A la base, jouer les snipers est quelque chose de bigrement excitant. Tuer dans l’ombre. Sans être vu. A des centaines de mètres de là. Voire même, pour les plus doués, à des kilomètres de distance. Etudier le vent. La pression atmosphérique. Le déplacement de la cible…
La promesse d’un jeu de sniper était donc pleine de grands et beaux espoirs. Et je me voyais déjà faisant la nique à Tom Béranger et lui expliquant que moi, même avec un index cassé, je snipe du méchant à plusieurs centaines de mètres un jour de grand vent.
Sniper Ghost Warrior, développé par City Interactive, vous place dans la peau d’un sniper, justement. Tenue de camouflage et tout. Lancé en pleine jungle, vous avez pour mission de dézinguer un chef militaire quelconque. Sauf que, vous vous en doutez, rien ne va se passer comme prévu. Et rapidement, c’est une vraie chasse à l’homme qui va s’engager entre vous et la junte militaire en place. Seul face à tous.
Sur le papier, le jeu est vraiment très intéressant. Le seul petit problème, finalement, c’est que ce papier n’est pas du beau papier à en-tête, ni même du papier doré à l’or fin. Encore, s’il n’avait été que du papier recyclé, on aurait pu se faire une raison. Mais non. Il s’agit-là de papier hygiénique.
Dans des missions d’une linéarité désespérante, vous allez passer votre temps, non pas à sniper, mais à dézinguer du méchant, planqué non pas dans les hauteurs, mais à ras du sol. Crapahutant dans une jungle assez hideuse, vous enchaînez les missions sans passion et avec une énorme frustration. La raison en est multiple.
L’IA de ce Sniper Ghost Warrior est digne des plus mauvais FPS. A savoir que vos ennemis vous repéreront facilement, et sauront alors toujours où vous vous trouvez. Il suffit que vous bougiez d’un poil, que vous tiriez une seule balle ou, simplement, que vous soyez dans leur champ de vision. Il faudra juste penser à flinguer celui qui a réalisé votre camouflage, pour le coup… Une aberration pour un jeu de snipe qui, normalement, vous entraîne dans un jeu de chat et de souris où le but est de tuer sans être vu, discrètement.
Le souci, c’est que même si les ennemis, une fois qu’ils vous ont repéré, vous shootent même s’ils sont à pétaouchnok, vous, vous ne les voyez que rarement. La faute à des environnements de type jungle qui vous bouchent la vue les ¾ du temps. Souvent, il vous faudra finalement cesser de ramper ou de tenter de vous cacher, pour y aller franco comme un vulgaire FPS de base. D’autant que parfois, sans comprendre vraiment pourquoi, même bien planqué à un endroit où personne de naturellement constitué ne pourrait vous voir, les ennemis vous remarquent quand même…
Autre petite chose concernant l’IA : j’ai rencontré quelques trucs assez bizarres. Du genre shooter un petit groupe de types sans que personne ne réagisse. Ou shooter un type en plein milieu du chemin, sans que personne ne s’en émeuve alors que le cadavre est bien en vue. Et quand dix mètres plus loin, juste pour le fun, je me suis amusé à plomber un poulet, ça a rameuté toute l’infanterie… Et tant pis si vous utilisez quand même un fusil avec silencieux (une aberration, d’ailleurs, pour un sniper). On se retrouve donc finalement à nettoyer toute la carte sans état d’âme, et sans subtilité aucune.
D’autres choses sont source de frustration : l’impossibilité de grimper aux échelles (oui oui) et ainsi de se hisser sur des points en hauteur qui vous donneraient un avantage certain. Le parcours tellement linéaire qu’il vous empêche de prendre du recul pour mieux tirer, ou de prendre les ennemis à revers. Il n’y a, finalement, aucun sens stratégique au jeu.
Pas vraiment beau, doté de bugs de collision monstrueux, ne mettant pas du tout le côté sniper en avant, une IA ridicule, des missions sans saveur, une jouabilité médiocre, un scénario débile, des doublages pitoyables… Sniper Ghost Warrior n’est pas pour autant une grosse merde. C’est juste un mauvais jeu à l’intérêt ultra limité et dont les bons moments sont tellement rares qu’ils ne valent finalement pas vraiment le coup qu’on les recherche. Il cumule trop de défauts pour que l’on y prenne vraiment du plaisir et, surtout, n’est que la promesse déçue d’un jeu de sniper qui se transforme en fait en FPS bas de gamme.