Publié le Mardi 4 octobre 2011 à 12:00:00 par Cedric Gasperini
Le jeu le plus difficile jamais créé
Jeu exclusivement réservé aux hardcore gamers, Demon Souls fut la belle révélation de cette année 2010. Ce RPG occidental développé, une fois n’est pas coutume, par les japonais de From Software, a réussi à séduire par son ambiance gothique, sombre, violente, et son gameplay exigeant.
Hier exclusivité PS3, sa suite débarque aujourd’hui également sur Xbox 360. Et Dark Souls enfonce un peu plus le clou : plus sombre, plus violent et bien plus difficile que son aîné… au risque de perdre quelques joueurs sur la route ?
Après une courte cinématique vous dévoilant le monde, la guerre des ténèbres contre les dragons et le chaos qui en suivit, le jeu débute alors que votre personnage est enfermé dans une prison sordide. C’est le lot de tous morts-vivants, laissés à croupir dans une geôle .Et vous êtes l’un d’eux. Votre visage décomposé témoigne de votre triste état.
Vous aurez préalablement choisi votre nom, sexe, apparence (tête, peau, yeux, corpulence) et classe de personnage. Une dizaine sont disponibles : guerrier, aventurier, voleur, mendiant, clerc, bandit, pyromancien et j’en passe. Chaque offre des avantages et des inconvénients, notamment concernant la résistance, la dextérité, et autres caractéristiques qui varient selon le choix effectué.
De la même sorte, vous aurez à choisir un « don ». A savoir une amulette qui vous apportera – ou non d’ailleurs – un certain avantage durant le jeu : Points de vie qui augmentent régulièrement, pyromancie améliorée…
Et vous voilà lancé dans l’aventure. Ou du moins, dans un cachot. Quand un homme en armure vous lance un cadavre dans votre cellule, cadavre sur lequel est cachée une clef, vous décidez alors de prendre la poudre d’escampette. Votre seul but sera alors de retrouver votre humanité. Et la route va être longue. Longue et semée d’embûches. De nombreux combats, parfois irréalistes de difficultés, et de nombreuses énigmes vous attendent. Et de nombreux « game over » également.
Vos premiers pas font office de tutoriel, avec quelques messages écrits çà et là sur le sol. Un combat par-ci, un boss à éviter par-là, une énigme loin d’être évidente un peu plus loin… et vous voilà plongé directement dans l’action.
Le jeu se joue en vue extérieure (dite « à la troisième personne »). Gâchettes pour frapper faiblement et vite ou fort et plus lentement, possibilité d’enchaîner les combos, bouclier pour se protéger, roulades… il faut savoir plusieurs choses quant à la jouabilité du titre. Déjà, chaque arme est véritablement différente et se joue de manière quasiment unique (enfin à peu près). Il vous faudra donc un certain temps pour la maîtriser tout à fait et être familier de son rythme et sa puissance de frappe. De la même manière, chaque classe de personnage est unique. Là encore, chacune a ses différences, ses atouts et ses désavantages dans la progression de l’histoire. Autant dire que la rejouabilité du titre est importante, pour peu que vous vouliez en découvrir chaque facette.
Dark Souls est donc une sorte de beat’em all. Vous rencontrez des ennemis et les hachez menu (ou les éviscérez, les réduisez en cendres… c’est au choix et selon vos capacités et votre armement). Parfois, vous croisez un boss. Ces derniers sont plutôt nombreux. Plutôt terrifiants. Et plutôt balaises. En deux coups, ils auront tôt fait de vous réduire en charpie et vous renvoyer au dernier point de sauvegarde (symbolisé par des feux de camps, où vous pouvez aussi récupérer votre énergie vitale).
Mais ce qu’il faut souligner, c’est que si Demon’s Souls était difficile, Dark Souls est à la limite de l’irréalisable. C’est sans doute l’un des jeux les plus difficiles qu’il nous ait été donné de voir. Et certainement le plus difficile de ces cinq ou six dernières années. Tout est affaire d’intelligence et de timing. Surtout de timing, soit dit en passant. Faire une roulade au bon moment, parer avec précision, enchaîner les frappes, contrer… loin d’être un « hack’n slash » classique, Dark Souls est plus un « rhythm and game ». Un jeu de rythme. Et il est vraiment, vraiment, vraiment, super dur.
La moindre approximation, la moindre hésitation, le moindre coup lancé trop tôt ou sort lancé au mauvais moment face à des ennemis qui enchaînent les coups et se regroupent pour être plus puissants, donne lieu à une sanction menant, dans le meilleur des cas, à une perte sévère de vie, et dans le pire, à une mort prématurée. Et des morts prématurées, vous allez en manger. Par centaines. Il n’est pas rare de refaire un parcours 10, 20 voire même 30 fois pour enfin arriver à passer.
On notera, enfin, les âmes ramassées le long du chemin et les points d’humanité, plus retors à trouver, qui permettront au héros de se sentir un peu plus vivant. Du coup, vous pourrez invoquer les fantômes d’autres joueurs pour vous aider le temps d’un combat (voire vous proposer pour ce rôle).
Cet aspect multijoueur est intrinsèquement lié au jeu solo. Se regrouper en petite faction d’aventuriers pour avancer dans le jeu est plaisant, certes, mais surtout primordiale pour passer certains passages trop ardus. On peut aussi laisser des messages aux autres. On peut également, en activant des traces de sang, voir les fantômes des expériences malheureuses d’autres joueurs.
De la même façon, au fur et à mesure de l’augmentation de votre niveau, vous gagnerez en résistance, en force et pourrez acheter de nouvelles armes et armures aux marchands.
Reste que Dark Souls n’est pas exempt de défauts. Loin de là. Graphiquement, tout d’abord. Si côté ambiance, il n’y a pas grand-chose à redire, certaines textures sont tout de même assez vilaines. Et globalement, même si l’on croisera quelques beaux horizons, le jeu reste granuleux, et doté d’un moteur plutôt moyen. Plus que les décors, ce sont les personnages et les animations qui sont le gros point noir du jeu.
L’autre gros souci concerne la chute de framerate. A certains moments, le jeu rame de manière pénible… et frustrante. Parce que Dark Souls est un jeu de rythme, où il faut appuyer sur le bon bouton au bon moment, cette perte de fluidité est quasiment toujours sanctionnée par la mort du personnage (ou la perte d’une bonne partie de ses points de vie). Et c’est vraiment, vraiment rageant (surtout quand ça vous arrive au bout d’un vingtième essai à tuer un boss et que vous y êtes quasiment parvenu). J’avoue avoir été plus d’une fois à deux doigts de balancer ma manette par la fenêtre. On pourra enfin parler de temps de chargements un peu longuets (installation conseillée), et quelques bugs par-ci par-là. Ah, oui, et une physique des corps à la limite du ridicule quand vous marchez contre un cadavre, poupée de chiffon sans poids qui valse sous vos pieds.
Mais au final, la vraie question qui moi, me taraude, est : Dark Souls est-il franchement un très bon jeu ? Un bon jeu, au-dessus du lot, oui. Mais un très bon jeu ?
Certains confrères et sans doute les plus assidus des joueurs répondront un grand, franc et massif « oui », à n’en pas douter.
Pour ma part, j’ai décidé d’être plus nuancé. Oui Dark Souls est un bon jeu. Bien foutu, bien réalisé, et qui offre un super challenge. Mais pour le coup, c’est ce « super challenge » qui, moi, m’a gonflé. Au plus haut point. Cette surenchère de difficulté m’a sérieusement gavé. Mourir de temps en temps, refaire deux, trois fois les mêmes passages parce qu’ils sont difficiles, soit. Cinq six fois dans le pire des cas, passe également. Mais devoir se cogner dix, quinze, vingt fois des boss ou des passages trop chauds, en être à supplier d’autres joueurs de vous filer un coup de main parce que vous n’y arrivez décidemment pas, non. Certains invoqueront le plaisir de la délivrance une fois réussi, moi j’ai choisi de retenir les deux heures de frustration auparavant.
Autrement dit, j’estime que From Software, à vouloir rendre son jeu trop difficile, l’a pourri et a, finalement, occulté une partie du plaisir et surtout, a ruiné l’immersion, pour en faire une simple succession de défis plus ardus les uns que les autres.
Certains aimeront et trouveront donc en Dark Souls une vraie tuerie, et l’un des tous meilleurs jeux de l’année. Moi pas. C’est un choix.