Publié le Dimanche 1 décembre 2013 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du Dimanche

Viva la revolucion

Je n'aime pas notre époque.

Je n'aime pas cet individualisme sauvage qui pousse les hommes à devenir des bêtes prêtes à écraser les autres, pas même pour une histoire de survie, mais simplement de bien-être personnel et égoïste. Cette violence qu’ils sont prêts à faire jaillir sur les femmes, les enfants, les vieillards, juste pour flatter leur égo et s’offrir plus de place au soleil au détriment des autres.

Je n'aime pas cet enfermement de l'esprit et cette radicalisation extrémiste de la morale que l'on voit naître et grossir jusqu'à en devenir inquiétant. Parce que le malheur, c'est forcément la faute des autres et que les autres, ce sont avant tout les étrangers.

Je n'aime pas ce parfum de naphtaline sur des chemises brunes ou noires que l'on tente de faire taire en voulant imposer l’idée que l'extrême-droite en France n'existe plus.
Je n'aime pas cet abrutissement des foules qui en viennent à se rallier à la haine et au racisme en se retranchant derrière l’excuse de la contestation alors que non, c'est juste de la connerie. De la connerie extrême. Et droite.

Je trouve aberrant que l'on puisse autant soutenir un parti haineux et violent tant dans ses propos que dans les actes de ses sympathisants, mais que, a contrario, on continue de croire que les problèmes écologiques sont initiés par « de doux rêveurs » et quelques « neuneus des arbres ».
Et pourtant, Dieu sait si je ne suis pas vert dans l'âme et si bétonner une forêt pour en faire un parking m'en bouge une sans remuer l'autre. Mais franchement, à choisir un combat, autant en choisir un intelligent et utile, non ?
N’est-ce pas consternant de savoir que plus de monde se mobilise au nom de sa race ou nationalité qui doit primer sur celle des autres, plutôt que pour des océans qu’on pollue, des enfants qu’on torture, des pays qu’on exploite, des terres qu’on contamine ?

On en revient toujours à notre même problème d'individualisme qui pousse l'être humain à se foutre que l'on ravage la planète, tant que lui a son saumon au mercure sur son toast, bien assis sur sa chaise en teck. Et je vous rassure, je ne vaux pas mieux que les autres sur ce point. Et puis d'ailleurs, j'aimerais bien savoir quel goût ça a, la viande de panda.

Je trouve aberrant que l'on puisse autant donner de la voix pour refuser une union de personnes de même sexe, mais que personne ne s'indigne de la merde qu'on tente de nous faire ingurgiter à longueur de journée. Que l'on se mobilise contre l'amour mais pas contre l'exclusion ou la pauvreté par exemple.

Je n'aime pas ce discours lamentable et honteux pour vous expliquer que oui, il fait se serrer la ceinture, mais que du coup, hop, on va vous augmenter la TVA, ah mais attention, on n'augmente pas les impôts, juste les charges qui vont avec mais, hein, ce n'est pas pareil et on va vous changer les rythmes scolaires pour faire peser une charge financière importante supplémentaire sur les communes, charge qui forcément un moment ou un autre seront répercutées sur les ménages... Et sinon, vous pourriez continuer de consommer parce que la France en a besoin ?
Mais pauvre con, si on ne consomme plus, ce n'est pas parce que l'on veut mettre du pognon de côté pour nos vieux jours ou en cas de coup dur, mais parce que l'on n'en a plus assez pour ça. Moi j'aimerais bien me taper des tartines de langouste au petit-dej', mais il faudrait déjà que j'ai de quoi en acheter... des tartines.

Ouvrez les yeux. Arrêtez de croire qu’Internet est la source de toutes les solutions et tout le bonheur sur terre. Arrêtez de croire que vous êtes important juste parce que vous avez 50 amis sur Facebook. Arrêtez de croire que vos réflexions et idées sont les seules valables et arrêtez d’inonder chaque parcelle de la toile de votre nauséabond fascisme intellectuel.

Remuez-vous, bordel. Sortez-vous les doigts du cul, comme on dit à l’armée. Regardez le prix du pain et dites-vous qu’il n’y a pas si longtemps, on guillotinait des Rois parce que l’on n’avait plus rien à bouffer. On ne se contentait pas d’acheter un disque pourri de vedettes oubliées ou sur le retour dans le but d’offrir un repas aux plus démunis.
Il y a encore moins longtemps, on balançait des pavés à la gueule des puissants pour lutter contre l’impérialisme, la censure, et sur fond de détérioration de contexte économique.
Aujourd’hui, les dirigeants, qu’ils soient sénateurs, députés ou ministres, rabotent à tout va les aides, déductions, crédits d’impôts et autres petits coups de pouce qui profitent aux ménages, et vous regardent larmoyant en vous expliquant qu’il faut faire un effort, c’est la crise, tout en refusant, eux, qu’on leur supprime le moindre de leurs privilèges. Et vous continuez de leur fournir la vaseline en les élisant.

Arrêtez de me polluer ma France. Arrêtez de me détruire mon pays. Arrêtez de piétiner mes souvenirs et mon éducation. Vos actes et paroles sont autant de coups de faux dans les champs de mes croyances et convictions.

Et je me fous de vous avoir servi un discours vaguement démago, d’un révolutionnaire en calecif devant son écran. Après tout, je n’espère pas vous voir lâcher votre smartphone et sortir dehors pour mettre le feu à la rue. Je ne vous le demande même pas, en fait.
Je vous demande simplement de faire un effort. D’essayer d’arrêter d’être con. Et de vous battre pour des vrais combats. De vous mobiliser pour de vraies raisons. Et non pas parce que « oh la la, le prix des jeux, c’est n’importe quoi aujourd’hui, faisons une pétition ».

En continuant d’œuvrer à notre modeste niveau pour faire un monde meilleur et surtout, moins stupide, je vous laisse aujourd’hui sur ces paroles anarchiques. Comme vous avez pu le voir, je suis d’humeur triste. Permettez-moi de me retirer et d’aller pleurer dans le sein (ou contre les seins qu’elle a fort généreux, plutôt) de mon amie Stéphanie (je vous ai déjà parlé d’elle ?).

Hasta Siempre.