Publié le Lundi 4 novembre 2013 à 12:00:00 par Cedric Gasperini
Battlefield 4 (PC, Xbox 360, PS3)
Une demie pomme pourrie
Quelques jours avant l’arrivée de Call of Duty Ghosts, et avec le secret espoir de lui grignoter quelques parts de marché, Electronic Arts et le développeur DICE nous livrent Battlefield 4. Ce jeu de guerre moderne compte bien s’imposer comme la nouvelle référence du genre. Et autant vous le dire tout de suite : ce n’est pas gagné…Nous sommes en 2020, soit six ans après les évènements de Battlefield 3. Vous jouez Recker, le sergent muet qui dirige l’escouade d’opérations spéciales Tombstone, envoyée dans les endroits chauds du globe et, surtout, en première ligne. Alors que les tensions font rage entre Chinois, Russes et Américains, vous devez naviguer au beau milieu des tirs de mortiers et de roquettes, et crapahuter entre les lignes ennemies pour, au choix, exfiltrer des personnalités importantes, abattre des cibles ou rejoindre des points stratégiques.
Bon. La campagne solo de Battlefield 3 est l’une des plus pourries jamais créée dans un FPS de guerre moderne. On vous rassure de suite, la campagne solo de Battlefield 4 en est son digne successeur. Enchevêtrement de missions sans queue ni tête, héros sans charisme, situations abracadabrantes… le mauvais scénario de cette campagne solo ne vous épargnera rien.
Finalement, vous passez votre temps à pester contre les cartes gigantesques qui vous obligent à tirer sur des ennemis de la taille d’une fourmi, dotés d’une IA catastrophique, tout comme vos alliés qui n’hésiteront pas à vous pousser ou à vous bloquer sous prétexte que vous êtes sur leur chemin, à vous extasier devant des décors qui explosent de partout sous l’impact des balles mais à vous demander quand même pourquoi le camion, alors que vous venez de lui jeter une grenade, ne bouge pas d’un pouce, à voir les ennemis qui vous prennent vous, en priorité, pour cible, allant même jusqu’à tirer à travers vos compagnons pour vous toucher sans que cela ne paraisse le moins du monde complètement bizarre, et à vous retrouver face à des scripts pourris du genre à vous bloquer parce qu’il reste un ennemi à abattre… il est deux salles plus loin, bloqué dans un petit coin, mais il faut l’abattre quand même sinon votre coéquipier n’arrivera jamais à ouvrir cette putain de porte…
Ajoutez des voix françaises d’une nullité rarement atteinte, des dialogues ridicules « Bonjour, je m’appelle Hannah, merci de nous venir en aide – Bonjour, je suis le Caporal Irish, est-ce que vous parlez notre langue ? Est-ce que vous comprenez ce que je dis ? »… euh… elle vient de te saluer dans notre langue, gars…
Bref. Plus d’une fois – plus d’une fois par mission, même – vous aurez simplement envie de flinguer vos coéquipiers, juste pour vous calmer les nerfs.
Encore une fois, et pendant les 5-6 heures que durera cette campagne solo, vous allez assister à un massacre du bon goût, à une insulte à l’intelligence du joueur et à une histoire navrante dont vous ne comprendrez pas grand-chose. De toute manière, vous n’aurez pas envie de comprendre quoi que ce soit.
Situations et comportements aberrants (après avoir coupé une jambe, on garrote, bande de cons), rendus catastrophiques (pourquoi l’avion tombe du porte-avion mais pas les bidons ?) ou choix stupides (rester au bord d’un précipice sans sourciller sur un bateau qui sombre en pleine tempête, ce n’est plus un soldat, c’est Superman)… rien ne vous sera épargné, de Shanghai au Canal de Suez, en passant par Singapour ou je ne sais quelle localité du globe.
C’est bien simple : je vous parie ma première paire de chaussette que même si la campagne solo est courte, vous n’aurez pas envie d’aller au bout.
Je ne dis pas qu’il n’y a pas quelques moments impressionnants. Ni quelques moments épiques. Mais ils se noient dans un océan de médiocrité. Et là, de suite, je repense au temps perdu à discuter avec l’un des développeurs qui m’expliquait à quel point DICE avait appris de ses erreurs et mis l’accent sur la campagne solo qu’ils considèrent comme une véritable et importante partie du jeu. « ça compte pour 50% » me déclarait-il alors. J’aurais mieux fait de le frapper tout de suite, en prévision.
Le rythme est mal dosé, les scripts sont foireux, l’IA est lamentable… comment peut-on vouloir imposer son jeu comme une référence et proposer une campagne solo aussi ratée ?
Alors par contre, graphiquement, le jeu dépote. Sévère. C’est clair. Le Frostbite Engine 3 est loin devant ses concurrents (enfin, devant Call of Duty). Une multitude de détails, des textures sublimes… On notera certes quelques ratés comme du popping (objets qui apparaissent d’un seul coup) surtout lors des phases en véhicules, ou des visages mal animés (regards trop bas, lèvres qui parfois restent immobiles, expressions cireuses). Mais ce sont des petits détails.
Testé sur PC, via une GTX560 comme carte graphique, le jeu n’est pas trop gourmand et offre une qualité visuelle rarement atteinte dans le genre.
C’est à tomber. Effets de particules, explosions, flous, gestion des lumières, gestion des dégâts des décors… c’est du très grand art. C’est du coup d’autant plus dommage que le jeu ne soit pas à la hauteur.
Bref, pour conclure, il serait bon que DICE oublie carrément la campagne solo pour Battlefield 5 et se concentre uniquement sur le multijoueur. Parce qu’autant côté solo, c’est une vraie catastrophe, autant le multijoueur lui, est effectivement une référence.
On passera rapidement sur l’interface que, personnellement, je trouve brouillonne et mal fichue, difficile à comprendre pour le novice et surtout, compliquée pour créer une partie ou même savoir laquelle on rejoint vraiment.
On passera également sur les bugs – présents dans le solo ou multi – ou les retours bureau intempestifs parce que le jeu a planté, voire les temps de chargement parfois très longs.
Heureusement, la plupart du temps, tout va (à peu près) bien. Et forcément, avec les patches et autres corrections apportées au fil du temps par le développeur, tout ira de mieux en mieux.
Concentrons-nous sur ce que Battlefield 4 a de meilleur, donc. Le jeu propose 7 modes multijoueur (on évitera de compter dedans le mode Test, simple mode entraînement).
- Conquête classique permet de réduire le nombre de points de l’équipe adverse à chaque fois que l’on abat un de ses hommes ou que l’on prend possession d’un objectif. C’est, soit dit en passant, le mode le plus joué actuellement sur les serveurs.
- Ruée Classique vous demande de faire exploser deux objectifs.
- Team Deathmatch est un match à mort par équipe tout ce qu’il y a de plus classique.
- Anéantissement : les deux équipes se disputent une bombe et doivent faire sauter différents objectifs ennemis.
- Match à mort en escouade : 4 équipes combattent.
- Domination : il faut réussir à prendre – et tenir – différents objectifs.
- Commandement : vous ne jouez pas, mais vous soutenez stratégiquement vos coéquipiers en leur envoyant des munitions, des bonus, ou en leur indiquant le chemin à prendre, dans tous les autres modes du jeu.
A part ce dernier mode, donc, on reste quand même dans le très classique. C’est peut-être là, d’ailleurs, le plus gros – le seul ? – reproche que l’on puisse faire au multijoueur de Battlefield 4. Un peu plus de folie dans les modes, dans les objectifs, dans les conditions de victoire, auraient été les bienvenues.
Le mode Anéantissement est également nouveau, et plutôt bien rythmé : tous les joueurs savent en permanence où est la bombe et… qui l’a entre les mains…
L’accent a été finalement mis sur l’aspect évolution d’une même partie. Baptisé « Levolution », ce nouveau terme signifie que selon les actions des joueurs, une carte se retrouve totalement modifiée en cours de partie. Dans la carte Siège de Shangaï, c’est un gratte-ciel entier qui s’effondre si vous en détruisez les piliers de soutien. Et tant pis s’il reste du monde à l’intérieur. Dans Dawnbreaker, faire exploser des tuyaux de gaz fait effondrer certaines rues et détruit les ponts. Dans Flood Zone, la carte est inondée et la rend quasiment impraticable. Dans Paracel Storm, au fil de la partie, un typhon s’abat sur les joueurs et rend inutilisable les armes à distance…
A chaque fois, les modifications transforment non seulement l’aspect général de la carte, mais également le gameplay en profondeur. Et pour le coup, c’est là la vraie innovation du jeu.
Les 10 cartes proposées sont assez variées, et offrent des ressentis et feeling bien différents. Certaines lorgnent du côté de Call of Duty et ses affrontements rapprochés, comme Operation Locker, qui n’a aucun véhicule disponible sur la carte, une prison à flanc de montagne, d’autres font justement la part belle à ces véhicules, comme Rogue Transmission, d’autres sont vraiment tournées vers l’infanterie, comme Flood Zone, et d’autres, enfin, arrivent à ménager la chèvre et le choux, en permettant de se faire plaisir à pieds ou en pilotant l’un des nombreux engins disponibles, du tank à l’avion de combat en passant par l’hélico et j’en passe.
Bien entendu, au fil de sa progression, le joueur débloquera de nouvelles armes et de nouveaux gadgets, différents selon sa classe. Assaut, éclaireur, ingénrieur, soutien… chacun a ses avantages, ses forces et ses faiblesses.
Tout un tas de petits détails et ajustements ont également été apportés. La possibilité de nager sous l’eau pour échapper aux balles ennemies. La possibilité (moins convaincante toutefois) de contrer un assassinat au couteau porté de face, et le « renvoyer » ce qui tue votre assaillant… le mode spectateur, pour suivre les parties ou permettre de mieux enregistrer des vidéos des meilleurs affrontements sous d’autres angles.
Dans tous les cas, à 32 joueurs sur consoles maximum et à 64 joueurs sur PC, le multi de Battlefield 4 est un modèle du genre. Dans la stricte lignée des précédents volets, il offre des cartes gigantesques, fourmillant d’actions à faire, de véhicules à prendre, d’endroits où se poster, et offre des combats titanesques et délirants.
Très tactiques, au final, ils demandent une vraie coordination d’équipe. Les joueurs habitués à faire cavalier seul seront rapidement mis sur la touche de l’action et auront toutes les peines du monde à se faire une place dans les parties. Il faut vraiment bien gérer ses attaques, ses percées, et y aller en groupe.
Au final, comment vraiment noter Battlefield 4 ? Doit-on noter uniquement le multijoueur ? C’est là le seul intérêt du jeu. Mais cela serait du coup mal renseigner ceux pour qui les deux parties sont importantes…
Quelle note lui donner ? D’un côté un multijoueur est ertes classique pour la série et sans innovation majeure, mais toujours aussi fun et captivant, un modèle du genre et une vraie réussite. Mais d’un autre, un jeu solo désastreux et qui nous fait dire que sans lui, on aurait peut-être eu quelques cartes multi en plus, quelques modes supplémentaires…
On se retrouve avec un jeu bâtard, avec une demi-pomme pourrie. Et on se contentera de dire que si vous comptez jouer surtout à la campagne solo et faire, éventuellement un peu de multijoueur, le jeu n’en vaut pas la chandelle. Oubliez. Ou attendez une éventuelle baisse de prix. Si par contre c’est le mode multijoueur et uniquement lui qui vous intéresse dans Battlefield 4, vous ne serez pas déçus. Dans son genre, c’est l’un des meilleurs, voire le meilleur. Alors foncez, tout simplement.
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Battlefield 4 (PC, Xbox 360, PS3)
Plateformes : PC - Xbox 360 - PS3
Editeur : Electronic Arts
Développeur : DICE
PEGI : 18+
Prix : 60 €
Images du jeu Battlefield 4 (PC, Xbox 360, PS3) :
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