pris mes distances avec l’Eglise, à tous les points de vue, je reste passionné par l’Histoire dans la Bible ou la Bible dans l’Histoire. Comprenez par-là l’influence des évènements historiques dans les récits de la Bible et l’influence de la Bible au fil des siècles dans les évènements historiques.
L’influence également de la Bible dans notre culture. Car si la mode est au « tout laïque », au rejet de toute forme de religion, quelle qu’elle soit, il est difficile de gommer 15 siècles d’omniprésence de l’Eglise dans la société française (Clovis, premier roi chrétien du royaume des Francs, baptisé vers l’an 499).
Et il est passionnant de voir toutes ces petites choses, qu'il s'agisse de lois, de morales, d'habitudes, ou même simplement d'expressions linguistiques, qui ont été influencées par le religion. 
Mais l'inverse est aussi vrai. L'Histoire et l'évolution des moeurs ont influencé l'Eglise. Pas toujours en bien, cela dit.

Et du coup, je m'interroge. Je me pose des questions. Des tas de questions.

Je me demande par exemple comment réellement justifier le célibat des prêtres, par exemple. Et quand on me répond qu’il s’agit de « s’unir plus facilement au Christ avec un cœur sans partage et s’adonner plus librement au service de Dieu et des hommes. » (Can. 277, §1, Codex Iuris Canonici), je réponds que le célibat des prêtres n’a été instauré qu’au IVème siècle, et peu respecté jusqu’au XIIème. Est-ce donc à dire que du Ier au IVème siècle, les « prêtres » étaient dans l’erreur ? Mais n’étaient-ils pourtant pas plus « contemporains » de Jésus que nous ne le sommes ? Et quid des Papes qui ont été mariés, voire ont eu des enfants ? Ou de la légende qui veut que Jean XII serait mort entre les cuisses d’une femme mariée ? Les apôtres eux-mêmes n’étaient-ils pas, pour certains, mariés ? Pierre, l’un des piliers de l’Eglise Catholique, considéré comme le « premier pape », l’était. Jésus a d’ailleurs soigné sa belle-mère, grippée, fiévreuse.

Mais la question qui revient le plus souvent, pleine de naïveté et d’innocence, et à laquelle je n’ai pas encore trouvé de réponse, concerne le paradis.
Je n’ai rien contre l’idée d’un paradis plein d’amour et de bonheur. Je veux juste qu’on m’explique alors comment ça se passe pour une veuve remariée. Je vous explique : Imaginons un couple heureux. Appelons-les, au hasard, Marie et Joseph. Totalement au hasard, hein. Marie et Joseph s’adorent. Ils s’aiment. Ils ont même un fils que nous appellerons, encore au hasard, Kévin. Joseph travaille dans la construction. Il est charpentier. Mais à la veille de ses 30 ans, il décède sur un chantier après avoir pris une poutre sur la gueule. Comme c’était un homme bon, un bon chrétien, un homme sans histoire, généreux et aimant, Joseph file tout droit au paradis. Marie, du haut de ses 27 ans, est inconsolable. Mais l’âme humaine étant ce qu’elle est, et le temps pansant les plaies, Marie retrouve finalement l’amour. Elle a 41 ans – 14 ans de deuil, ça vous suffit ou j’en rajoute un peu ? – et termine sa vie avec Gabriel. Gabriel est un vrai ange. Adorable lui aussi, il aime sincèrement Marie qui le lui rend bien. Même si dans le cœur de Marie, il y aura toujours une place pour Joseph. Marie et Gabriel sont de bonnes personnes tout au long de leur vie et gagnent leur ticket pour le royaume des cieux, quand ils meurent d’un accident de chameau sur l’autoroute des vacances.

Bon. Ma question est la suivante : il se passe quoi au paradis, quand tout ce petit monde se retrouve ? « Bonjour Joseph, voici Gabriel, on va vivre tous les trois, toi les jours pairs, lui les jours impairs, sauf le dimanche, histoire que je me repose quand même la chatte » ?

Qu’on ne me dise pas que le paradis est exempt de tous ces sentiments « futiles » humains. Si le paradis est joie, bonheur et amour, ce sont trois sentiments humains, que je sache. Et de toute manière, un paradis sans amour vaut-il vraiment la peine d’être vécu ? Surtout que ça doit quand même durer une éternité, le truc, hein.

Bon. Moi, personnellement, je m’en fous. Si paradis il y a, j’irai tout droit en enfer. Je pense même que Satan m’offrira un poste haut placé, une fois finis mes siècles de purgatoire. Mais la question m’interpelle quand même.

Et je vous rassure, j’en ai plein d’autres, des questions. Et pas seulement sur la religion catholique. Tenez, par exemple, cette histoire de martyrs et de vierges. J’veux dire, les gars, ils ont vraiment déjà couché avec une vierge ? Non parce que personnellement, à choisir entre 72 vierges et une seule femme un peu plus expérimentée, mon choix sera vite fait : on s’éclate bien plus avec cette dernière. Nettement plus ! C’est incomparable ! Et puis entre nous, la saga des 72 hymens, ça n’a rien de très ragoûtant au final. A vous en ronger le frein, si j’ose dire…

Je vous rassure, j’en plein d’autres des questions. Sur toutes les religions.

Mais l’interrogation qui me titille le plus, au final, celle qui me gêne aux entournures, qui me laisse comme un goût amer dans la bouche, comme une impression de malaise, ça reste quand même celle-ci :

« Comment une religion qui prône l’amour du prochain et la tolérance, peut-elle à ce point en manquer ? ».

A vos copies. Vous avez 4 heures.