Jurassic Park : The Game (PC, Mac, PS3, Xbox 360)

 

Publié le Mercredi 30 novembre 2011 à 12:00:00 par Alexandre Combralier

 

Test Jurassic Park : The Game (PC, Mac, PS3, Xbox 360)

Le ''jeu'' où vous êtes parké

imageEn regardant ne serait-ce qu’une seconde la jaquette du jeu, que voit-on ? « Jurassic Park : The Game ». Notre intellect se remue dans tous les sens et en déduit qu’il s’agit d’une adaptation en jeu vidéo du premier film Jurassic Park, sorti en 1993. Eh bien, non. Il ne s’agit ni d’une adaptation de la trame du premier film… ni à proprement parler d’un jeu vidéo.

Le premier point (un jeu qui n’adapte pas le scénario du premier film) n’est pas un reproche. Bien au contraire. En se libérant de la trame principale, Jurassic Park : The Game s’évite ainsi le reproche récurrent des adaptations de jeu vidéo, trop prisonnières de l’intrigue du film ou du roman pour délivrer une expérience satisfaisante. Les événements du « jeu » ont bien un rapport avec le premier film ; ils débutent juste au moment où le générique de fin commence, lorsque le docteur Hammond et sa clique quittent l’île aux dinos. Le jeu est donc l’occasion de retrouver des personnages inédits dans une aventure inédite, et c’est tant mieux. Le principe n’en reste pas pour autant chamboulé : des personnages sont coincés sur l’île et tentent d’éviter de servir de casse-croûte à la première Dame T-Rex venue (car oui, il n’y a que des femelles sur l’île). Gerry Harding et sa fille Jessica auront ainsi l’honneur de côtoyer l’autochtone Nima, le Dr Sorkin, et Billy et Oscar, deux commandos chargés de ramener les gens précédemment cités sains et saufs sur le continent. Chaque personnage a son caractère bien à lui et ses motivations propres, ce qui confère un certain suspense au titre. Mais si vous le voulez bien, on reviendra sur le scénario plus tard. Parlons du « jeu ».
 
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screenOn aurait dû se méfier : « Telltale Games » s’est chargé du développement du jeu. Telltale Games, outre un nom évocateur (« Raconte-moi une histoire, père Castor »), est surtout spécialisé dans le jeu d’aventure point’n click sur PC. Pas vraiment le genre de studio à faire un jeu d’action où l’on déchire des dinos à coups de lance-roquettes, donc. Sauf que Jurassic Park : The Game n’est même pas assez interactif pour être qualifié de point’n clik. C’est un un film interactif.  
 
Le « jeu » se découpe en deux moments distincts. Dans le premier moment, il s’agit de bêtes et méchantes séquences de QTE (« Quick Time Events »  moments où il faut rapidement appuyer sur une touche donnée). On l’a vu dans Heavy Rain, ce genre de séquences, bien employé, peut donner un charme neuf au gameplay d’un titre. Malheureusement, ces séquences, qui constituent pourtant les deux tiers du "jeu", sont très loin d’être réussies. La faute à un manque d’intuition de la plupart des QTE. Un exemple ? Un vélociraptor va me sauter dessus. Je peux me précipiter sur la gauche… sauf que je dois appuyer sur la touche droite. Ce n’est bien entendu pas toujours le cas, mais on aurait clairement aimé que Telltale Games consacre plus d’attention à cet aspect du jeu. Certaines séquences de QTE se base aussi sur le die and retry. On n’a rien contre ce principe lorsqu’il s’agit d’un jeu de plateforme léché, mais refaire toute une série de QTE n’enchantera personne. D’ailleurs, quand ils ne sont pas hors-sujet, les QTE sont aussi, souvent, rébarbatifs : faire une combinaison laborieuse de cinq touches de suite pour tirer une balle de tranquillisant sur un dino, et refaire le tout quatre fois, est tout sauf amusant. Dommage, si le but était de divertir.
 
screenLe second moment du « jeu » consiste en une phase d’énigmes. Enfin, d’énigmes, c’est un grand mot. Il faudrait être benêt pour être bloqué : les énigmes ne vont jamais chercher bien loin, et cliquer de partout suffit pour les résoudre. Il n’y a véritablement aucune énigme qui vaille le détour, et aucune n’est véritablement originale. On pourra bien jongler parfois entre différents tableaux et différents personnages, mais l’expérience n’en sera pas franchement changée. Là encore, certaines résolutions d’énigmes peuvent être rébarbatives, comme une où il faut faire cinq ou six aller-retour pour déclencher une phase de dialogue qui fera enfin avancer l’histoire. Bref, dans tous les cas, on s’ennuie ferme.
 
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screenAu niveau du gameplay, il reste à signaler, mais vous l’avez sûrement deviné, l’incroyable linéarité du tout. Vous serez constamment sur des rails. Du genre étroits, les rails. Oh, on vous donnera bien, à des moments précis, l’illusion de ramifications. Du vent. Un exemple, là encore : deux personnages, dont l’un est le joueur, sont entourés par des dinosaures peu amicaux ; mon compagnon me propose deux solutions : courir jusqu’à la voiture, ou faire diversion. Je clique sur « foncer jusqu’à la voiture » (je suis du genre gros buffle) ; oui mais non, me réplique mon acolyte, il vaut mieux faire diversion. Merci pour la liberté. On peut noter tout de même qu’un choix, à la fin du "jeu", fera mourir, ou non, un personnage-clé. Mais cette « fin alternative » n’en est pas vraiment une, et ladite mort ne change pour ainsi dire pas grand-chose à la séquence finale. Des rails, donc. 
 
Avant de se pencher sur le scénario, évoquons brièvement l’enrobage du titre. Au niveau des graphismes, tout d’abord, Jurassic Park : The Game est plutôt daté. Si les expressions des personnages sont passables, le reste a deux ou trois bonnes années de retard (et notamment les animations « préhistoriques » des dinosaures, trop rigides pour être crédibles). Les décors manquent clairement de finesse, et même une relative réussite de la direction artistique ne peut venir les rattraper. Pour ce qui est du son, le titre reprend les musiques du film original, sans réussir à les mettre en valeur intelligemment. Enfin, les voix anglaises (les sous-titres sont en français, heureusement) sont loin d’être mauvaises, mais manquent encore d’un certain talent qui les ferait accéder au niveau supérieur.  
 
screenPour être complet sur l’aspect technique, il faudrait encore évoquer deux défauts très maladroits. Le premier, c’est que Telltale Game, malgré la linéarité de son « jeu », s’est débrouillé pour le laisser avec des bugs existants, notamment sur certaines séquences de dialogues dans la deuxième partie du "jeu" qui resteront bloquées. Le second, c’est qu’il faudra basculer votre clavier en QWERTY vous-mêmes pour pouvoir convenablement y jouer. Ce n’est pas être exigeant que de demander que les versions françaises soient en AZERTY natif, non ?
 
Arrivé à ce stade, un mauvais pressentiment devrait vous saisir. Il faut dire que le tableau jusqu’alors dressé n’est guère reluisant. En gros, Jurassic Park : The Game serait un ersatz totalement raté d’Heavy Rain. Il y a un seul point qui peut désormais sauver le titre : son scénario. S’il est du même niveau que le reste, Jurassic Park : The Game file tout droit vers un joli 2/10 avec le bonnet d’âne de la rédaction en prime ; s’il est réussi, Jurassic Park : The Game est sauvé des eaux.  
 
screenQu’en est-il donc du scénario du « jeu » ? Autant vous le dire tout de suite, on l’a plutôt aimé. Sur une période de huit heures, le titre réussit pourtant à n’avoir presque aucune longueur de rythme. Il n’a jamais trop de séquences « d’action » pour les banaliser. Cela tient surtout à la diversité des situations présentées, multiplicité qui est aussi celle des enjeux et des personnages joués. On l’a déjà dit en introduction : chaque personnage a ses motivations propres. Même la fille a quelque chose à cacher à son père. Comme de bien entendu, les fils vont peu à se recouper, et l’intrigue se nouer. Le scénario est réellement solide et pourrait servir de base à la trame d’un roman qui aurait toutes les chances d’être de qualité. 
 
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screenCe n’est pas une surprise, c’est surtout l’ambiance « survie en milieu hostile » qui est la plus réussie. Les personnages errent à travers Isla Nublar, passent par tous les chemins possibles, des souterrains aux aquariums. On a vraiment la sensation d’être plongé au milieu d’un enfer insoutenable. Unités de lieu, de temps et d’action sont au rendez-vous pour renforcer l’immersion du spectateur-joueur. Car vous serez bien immergés dans cet univers et, malgré le gameplay rapidement ennuyeux, vous aurez l’envie de connaître le fin mot de l’histoire. Exceptées quelques facilités dans le scénario (des réconciliations un peu trop rapides, notamment) et une fin prévisible, décevante et rapidement envoyée (et de surcroît très franchement inspirée de celle de Uncharted premier du nom), le scénario tient donc la route.  

screenAlors, par quel bout prendre Jurassic Park : The Game ? En tant que jeu, il ne vaut pas trois sous. En tant que prolongement du film teinté d’interactivité, il peut valoir le coup. Il s’agit en réalité d’un type de « jeu » qui convient le mieux soit à des joueurs qui recherchent avant tout un bon scénario, soit à des vieux de la vieille qui ne voudraient pas trop se prendre la tête avec du gameplay et vivre simplement une aventure rondement menée. Le problème, c’est que l’on conseillera à ces deux types de joueurs d’aller voir ailleurs, ailleurs que dans le monde du jeu vidéo, s’entend. On le recommandera donc avant tout aux fans absolus du premier film qui seront comblés quoi qu’il arrive.
 
Sorte d’Heavy Rain du pauvre, Jurassic Park : The Game est très clairement dispensable. Telltale Games a voulu tout miser sur le scénario : certes celui-ci est tout à fait satisfaisant, voire franchement plaisant ; mais il en ressort au final un titre bien trop déséquilibré. Qui n’a pas le talent de David Cage et de son équipe devrait éviter de se frotter au genre du film interactif…


 
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Jurassic Park : The Game (PC, Mac, PS3, Xbox 360)

Plateformes : PC - Xbox 360 - PS3

Editeur : Telltale Games

Développeur : Telltale Games

PEGI : 12+

Prix : 30 €

Aller sur le site officiel

LA NOTE

LA NOTE DES LECTEURS

note 5/10

 

 

Images du jeu Jurassic Park : The Game (PC, Mac, PS3, Xbox 360) :

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