Publié le Lundi 10 novembre 2025 à 11:30:00 par Cedric Gasperini

 

Test Syberia Remastered (PC, PS5, Xbox Series)

Imparfaitement incontournable

Série phare des jeux d’aventure à la française, signée Benoît Sokal, Syberia a vu son premier épisode paraître en 2002. Un chouette jeu, bourré de bonnes idées, original, qui avait en son temps reçu un accueil chaleureux de la presse et des joueurs. 

23 ans et 3 suites après, Syberia revient dans un Remaster. C’est la mode aujourd’hui de ressortir les vieux hits remis au goût du jour. Mais est-ce une bonne idée ?

L’histoire de Syberia va suivre Kate Walker, une avocate new-yorkaise envoyée dans un petit village des Alpes françaises pour conclure la vente de l’usine Voralberg, spécialisée dans la conception d’automates. Mais alors que l’on croyait la lignée des Voralberg éteinte, Kate apprend qu’un héritier, Hans Voralberg, serait encore en vie. Accompagnée d’Oscar, un automate bien plus moderne et avancé que les créations habituelles, notre héroïne va traverser l’Europe de l’est à la rechercher de ce mystérieux Hans. Car Hans, inventeur de génie passionné par les automates, est parti à la recherche de Syberia, la terre légendaire où vivraient les dernies mammouths…

Premier constat, Syberia n’a rien perdu de sa superbe narrative. On se retrouve plongé dans une histoire captivante, entre poésie et aventure, melting pot d’émotions.
On retrouve la même histoire, les mêmes moments, les mêmes énigmes… dont certaines ont été revues pour être moins retorses, plus claires et aussi plus accessibles. Pas de quoi crier à la trahison, bien au contraire, puisque le charme du jeu opère toujours autant. Il en est juste moins frustrant. Ce qui ne veut pas dire que certains passages ne vous demanderont pas une certaine dose de réflexion et d’imagination…


Visuellement, le jeu a été retravaillé sous Unity. On est loin du meilleur moteur graphique, donc, mais cette version s’en sort toutefois avec les honneurs. C’est assez joli et les ambiances sont bien retravaillées. Même si l’aspect réaliste en prend un peu un coup, ça n’est finalement pas trop gênant. La palette de couleurs rend parfaitement l’atmosphère mi-réaliste mi-fantastique de l’histoire. On n’en dira pas autant pour les cinématiques, relativement dégueulasses, puisqu’elles n’ont pas été refaites, elles, et accusent donc 23 ans d’ancienneté. Un choix relativement incompréhensible : même si on suppose qu’il s’agit d’une question de coût, cette décision est difficilement pardonnable.

L’interface a également été retravaillée, pour être plus souple. On y gagne en clarté et en temps. Il suffira, par exemple, d’interagir avec un élément du décor, lors d’une énigme, pour que l’objet de votre inventaire soit automatiquement sélectionné. 
Idem pour les déplacements, qui ont été revus et laissent plus de liberté. Malheureusement, ce passage en « libre » plutôt que du point’n click classique à écrans fixes comme était le jeu d’origine s’accompagne par une multitude de bugs : murs invisibles, passage à travers certaines textures du décor… sans compter sur une caméra pas toujours bien placée. Il aurait sans doute fallu retravailler un peu plus ça pour que le jeu soit plus souple. D’ailleurs, en parlant de souplesse, les animations des personnages sont un peu rigides. Là aussi, il aurait fallu retravailler sa copie. 

On évoquera, enfin, les bugs. Certains du jeu d’origine ont été corrigés. Notamment dans les déplacements qui parfois étaient bloqués. Mais c’est au détriment de nouveaux. Le blocage dû aux sous-titres lors des conversations téléphoniques, obligeant à relancer la partie, est le plus problématique. Un patch devrait rapidement corriger ça, mais le mal est déjà fait. 

Au final, on oscille entre le plaisir de redécouvrir ce très bon jeu, avec un scénario vraiment sympa et une ambiance captivante, et la déception d’avoir entre les mains un produit imparfait. Certes, les développeurs ne se sont pas contentés d’une remise au goût du jour graphique et ont tenté des choses. Mais entre les cinématiques d’un autre temps et les petits ratés, on se dit qu’ils auraient pu mieux faire. 

Ces erreurs ne doivent pas pour autant être rédhibitoires : si vous aimez les jeux d’aventure, Syberia reste un incontournable. Et cette version lui rend un bel hommage.