Publié le Mardi 27 mai 2014 à 09:00:00 par Cedric Gasperini
Test de Watch Dogs (PC, PS4, PS3, Xbox One, Xbox 360)
Révolutionnaire ?
L’annonce du retard de Watch Dogs, qui devait sortir en fin d’année dernière en même temps que les nouvelles consoles PS4 et Xbox One, a provoqué un vent de panique et de déception parmi les joueurs. Et pour cause : cette nouvelle licence signée Ubisoft a dès le départ suscité un intérêtet une attente énorme de la part des joueurs.Cette fois-ci, c’est la bonne. Le jeu sort enfin. Pour le meilleur ou pour le pire ?
C’est sur une histoire tragique que Watch Dogs débute. Aiden Pierce est un gangster moderne. Avec son pote bien au chaud derrière son PC, il pirate les comptes des particuliers et des entreprises à distance. Grâce à son téléphone hyper-connecté et puissant, il a accès à vos données, à vos conversations, vos secrets les plus enfouis… Il faut dire qu’à Chicago, le CTOS est une entreprise qui, sous couvert de sécurité, traque et espionne les concitoyens, recueillant toutes les données sur eux. C’est aussi via le CTOS que passent toutes les transactions, les appels téléphoniques, les caméras de surveillance… Aiden et son complice ne font que profiter d’une faille qu’ils ont trouvée dans le système.
Cette fois pourtant, ils manqueront de vigilance et de prudence, se faisant repérer par des individus peu recommandables. Identifiés, ils sont la cible de représailles. Oh, pas grand-chose. Juste de quoi leur faire peur. Mais la tentative d’intimidation d’Aiden va tourner au cauchemar. Et lors de l’accident de voiture qui s’en suit, sa nièce, Lena, perd la vie.
11 mois plus tard, Aiden n’a pas lâché le morceau. Avec de nouveaux complices, les hackers de DEDSEC (ils ont un petit côté Anonymous en moins brouillon), sur le terrain ou derrière des ordinateurs, il tente de retrouver les responsables de la mort de sa nièce. Il va chercher à remonter jusqu’à la source pour lui faire payer.
Un combat difficile et dangereux : cette source a des moyens qui semblent illimités et Aiden doit encore protéger sa sœur et son neveu. C’est le combat de David contre Goliath. Il faudra, par contre, plus qu’une fronde pour en venir à bout.
Bienvenue à Chicago. Ses quartiers, ses rues, ses monuments. Ses habitants surtout. Ultra-ambitieux, Watch Dogs est tout bonnement énorme. Vraiment. Monstrueusement énorme. Chaque personne rencontrée peut être scannée avec votre téléphone, et vous aurez ainsi accès à tout un tas de données. Untel a été innocenté après avoir été accusé de surfer sur des sites pédophiles, machin est un pirate, truc aime le reggae, machine vient d’être plaquée, bidule a fait de la prison… tous, j’ai bien dit tous ont une histoire à raconter. Et ça a un petit côté voyeur particulièremet savoureux. Combien de fois me suis-je arrêté juste pour écouter une conversation téléphonique qui n'a strictement aucun intérêt pour le jeu ? Parmi ces passants, certains peuvent être vraiment piratés : écouter leur conversation, leur voler un peu d’argent, copier une de leur musique (que vous pourrez alors écouter dans le jeu, et elles sont plutôt réussies, d'un point de vue goût personnel)… voire découvrir qu’ils préparent un mauvais coup ou sont membres d’un gang… de quoi s’ouvrir des missions secondaires pour venir en aide aux victimes ou dézinguer les criminels. Certaines modifient même la réalité pour des moment de pur délire (incarnez notamment un araignée géante…).
Au fil de vos histoires, la notoriété de celui qu’on surnomme « le justicier », vous en l’occurrence, augmentera en bien ou en mal. Ecraser un piéton ? Maaaal. Abattre un voleur ? Bieeeen.
Cinq actes, une quarantaine de missions principales composent l’aventure. Comptez une vingtaine d’heures pour en venir à bout. Seulement ? Oui. Mais qui s’arrêterait uniquement à l’histoire principale, hein ? Les missions annexes sont tellement nombreuses… sans compter les balades, les poursuites en voiture, en camion, en bateau, en moto (vous débloquerez de nouveaux véhicules accessibles facilement au fil des missions). Bref, la durée de vie du jeu est multipliée par deux ou trois, facilement. Si ce n’est plus.
Rajoutez des armes, diverses et variées, des combats à main nue… le tout avec un gameplay parfaitement maîtrisé. Si les actions de base sont faciles à prendre en main, le reste l’est tout autant : hacker un feu de signalisation tout en roulant à tombeau ouvert ne demande finalement que de bons réflexes. Idem lors des phases d’infiltration (une touche pour se mettre à couvert), ou de combat. Notez toutefois pour ceux qui s'attendent à un gameplay exigeant et des phases de hacking poussées seront déçus. Souvent, une touche suffit et les différents mini-jeux qui s'apparentent au piratage des serveurs sont d'une facilié déconcertante. A ce titre, on vous conseille directement de choisir un niveau de difficulté élevé. Même le niveau "normal" est somme toute assez simple (quoi qu'il en soit, vous pourrez le changer en pleine partie). Le tir est assez simple et précis lui aussi. On peut même utiliser un « focus » qui ralentit le temps et permet alors de mieux viser, voire hacker ou pirater plus aisément.
Ce qui nous mène au côté jeu de rôle du titre : Il existe 4 arbres d’évolution du personnage : Piratage, Combat, Conduite, Objets fabriqués. Chaque arbre a trois branches et vous permet alors d’être plus performant. Conduite plus agressive, focus, résistance accrue aux balles, plots qui se redressent derrière vous, brouillage, scan de précision… Au fil des points d’expérience glanés, vous choisirez ce qui vous parait le plus judicieux, selon aussi votre style de jeu. Car on peut tout à fait choisir de jouer un vrai justicier au cœur pur, à privilégier l’infiltration et la protection de la population, ou se la jouer plus violent, plus rentre-dedans.
Car Aiden n’est pas « tout blanc ». Loin de là. Son côté sombre se montre parfois à l’écran. Il n’hésite pas à achever certains criminels ou se réjouir de leur disparition, tout comme il ne porte pas la Police dans son cœur. Il apparait toutefois la plupart du temps taciturne, bloqué sur son objectif. Il aurait peut-être gagné à dévoiler plus de failles et sentiments, à être plus accessible, mais personnellement, ce petit côté têtu, borné et un peu inaccessible m’a plutôt séduit.
Si le scénario est parfois un peu confus, avec quelques intervenants dont l’origine n’est pas toujours très claire, et quelques rebondissements soit convenus, soit tirés par les cheveux, cela n’empêche pas que le propos soit adulte, original et l’univers suffisamment innovant pour qu’on accroche sans problème.
Le jeu est surtout, globalement, très bien rythmé, bien pensé, bien mis en scène.
Parce que tout est connecté, il faudra faire attention aussi à votre environnement : poursuivre arme à la main un criminel peut vous valoir un coup de fil d’un passant qui va dire à la Police qu’un malade armé se promène dans les rues… et hop, vous voilà poursuivi.
Mais en retour, vous pourrez hacker ces personnes pour les empêcher d’appeler les forces de l’ordre. Vous pourrez aussi faire passer les feux au vert pour provoquer des accidents et vous échapper plus facilement. Vous introduire dans les caméras de sécurité, dans les systèmes informatiques (les débloquer sera l’occasion d’un mini-jeu assez simple, mais sympa) et j’en passe et j’en oublie.
C’est aussi l’une des composantes du multijoueur. Vous pouvez choisir à tout moment d’accepter un autre joueur dans votre partie. Il fera alors office de hacker et cherchera à pirater vos données. A vous de le découvrir, l’identifier et le prendre en chasse avant de revenir à votre partie. De la même manière, vous pouvez choisir de faire intrusion dans la partie d’un autre. Sympathique. Pas indispensable, mais sympathique.
Graphiquement, nous avons eu la chance de tester le jeu sur PS4 et sur PC. Sur PC, prévoir une bête de course pour avoir un jeu qui déchire la rétine. Nous l’avons testé sur un i7 4770, 16Go de RAM. Et sur une carte qui fait toute la différence : une GeForce 780Ti. Nous y reviendrons plus longuement demain dans un papier plus détaillé, mais sachez qu’entre les deux versions, oui, il y a une sacrée différence.
Malgré tout, la version PS4 s’en sort haut la main. Si certaines rues, certains modèles, certains bâtiments, certains objets sont assez banals, voire flirtent avec une qualité en-dessous de ce à quoi l’on est en droit d’attendre d’un jeu next-gen (genre les bites d’amarrage, hideuses, ou des objets taillés à la serpe), dans la très grande majorité du jeu, Watch Dogs est vraiment joli. Les effets de lumière sont sublimes. La nuit, la ville plonge dans une toute autre ambiance absolument captivante, aux décors enivrants. Les détails, le monde, la circulation… le jeu est tout simplement énorme. Et finalement, il n’est pas rare de s’arrêter devant un paysage ou un monument pour en apprécier toute la splendeur.
Bref, malgré quelques petites fausses notes, Watch Dogs est bel et bien l’un des plus beaux jeux actuellement sur next-gen.
Que ne serait un jeu en monde ouvert, aussi énorme, sans son lot de bugs et de plantages ? De plantages, soyons honnêtes, nous n’en avons pas eu. Un bon point, donc. Même sur PC. C’est dire. Pour ce qui est des bugs, par contre… Watch Dogs en est totalement truffé. Des très gênants, parfois. Dès le début du jeu, par exemple, il m’est arrivé d’être coincé entre une bite d’amarrage et un bateau sans pouvoir ni sauter, ni bouger… bref, obligé de relancer la précédente sauvegarde. Quelques bugs de collision, également. Mais aussi des incohérences. Non, un type avec une balle dans la jambe ne continue pas de galoper comme un lapin tandis que vous le poursuivez. Non, derrière un mur, un passant ne peut pas voir votre flingue que vous planquez d’ailleurs plutôt bien contre vous.
De quoi rebuter ? Non, certainement pas, même si il y a de quoi pester quand vous en êtes victime. Et bien entendu, on pourra parler de l’IA des ennemis pas forcément brillante et très basique… notamment en ce qui concerne la conduite (les véhicules roulent lentement et sont prompts à créer des accidents lorsque vous piratez les feux).
Avec un tel niveau de richesse, le multijoueur peut être anecdotique. Il est pourtant assez riche, même si relativement classique : courses de véhicules, matchs à mort seul ou en équipe, exploration à plusieurs à grands coups de combats, filature, piratage… Bien fichu mais rien de révolutionnaire au final. Un petit plus sympathique, en quelque sorte, même si l’intérêt principal du jeu réside évidemment dans son solo.
Quoi qu’il arrive, au final, Watch Dogs est la bonne surprise qu’on espérait. Vraiment. S’il lui manque un petit je-ne-sais-quoi, un supplément d’âme, une étincelle de plus, pour tout à fait tutoyer les sommets, il n’en est pas moins un jeu original, d’une richesse folle, d’un intérêt énorme et d’une durée de vie très conséquente.
Et parce qu’il faut bien le comparer à un jeu du même genre, la question « par rapport à GTA, ça donne quoi ? » reviendra forcément. Watch Dogs n’a pas l’aura ni la célébrité du jeu de Rockstar. Non, il n’en égalera donc pas les ventes et ne sera pas le raz-de-marée que fut GTA V à sa sortie. Parce qu’il n’en a pas non plus la violence, l’irrespect, l’horreur et la profondeur des personnages, aussi. Pour autant, n’étant pas fan de la série GTA et de ses scenarii qui, à mon sens, sont un fourre-tout insipide et indigeste, j’ai préféré Watch Dogs. Parfaitement. Watch Dogs est mieux que GTA. Question de goût personnel, bien entendu.
Beau, passionnant, alternant action, poursuites, infiltration, espionnage… bref rythmé et varié, Watch Dogs est un jeu parfaitement maîtrisé dans lequel on plonge sans retenue. Il faudra certes accrocher au genre, à l’histoire et aux personnages pour voir en lui autre-chose qu’un GTA-like. Car Watch Dog est d’une profondeur et d’une richesse incroyable. Personnellement, j’ai été séduit et convaincu. Un vrai coup de Maître. Autant dire que c’est bel et bien LE jeu de ce début d’année, à avoir absolument.
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Images du jeu Watch Dogs (PC, PS4, PS3, Xbox One, Xbox 360) :
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