D’un point de vue strictement personnel, la série des Uncharted est sans doute la série la plus excitante de ces dernières années, en matière de jeu vidéo. Des personnages attachants et hauts en couleur, de vrais, bons scenarii bien construits et qui veulent vraiment raconter quelque chose, un graphisme éblouissant, une jouabilité sans faille, un savoureux mélange d’action et d’aventure… c’est l’improbable rencontre réussie entre le jeu vidéo et le cinéma.
Bref, tout nouvel épisode d’Uncharted me renvoie à mes années pucelles et me faut chavirer comme une midinette.
Autant dire que j’attendais avec impatience ce nouveau jeu, le premier sur la PlayStation Vita, Uncharted : Golden Abyss.
Sachez pour commencer que l’action se situe avant le tout premier jeu sur PS3. Nathan n’a pas encore rencontré sa journaliste, n’est pas marié, et vit une vie dissolue aux quatre coins du globe. Cette fois-ci, c’est son pote Jason Dante, sorte de poissard friqué, qui l’entraîne en Amérique Centrale sur les traces d’une mystérieuse cité d’or. Bien entendu, tout ne va pas se passer comme prévu. Après avoir crapahuté dans la jungle, escaladé quelques parois, traversé des troncs d’arbres au milieu de ravins et des ponts en bois pourris, ils vont tomber sur l’armée révolutionnaire du Général Guerro. Rapidement, Nathan se retrouve à faire équipe avec une jeune archéologue, se faisant appeler Chase, et qui est à la recherche de son grand-père disparu.
Jungles, cours d’eaux, grottes, ruines, crevasses, passages oubliés… nos héros vont multiplier les cascades et les aventures périlleuses pour retrouver le papounet, éviter le général, et se sortir coûte que coûte de ce véritable panier de crabes.
L’inégalable Sully viendra d’ailleurs lui-même faire un petit tour au côté de Nathan, parce qu’un Uncharted sans lui n’est pas vraiment un Uncharted. Son apparition offre d’ailleurs un vent frais et relance pleinement et avec brio l’aventure, soit dit en passant.
Le jeu reste du même acabit que ses aînés. On explore, on escalade, et parfois, on tire sur des ennemis. Les développeurs ont à ce sujet parfaitement exploité les capacités de la console PS Vita et ce, à plus d’un titre. Techniquement, d’abord, mais on en reparlera. Ensuite, ils ont incorporé tout un tas de possibilités de gameplay inhérentes à l’écran tactile ou au pavé arrière. Le pavé sert à faire tourner les objets que vous devrez inspecter ou dépoussiérer. Ce dépoussiérage est fait à l’aide de l’écran tactile, en passant le doigt sur l’objet. Cet écran tactile sert également à tout un tas d’autres choses : récupérer un trésor à terre, ou même indiquer le chemin à suivre lors d’une escalade, en touchant les différents affleurements de parois dans l’ordre que vous désirez.
Accessoires la plupart du temps, ces possibilités offrent un confort de jeu à certains moments où l’angle de la caméra et les commandes sont un peu bancales. Cela vous permet de ne pas vous énerver sur un quelconque problème et de continuer facilement votre progression. Les QTE sont également réalisés à l’aide de cet écran tactile : récupérer Nathan alors qu’il manque de tomber, ou les combats au corps à corps, nécessite d’appuyer ou de faire courir son doigt dans un sens précis sur l’écran.
Entre les phases d’exploration, de nombreux combats émaillent l’aventure. Vous aurez à faire à des snipers, des types en armure, des types armés de mitrailleuses lourdes, de lance-grenades, de lance-roquettes… et parfois en nombre. Pas toujours évident, mais certains combats, comme celui au pieds de la pyramide par exemple, sont tout bonnement jouissifs.
L’une des grandes trouvailles du jeu et l’un de ses points essentiels est d’avoir disséminé partout dans les niveaux tout un tas de bonus. Qu’il s’agisse de prendre des photos à un point précis ou récupérer des statuettes, des pièces de jade ou des glyphes de turquoise, , des objets d’un personnage, des témoignages d’anciens conquistadores, des souvenirs d’anciennes civilisations, ou même faire des calques au charbon de bois de certains reliefs (effectués grâce à la fonction tactile de l’écran), il y a des centaines de choses à ramasser et à trouver, parfois bien cachées, dans les niveaux. Cette abondance, plutôt jouissive, donne un bon et un mauvais côté au jeu, à bien y réfléchir. Un bon côté parce qu’il aiguise notre collectionnite aigue et nous pousse à visiter chaque recoin des niveaux, à essayer tout et n’importe quoi pour atteindre des corniches éloignées, des passages cachés… et offre une rejouabilité très importante. Le mauvais côté des choses est que cette surabondance plombe finalement le rythme. Un personnage est en danger et il faut vite aller l’aider ? Attends, hein, je regarde dans le coin voir s’il n’y a pas d’objets…
Un conseil, donc, que vous auriez intérêt à suivre : jouez deux fois au jeu. Une première fois en vous focalisant sur l’histoire et ramassant çà et là quelques objets, sans trop en faire. Et une autre fois en fouillant partout et vous focalisant sur la recherche de ces bonus.
Et d’ailleurs, puisqu’on en parle, abordons le sujet des problèmes du jeu et des reproches à lui faire. Le plus gros reproche, à mon sens, est sa facilité style « grand public ». Même si les niveaux de difficultés élevés représentent un gros challenge, ils ne le sont que lors des phases de combat. Pour tout ce qui est phase de plateforme, avec la grimpette, c’est du travail tellement mâché que ça en vient détestable et pénible. Comprenez par-là que vous ne pourrez que rarement tomber lors de vos séances de varappe. Impossible de lâcher une prise si ce n’est pas prévu. Impossible de sauter dans le vide à certains endroits et donc d’accélérer une descente ou une montée… et ça, c’est quand même bien lourd et ça tue un peu le réalisme. Gênante, aussi, l’impossibilité de revenir en arrière à certains moments, dans un même niveau.
Enfin, le jeu souffre de quelques bugs. Plantages, impossibilité de faire tourner un objet que vous devez dépoussiérer devant et derrière, voire même acolyte qui se coince dans les rochers et empêche donc le lancement d’une cinématique… Alors certes, on quitte la partie, on relance la dernière sauvegarde (sauf pour l’objet, six relances ont été nécessaires !!!) et roule ma poule… mais c’est quand même pénible et ça fait « tache » sur un tel jeu.
Reste que cet Uncharted Golden Abyss est une véritable tuerie, et ce malgré ses défauts. Malgré un aliasing parfois trop marqué, il offre un graphisme somptueux. C’est sans nul doute le plus beau jeu jamais vu sur une console portable. On n’est certes pas au niveau des PS3 ou Xbox 360, mais c’est quand même une jolie claque. Et tout ça, sans que l’animation en souffre le moins du monde. Ajoutez un scénario toujours aussi captivant. Ajoutez une durée de vie conséquente (une petite dizaine d’heures en mode normal, à multiplier par au moins deux ou trois pour parvenir à trouver tous les bonus cachés. Une bande-son toujours sublime. Des doublages très réussis. Des puzzles passionnants. Techniquement, le jeu est au poil. Scénaristiquement, il est toujours aussi réussi. Bref, c’est incontestablement LE jeu à posséder absolument sur PS Vita.