Publié le Dimanche 5 juillet 2015 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du dimanche

Vacances à Palmyre

En ce dimanche, je n’ai pas spécialement envie de sourire. J’ai la tristesse au bord des lèvres, au bord des yeux. Ce matin, parcourant les infos sur le net comme à mon habitude, je suis tombé sur un énième article des horreurs perpétrées par ces monstres de l’Etat Islamique. Ceux qui sont tout sauf des défenseurs de la foi musulmane. Ceux qui sont la honte de tout l’Islam, la honte du prophète, et qui deviennent chaque jour un peu plus la honte de notre société, notre fardeau et notre responsabilité.

Aujourd’hui, entre larmes et incompréhension, je vois ces soldats de Jahannam détruire l’humanité et propager la terreur au nom d’une religion qu’ils bafouent et trainent dans la boue.

Aujourd’hui, je ne comprends pas l’absence de réaction.

Combien de Charlie Hebdo faudra-t-il encore subir ? Combien de Hervé Cornara faudra-t-il perdre ? Combien de Sousse ? Combien de musée du Bardo ? Combien de vies brisées en Syrie, en Afghanistan, au Koweit, en Irak, en Egypte, au Pakistan, en Algérie, en Arabie Saoudite ?
Depuis le début de l’année, près de 70 attentats dans le monde ont fait des centaines de victimes. Aujourd’hui, la cité antique de Palmyre est aux mains de ces malades mentaux et est détruite jour après jour sous prétexte qu’elle est le souvenir d’une autre époque où la « vraie foi » n’était pas respectée. Une cité merveilleuse et sublime qui tombe sous la bêtise humaine sans que personne ne lève le petit doigt. Palmyre, site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, ce qui finalement ne veut strictement rien dire. Si ce n’est qu’elle peut crever dans l’indifférence générale. Une cité qui existait déjà il y a près de 40 siècles et qui connut son apogée sous l’époque gréco-romaine, va disparaître. Et tout le monde s’en fout.

Jusqu’à la prochaine bombe ? Jusqu’à la prochaine décapitation ?

Vous me connaissez maintenant. Vous savez que GamAlive a toujours été un oasis de paix et de tolérance. Un site sur lequel on ne cesse de défendre la pluralité des religions, la multiplicité des avis, où l’on aime débattre de tout et n’importe quoi, pourvu qu’il y ait effectivement débat et non pas des avis imposés et un totalitarisme de pensée.
Parce que nous nous refusons de faire l’amalgame entre Islam et Etat Islamique. Entre fanatisme ou terrorisme et musulmans. Et qu’il est important de le souligner, de le dire encore et encore. De le répéter inlassablement, que le problème n’est pas dans l’étranger mais qu’au contraire, c’est une source de richesse inépuisable, et que se tourner vers l’extrémisme, même politique, même français, est une facilité nauséabonde.
Nous luttons, à notre manière, chaque jour, contre tout extrémisme. Et malgré tout, contre toute forme de violence.

Il y a juste que, des fois, le recours à la violence est finalement inévitable.

Combien de Charlie Hebdo, combien de Marathon de Boston, combien de Palmyre, combien de Sousse avant que les nations ne se décident à une fois pour tout mettre sur la gueule de ces guignols fanatiques ?

On parle de « guerre contre le terrorisme », mais nous ne sommes pas en guerre. Chaque pays adopte une stratégie de défense, de repli, s’occupant ponctuellement de « nettoyer » quelques cellules cancérigènes potentiellement dangereuses qui peuvent gangrener notre nation… au risque parfois d’en voir passer entre les mailles du filet. On ne fait que couper la queue du lézard, en oubliant qu’elle peut repousser à l’infini et qu’il faudrait, une bonne fois pour toutes, s’occuper de sa tête. Je suis loin d’être un défenseur de la solution militaire. Très très loin. Mais parfois, y’a-t-il une autre issue ? Doit-on continuer cette politique de l’autruche ? Ou doit-on mettre un bon coup de pied dans la fourmilière, créer une alliance mondiale où chaque pays aurait son rôle, et venir une bonne fois pour toutes à bout de ces dégénérés ?

Quel sera le prochain attentat ? Qui sera touché ? Vous ? Moi ?

Je sais que rien n’est aussi simple. Qu’il ne suffirait pas d’un claquement de doigts pour faire disparaître l’Etat Islamique. Mais on serait capable de déjouer les différentes protections et espionner les chefs d’Etat et les ministres de tous les pays, mais pas de trouver un camp d’entraînement d’éleveurs de chèvres en plein désert ?
Je ne connais pas la solution. Ni les moyens nécessaires. Je me dis juste qu’au bout d’un moment, il serait peut-être temps de réagir. Pour de bon.