Utawarerumono : Prelude to the Fallen (PS4, PS Vita)

 

Publié le Mercredi 10 juin 2020 à 12:00:00 par Walid Hamadi

 

Utawarerumono : Prelude to the Fallen (PS4, PS Vita)

Lisez et jouez, parfois

Pour nous occidentaux, le titre du jeu est difficile à prononcer, mais il faut passer outre parce que ce ne sera pas le seul à mettre à l’épreuve votre langue dans ce jeu. Votre langue ne sera pas le seul organe qui sera mis à l’épreuve dans Utawarerumono : Prelude to the Fallen : vos yeux et votre pouce droit vont devoir aussi se farcir des tonnes de texte en anglais uniquement à faire défiler pendant 40 heures. Car nous avons là affaire à un visual novel avec une touche de combats stratégiques au tour par tour.

Mais commençons par le commencement. Prelude to the Fallen est un remake d’un jeu sorti en 2002 sur PC et PS2 et qui pose les bases d’une série qui s’est vue déclinée en trois jeux et surtout un animé de 51 épisodes répartis sur 2 saisons. Autant vous dire que l’univers est déjà bien connu des fans. Et selon les critiques lues ici et là, la qualité est présente dans cette œuvre. Saura-t-elle convaincre une autre cible en 2020 ? Rien n’est moins sûr.

Il s’agit donc là du tout début de l’histoire, mais c’est le dernier épisode à sortir sur PS4. Les suites, Mask of Deception et Mask of Truth, sont déjà parues sur PS4 en 2015 et 2016. Dans Prelude, comme son nom l’indique, on nous présente l’origine des évènements : vous êtes Hakuowlo, un homme visiblement doué pour le combat mais ayant perdu la mémoire. Blessé, vous êtes recueilli par une jeune fille aux oreilles et à la queue de chat. Elle vous ramène dans son modeste village pour vous soigner. L’époque s’inspire du Japon féodal et le niveau technologique de cet univers est donc très rudimentaire. Vous êtes parfaitement accueilli et vous sentez obligé de travailler pour eux pour montrer votre reconnaissance, jusqu’à devenir leur leader grâce aux connaissances que vous leur apportez. Sans savoir comment vous les avez obtenues. Quand soudain… des villages voisins vous attaquent car ils convoitent la richesse que vous commencez à accumuler. Débute ainsi l’histoire de votre prise de pouvoir sur le monde à travers des contre-attaques et des renversements de tyrans.


Voilà pour le début de l’histoire. Si vous n’aimez pas les furries, le chara-design risque de vous déranger, mais très vite, on ne voit plus les oreilles poilues que tous ceux que vous croiserez arborent. En grande partie parce que les visuels sont extrêmement peu nombreux. Il n’y a aucune animation : le dialogue défile dans une boîte au bas de l’image, au-dessus se trouve une illustration du personnage qui vous parle et à laquelle on apporte une ou deux variations au maximum selon son étant de santé ou son humeur. Certaines sont convaincantes, d’autres sont très communes, et parfois trop simplistes et même moches. C’est plus flagrant pour les décors qui sont loin d’être détaillés et enchanteurs. Lors des combats, des modèles 3D très basiques en Super Deformed (têtes surdimensionnées) font difficilement l’affaire, d’autant que les animations sont minimalistes.

Les combats, parlons-en. Sachez tout de suite que ce n’est pas le cœur du jeu. Loin de là. Le premier arrive au bout de 3 heures de texte à se farcir. Après avoir continuellement appuyé sur X pendant tout ce temps, il est bon d’appuyer sur ce même bouton pour d’autres raisons. Il s’agit de stratégie basique : sélectionnez une case où déplacer votre personnage, choisissez d’attaquer ou d’utiliser un objet sur un ennemi à proximité, appuyez sur X au bon moment pour enchaîner les attaques, attendez le prochain tour. Si vous voulez, la touche L1 permet d’accélérer légèrement les animations d’attaque des ennemis, c’est déjà ça. En avançant, il sera possible de combiner les actions de deux personnages qui ont des affinités dans le scénario, occasionnant ainsi une petite animation sympathique. Pas grand-chose de bien excitant à souligner de plus, si ce n’est que ça vaut le coup de passer en difficulté supérieure car le défi est quasi inexistant en mode normal.

D’autant plus facile qu’une option dans le menu vous permet de revenir en arrière à chaque étape du combat. Si vous vous rendez compte qu’une de vos actions vous a vraiment mis dans la panade, vous pourrez à tout moment revenir juste avant celle-ci pour corriger le tir. Une bonne idée pour éviter de se retaper 200 phases de jeu (littéralement) pour réussir votre combat. Mais comme dit plus haut, vous serez rarement confronté au game over. Les conditions de victoires étant quasiment toujours liées à la survie du seul héros ou à l’atteinte d’une case à l’autre bout de la zone.

La lisibilité de l’action laisse parfois à désirer. La caméra pivote de 45° tout au plus selon le terrain, mais plus il y a de personnages sur des cases voisines, moins on arrive à voir les déplacements possibles.

Mais le cœur du jeu, c’est vraiment le texte. On se farcit tellement de dialogues peu utiles qu’on peut sauvegarder en plein cours de discussion et la reprendre exactement à la même ligne quand on recharge dix jours plus tard. Plusieurs informations non essentielles sont répétées plusieurs fois en quelques secondes, rallongeant artificiellement la longueur du "roman". Ainsi le premier combat n’arrive qu’après 3 heures de lectures et il n’est pas rare d’allumer sa console pour lire de nouveau 3 heures de texte avant de pouvoir combattre de nouveau, si on a encore la patience pour ça.


Les voix originales japonaises sont heureusement convaincantes. Tout est doublé intégralement, sur des textes, comme déjà dit, en anglais seulement. Si vous n’avez pas un niveau B1, passez votre chemin. Par certains moments, c’est même avec la hiérarchie des chefs japonais qu’il faut être familier. On comprend pourquoi la série a eu du mal à arriver chez nous : les personnages ont des relations et un langage dont seuls les japonais et les fins connaisseurs peuvent saisir toutes les nuances. D’ailleurs, on sent bien que la traduction anglaise galère souvent pour retranscrire les dialogues correctement, ne laissant que peu de place au naturel d’une conversation anglo-saxonne.

L’histoire met du temps à devenir intéressante. Ce n’est que dans le dernier quart du jeu qu’on est enfin face à de vrais enjeux. Et le plus frustrant dans tout ça, c’est qu’à aucun moment vous n’avez le choix de quoi que ce soit. La dimension RPG n’apparaît que dans la distribution des points de compétence (Attaque, défense, défense magique et basta). Pour les combats, le seul moyen que les développeurs ont trouvé pour maintenir le joueur concentré, est un système d’enchaînement d’attaques possible en appuyant sur X au bon moment. Vous accordant un bonus de points d’action pour les prochains tours. Le reste du temps, poireauter peut vous faire vous endormir.

Au final, on se retrouve avec un jeu résolument vieux. Dans tous les aspects. Si vous avez déjà vu la série, vous aurez l’impression de perdre du temps à revisiter l’histoire tant le gameplay n’apporte absolument aucune dimension supplémentaire. Si vous êtes habitués aux quelques scènes sexy de l’anime, vous allez être déçu car on a droit seulement à une seule scène olé olé de 10 minutes (deux illustrations). On a aussi droit à l’obsession malsaine du héros qui caresse toutes les petites filles sur la tête. Fillettes à moitié chattes, on le rappelle. Bref c’est normal au Japon, mais chez nous c’est bizarre. Est-on donc face à un jeu ? Meh… vous allez passez 10 heures à combattre à un rythme mou et 30 heures à faire défiler des pages de dialogues sans jamais choisir la direction de l’histoire. A vous de le définir, mais un tel prix pour ce genre de remake basique d’un jeu daté est, selon nous, injustifié.
 

 

 
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Utawarerumono : Prelude to the Fallen (PS4, PS Vita)

Plateformes : PS Vita - PS4

Editeur : NIS America

Développeur : Sting

PEGI : 16+

Prix :

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