Publié le Mardi 6 juillet 2021 à 12:00:00 par Julia Bourdin
Le Cimeterre et l'Epée, avis
Guide pour être un bon catholique
Lire est pour moi une passion depuis toujours, alors quand Cedric m’a proposé de donner mon avis sur des bouquins pour le site, j’ai accepté immédiatement et en sautant un peu de joie. Et c’est la raison pour laquelle vous lisez à présent ces lignes.Aujourd’hui je vous propose de découvrir Le Cimeterre et l’Epée, écrit par Simon Scarrow et édité chez nous par Bragelonne, sorti ce mois-ci pour 22 €. Il s’agit là d’un roman historique et même si l’auteur n’en est pas à son coup d’essai -ayant déjà publié la saga Les Aigles de l’Empire, j’ai toujours un peu peur en entendant ce terme… En effet, l’Histoire avec un grand H, c’est certes un matériau intéressant, mais on m’a prouvé mainte et mainte fois que ça pouvait souvent être très chiant. Alors qu’en est-il ?
Nous voilà transportés en 1565. Après avoir été chassé de l’Ordre de Saint-Jean (plus connu de nos jours sous le nom d’Ordre de Malte) une vingtaine d’années plus tôt, Sir Thomas est rappelé par le Grand Maître pour combattre l’armée turque dont l’ombre plane sur l’île… Mais son allégeance est partagée. En effet, sur ordre d’un conseiller de la Reine Elizabeth, il doit retrouver, avec l’aide d’un mystérieux jeune homme, un parchemin qui menace le règne de cette dernière et qui a été vu pour la dernière fois entre les mains d’un chevalier de l’Ordre…
Un récit de guerre, de loyauté et de sang, voilà ce que nous propose au premier abord Simon Scarrow, mais en second plan vous découvrirez aussi une histoire d’amour et d’honneur bafoué sur laquelle je ne m’étendrais pas trop ici pour ne pas vous gâcher le plaisir de découvrir ce mystère par vous-même. En bref, on est face à un roman qui reprend à la lettre la plupart des codes des récits chevaleresques classiques…
Un récit de guerre qui a pour décor le siège de l’île de Malte par l’armée du roi Soliman essayant de se débarrasser de l’Ordre une bonne fois pour toutes, celui-ci combattant l’expansionnisme musulman en Europe et n’arrêtant pas de couler ses bateaux. Tout y est. On sent que la période a été bien étudiée par l’auteur, les personnages essentiels à l’Histoire sont tous là en particulier Jean de La Valette, mentor du héros et grand maître de l’Ordre, dont le nom sera donné en hommage à la capitale de l’île (encore une anecdote qui vous permettra de briller en soirée !).
C’est un personnage très pivot à l’histoire, en proie au doute quant au bien-fondé de ses actions, tiraillé entre ses principes et la nécessité, entre notre héros et son ennemi juré. Il nous aide vraiment à plonger au cœur de la violence de la guerre qui fait rage pendant presque 300 pages à Malte. Chacun de ses actes a des conséquences, souvent irréversibles et parfois mortelles. Vous serez, croyez-moi, plongés dans des batailles qui semblent désespérées et déjà perdues et c’est l’une des plus grandes forces de Scarrow ici, il joue avec l’espoir des personnages et donc du lecteur qui espère les voir survivre jusqu’au bout, ce qui tient très bien en haleine. Pour tout vous dire, j’ai lu le livre d’une traite.
De plus, la description géographique et stratégique de Malte est bien menée en plus d’être très réaliste ce qui permet de rentrer encore plus dans le récit. Chaque fort est nommé, avec ses points forts et ses faiblesses, les ports, les villages que notre héros va traverser et cela fait presque un peu mal quand les membres de l’Ordre sont obligés d’en brûler certains et d’en abandonner d’autres.
Également, une énorme partie -comme vous l’avez peut-être déjà deviné- de ces 443 pages parle de stratégie militaire. Personnellement, si j’ai bien aimé leur côté réaliste, j’ai parfois trouvé ça un peu trop, mais si vous aimez ça en général vous allez passer un bon moment. En tout cas, le soir même pour ma partie de Donjons et Dragons durant laquelle je devais prendre une forteresse, j’étais au taquet.
Pour l’aspect plus technique, le style d’écriture et la qualité de traduction sont bien là. Ça se lit bien sans se perdre dans des termes trop désuets ou techniques. La seule critique que j’ai à faire à ce sujet -et qui est un avis purement personnel, est que Simon Scarrow aurait pu rajouter un peu plus de rythme à ses combats en jouant sur des phrases à la longueur plus courte, plus simples ou plus chaotiques car elles sont parfois un peu longues ce qui ralentit l’action et laisse le lecteur respirer au lieu de lui faire retenir son souffle. Sinon, pour l’aspect narratif, certains retournements de situation se laissent présager très tôt dans le récit. Voire peut-être un peu trop. Le dénouement est assez abrupte, ce qui n’est pas un mal car cela fait du sens, mais j’aurais aimé un épilogue un poil plus conséquent.
Ce qui m’a le plus posé problème au début, ce sont les convictions très violentes de la plupart des personnages, en particulier notre personnage principal qui massacre et torture des musulmans (qui font de même hein) sans le moindre remords sous le prétexte que ce sont des barbares sans cœur qui se sont éloignés de la « vraie foi ». Dans le contexte actuel, où l’islamophobie est toujours bien présente, je me suis même demandée si c’était bien moral de publier ceci maintenant. Mais au fur et à mesure des années et de son expérience, le point de vue du personnage principal s’affine, il questionne sa moralité, le bien-fondé de la violence dont il fait preuve et même sa foi -qu’il finit par abandonner, étant assez cynique avec les autres chevaliers, ce qui lui vaut d’être parfois accusé de blasphème. Le voir passer par tous ces questionnements est une bonne chose qui nous rapproche du personnage et le rend plus humain et surtout nous invite à cogiter un peu avec lui-même si vous n'êtes pas d'accord avec ses choix.
Verdict : Nous avons là un récit bien ficelé avec un point de vue cru et mature sur la guerre, que je déconseille d’ailleurs aux âmes les plus sensibles. Il n’y a pas vraiment de gentils, ni de méchants, juste des convictions qui rentrent en conflit comme très souvent, et ce, depuis toujours. Cette histoire inspirée par des faits qui se sont déroulés en 1565 est bien plus d’actualité qu’il n’y paraît. Et, même si ces réflexions ne vous intéressent pas, vous pouvez prendre Le Cimeterre et l’Epée pour ce qu’il est fondamentalement ; un roman historique très réussi.
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Le Cimeterre et l’Epée, roman de fantasy historique
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