Publié le Mardi 21 juin 2011 à 12:00:00 par Cedric Gasperini
Une belle paire de nouilles
Le genre Heroic-fantasy a souvent cédé aux caprices de la facilité en ce qui concerne ses personnages et son scénario. Une grosse brute pleine de muscles, une nana sexy qui chevauche à ses côtés, un gros méchant qui menace le monde et vas-y que nos deux héros vont maraver la tronche des légions infernales envoyées par l’abject ennemi.
Hunted : The Demon’s Forge ne déroge pas à la règle.
Lui, c’est Caddoc. Un héros avec un nom de chèques-cadeaux, crâne rasé, un vrai, un pur, un dur, un tatoué. Une montagne de muscles qu’il met au service d’armes tranchantes.
Elle, c’est E’lara (Fabian). Une elfe aux courbes généreuses qu’on entraînerait bien dans un fourré si elle ne maniait l’arc comme s’il était une extension naturelle de son bras.
Tous deux sont des mercenaires ne vivant que pour louer leurs services de dézingueurs de monstres et créatures dangereuses contre espèces sonnantes et trébuchantes.
Jusqu’au jour où Caddoc se met à faire d’étranges rêves, n’incluant malheureusement pas quelques naïades dévêtues, un tube de lubrifiant et… euh… un concombre, mais des monstres, du sang, de la violence et une étrange demoiselle.
Comme par hasard, c’est cette même demoiselle qui leur demande d’aller récupérer un artefact oublié. Et comme notre barbare bodybuildé voudrait bien connaître le pourquoi du comment de ses rêves prémonitoires, les deux héros acceptent la mission, récupèrent l’objet et se retrouvent d’un seul coup au beau milieu de hordes de squelettes et autres monstres sortis tout droit des enfers qui reviennent à la vie.
Passablement énervés, les deux vont chercher à savoir ce qu’il se passe, et trouver le pourquoi du comment d’un tel merdier.
Vous pouvez jouer Caddoc ou E’Lara, au choix. Les deux personnages ont bien entendu une jouabilité totalement différente. Le premier, même s’il est doté d’une arbalète, préfèrera sauter dans le tas et découper ses ennemis à l’arme blanche. La donzelle, est, même dotée d’une épée et d’un bouclier, sera plus à l’aise avec son arc pour abattre les adversaires à distance.
Chacun a également ses propres compétences. Caddoc peut déplacer des objets lourds tandis que E’Lara peut enflammer ses flèches. De quoi résoudre également quelques petits puzzles disséminés tout au long de l’aventure.
Classique, Hunted The Demon’s Forge vous lance donc à l’assaut de hordes d’ennemis à défourailler sur votre chemin. On tue, on récupère des objets sur les cadavres, on récupère des objets, des armes, on ouvre des coffres…
Deux possibilités s’offrent à vous lors des combats : coup rapide ou coup plus puissant, le tout soutenu par des sorts magiques.
Ces sorts pourront être améliorés grâce à des cristaux que vous trouverez dans les niveaux. De la même manière, vous pourrez améliorer certaines capacités de vos personnages : nombre de flèches portées, nombre de potions.
Vous pourrez éventuellement, en solo, passer d’un personnage à l’autre… mais uniquement lorsque vous trouverez des orbes prévues à cet effet. C’est dommage. On aurait aimé pouvoir changer de personnage, mélanger les plaisirs, autant de fois et aussi souvent que l’on voulait. Heureusement, le jeu se joue également en coop.
De donjons en forêts, de villes en montagnes, de ruines en marais, vous allez parcourir tout un tas de lieux et affronter de nombreux adversaires.
Malheureusement, malgré toutes ses bonnes volontés, Hunted : The Demon’s Forge cumule un paquet de défauts dont certains franchement rédhibitoires.
On parlera tout d’abord du doublage français, tout bonnement catastrophique, digne de celui d’une sitcom américaine de seconde zone ou, si ça vous parle plus, d’une pub Kinder. Voix ridicules, intonations à la ramasse… dès que les héros parlent, l’ambiance part en vrille et l’exaspération prend place.
De quoi également faire tomber à plat les quelques vannes qui parcourent les dialogues et le côté volontairement humoristique de la relation entre les deux personnages, choisi par les développeurs. Ça aurait pu fonctionner. Ça ne fonctionne pas du tout.
Ajoutez à cela une réalisation surannée. Oh, pas « old school » avec un petit côté nostalgique comme dans Duke Nukem Forever, par exemple. Mais un aspect vieillot dans le sens « développé pour Xbox première du nom et pour PS2 ». Certaines textures sont immondes, certains à plats, notamment au niveau du sol, sont à vomir, et on ne compte plus les éléments du décor qui nous font pousser un « beurk » de dégoût. Le jeu n’est pas à proprement dit « moche » dans sa globalité, mais il est très loin de pouvoir s’inscrire à un concours de beauté.
Le jeu est également une suite assez insipide d’avancées en couloirs. Même les quêtes annexes se remplissent finalement en suivant le chemin principal. Ça manque d’environnements ouverts ou d’embranchements multiples. Un balisage parfois franchement étouffant et qui tue dans l’œuf toute velléité de liberté.
Ajoutez une animation calamiteuse et un gameplay souffreteux et Hunted The Demon’s Forge s’impose là comme réalisation bâclée et prise en main ratée.
A titre personnel, je rajouterais même que globalement, le design des lieux et personnages ne m’a pas spécialement plu. C’est assez basique et insipide, et rajouter un parterre immonde de crânes ou deux ou trois éléments de décoration foireuse et pixellisée sur les murs ne m’a jamais transcendé. C’est donc toute son ambiance graphique qui n’a pas su me transporter, sans parler de ses personnages auxquels on a bien du mal à s’identifier.
C’est finalement en coop que ce jeu sans profondeur, à la difficulté faiblarde et au scénario quelconque, prendra le plus d’intérêt. La complémentarité des deux personnages est plus évidente, et l’on est plus porté par le challenge de faire mieux que son acolyte.
Pour finir, donc, Hunted The Demon’s Forge est un jeu raté. Pas forcément désagréable, hein, mais pas vraiment agréable non plus. Le genre hack’n slash, mâtiné d’un soupçon de RPG, n’est pas encore prêt à sortir de l’oubli. Et ce n’est pas avec une réalisation bâclée et d’un autre temps qu’il y parviendra.