Publié le Mardi 26 avril 2011 à 12:00:00 par Cedric Gasperini
Cerveaux lents
Nous sommes en 1982. Alors que Michael Jackson sortira en fin d’année ce qui deviendra l’album le plus vendu de l’histoire de la musique, j’ai cité Thriller, une étrange épidémie frappe une petite ville proche de Kansas City, dans l’état du Missouri, aux USA.
Les gens se transforment peu à peu en… zombies. Et ils tentent, bien entendu, de dévorer toute personne saine. Parce que rien ne vaut un bon morceau de foie sanguinolent bien chaud, ou croquer à pleines dents dans un cerveau encore en activité.
Gerald et Mike, deux étudiants, s’arrêtent à une station d’essence pour faire le plein. Et bien entendu, rien ne va se passer comme prévu… Mike tombe nez à nez avec des zombies, Gérald est mordu par l’un d’eux… et l’hôpital, tout proche, est infesté de morts-vivants lui aussi…
Trapped Dead est un petit jeu sans prétention, qui surfe sur la vague des survival-zombies qui plait actuellement tant aux joueurs. Six personnages sont à incarner. Mike, l’étudiant, le professeur Harper, en chaise roulante, Bo, le vétéran, Old John, le shérif, Jo Ann, la journaliste et Klaus, l’ouvrir baraqué. Et pour faire face aux zombies, vous pourrez utiliser une tronçonneuse, une batte de baseball, une hache, un katana, un pistolet automatique, un revolver, un fusil de chasse, un fusil de sniper, une arbalète, un taser ou des grenades. A trouver au fur et à mesure de votre progression dans le jeu, bien entendu.
Trapped Dead est un jeu en 3D isométrique, avec, donc, une vue « à peu près » sur le dessus. Le niveau de zoom, considérable, permet de voir plus en détails les lieux et les objets.
Comme précédemment dit, c’est un « petit jeu sans prétention ». A mi-chemin entre l’artisanat et le professionnalisme. Le truc qui s’inspire des vieux jeux, de type Commando, et les remet au goût du jour.
Graphiquement, ça se tient plutôt pas mal, d’ailleurs. Il y a une certaine unité et une ambiance qui servent bien le jeu et son propos. L'histoire est en partie racontée sous forme de cases de Comics, assez bien senties et intégrées.
On parcourt donc les niveau, jouant jusqu’à 4 personnages, passant de l’un à l’autre, activant la pause le temps de donner les ordres à chacun, allant au contact des zombies pour les tuer ou leur tendant des pièges, évitant les meutes trop importantes… le tout pour aller, la plupart du temps, délivrer un autre personnage, voire tenter d’en apprendre plus sur cette maladie.
Trapped Dead avait donc tout pour lui, pour devenir un de ces petits jeux propres à être culte, de ces petites perles indépendantes qu’on aimerait voir plus souvent. Malheureusement, en dépit d’une réalisation technique tout ce qu’il y a de plus correct, c’est le gameplay qui vient tout foutre en l’air. En premier lieu, la caméra est un véritable fléau. Dans ce genre de jeu, on aime la tourner, la retourner, la bouger, la faire évoluer, le tout pour regarder ce qui nous attend ou ce dont on peut se servir alentours. Là, pour l’utiliser, c’est fastidieux : molette de la souris enfoncée et bas ou haut pour tourner la vue, doublé de touches haut bas gauche droite et de bords d’écran qui repoussent la vue… les développeurs ont multiplié les façons de bouger la caméra avec d’innombrables touches, certes reparamétrables, mais dont le nombre et l’utilité s’avèrent rapidement pénibles et gênants.
D’autre petits soucis viennent entacher le jeu : une IA moisie (les zombies qui, s’ils vous pourchassent trop longtemps, font marche arrière), un pathfinding mauvais, des personnages qui se bloquent les uns les autres… sans parler des combats… de (trop) nombreuses balles sont nécessaires pour tuer les zombies, quand deux ou trois coups de batte de baseball suffisent. Coups qui parfois sont donnés trop lentement, soit dit en passant, le héros préférant laisser le temps au zombie de lui bouffer un bras au passage…
Ajoutez un manque flagrant d’objets à utiliser, des niveaux un poil trop petits et mal fagotés (une porte fermée pourra s’ouvrir miraculeusement une fois une certaine action effectuée), et vous aurez finalement un jeu mal foutu, mal géré, mal pensé.
Bon. Heureusement, quelques passages sont sympas. En se forçant un brin, on peut même s’amuser avec certains pièges à zombie (la chaise électrique, par exemple).
Heureusement, le mode multi, en local ou via le net, est nettement plus sexy. Jouer avec d’autres personnes permet de palier à cette IA faiblarde et d’offrir quelques heures un peu plus sympathiques. Pas inoubliables, loin de là, mais plus fun. C’est déjà ça. On n’hésitera pas à tendre des embuscades aux zombies, voire mettre l’un de ses potes dans le pétrin en lui ramenant une horde de zombies dans le dos sans qu’il s’en aperçoive… Le jeu devient un poil plus tactique, plus fun.
Au final, donc, Trapped Dead a un petit goût de « ça aurait pu être vraiment bien ». Mais n’est finalement qu’assez moyen. On se le réservera, éventuellement, pour quelques parties entre potes, d’autant plus que son prix n’est « que » de 20 €…