Publié le Lundi 17 février 2020 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

Dreams (PS4)

Outil de création

Media Molecule s’est construit, au fil des années, une réputation de studio sérieux qui, s’il ne révolutionne pas les genres, arrive toutefois à casser les codes et proposer quelque chose d’original et inattendu. On l’a vu avec ses licences LittleBigPlanet et Tearaway.

Aujourd’hui, le studio anglais affilié à Sony a décidé d’aller encore plus loin avec Dreams. Plus qu’un jeu vidéo (ce qu’il n’est pas vraiment à proprement parler), Dreams lorgne plus vers l’outil créatif ludique.

Comme on pouvait s’y attendre, Dreams est original, étonnant, parfois déroutant et pas mal séduisant. Mais, car il y a toujours un mais, c’est loin d’être un pari gagné pour Media Molecule. On vous explique pourquoi.

Dreams propose deux modes. Même si, à bien y réfléchir, il n’y en a qu’un seul de vraiment développé à la base. Le premier mode vous permet de « jouer » aux créations proposées par les développeurs de Media Molecule, ou du moins les parcourir, pour un avoir un petit (tout petit) aperçu des capacités du soft. C’est charmant, c’est bien fait, avec une ambiance enivrante, mais ça ne dure que 2-3 heures grand max. Autant dire que c’est un amuse-bouche. A la rejouabilité nulle, qui plus est. Seulement dans ce mode, c’est également là que vous allez pouvoir tester les créations des autres joueurs.

Car à l’instar d’un LittleBigPlanet (qui pourtant proposait un contenu de base assez conséquent), c’est la communauté qui enrichit le contenu du jeu, via ses créations proposées aux autres joueurs. Et ces créations, vous allez les faire dans le second mode de jeu de Dreams. Lancé il y a quelques mois en accès anticipé, Dreams bénéficie déjà d’un contenu relativement conséquent en la matière. Tout n’est pas réussi, tout n’est pas intéressant, mais il y a quand même certaines créations franchement sympa (même si quelques problèmes de Copyright risquent vite de se mêler à tout ça)…


Dans le mode création, vous allez pouvoir construire votre œuvre. Des dizaines d’outils vous permettent d’utiliser les objets, personnages, décors, musiques et j’en passe, proposées dans la bibliothèque, mais aussi de les créer de toutes pièces. Et c’est ainsi que sous vos doigts experts vont naître des jeux vidéo, des films d’animation, des musiques, et j’en passe. Dreams vous permet tout cela.

Des tutoriels vont vous guider tout du long. Pour savoir comment faire interagir un personnage, par exemple. Comment faire pour qu’en pressant la touche X il prenne l’objet ou en pressant la touche O, il se mette à sauter… Tous les scripts sont à créer dans les moindres détails, en faisant attention de ne pas surcharger la mémoire (une jauge vous l’indique) pour que le jeu soit jouable.
Tout est paramétrable. Les scripts peuvent vous permettre de gérer les effets, les musiques, les ambiances… et Dreams est étonnamment complet à ce niveau-là.

Extrêmement riche, proposant de faire vraiment énormément de choses, avec tous les outils à portée de main, Dreams est une plongée étonnante et assez excitante dans le monde de la création, qu’il s’agisse de jeux vidéo ou de films d’animation, par exemple. Son gros avantage, en fait, est de proposer plusieurs niveaux de finition. On peut par exemple tout à fait prototyper un jeu et le présenter, dans son jus, dans l’espoir qu’il ait assez de succès et suscite assez d’intérêt pour que l’on se lance dans un jeu plus conséquent et mieux fini. Les outils de Dreams permettent l’un et l’autre. On peut en effet directement se lancer dans un jeu bien lécher, aller au bout des choses et créer de petits chefs d’œuvre. Il y en a déjà quelques-uns de jouables, déjà proposés par la communauté. Vous pouvez même « protéger vos œuvres » et empêchant les autres joueurs d’aller fouiller votre code et ainsi éviter que l’on vous « pique » vos créations. Cela dit, c’est dommage et cela va complètement à l’encontre de l’idée même de Dreams : un gros fourre-tout où chacun aide tout le monde et où chacun propose ses créations pour qu’elles servent aux autres…

Il faut toutefois ajouter un vrai bémol à ce Dreams. Sur le papier, la nouvelle création de Media Molecule est excitante. C’est vrai. Et propose une multitude de possibilités. C’est vrai aussi. Mais pour baigner dedans ces dernières années, difficile de comparer ses possibilités et ses capacités à des softs de création de jeux vidéo tels que Unity ou Unreal Engine. Difficile d’offrir des créations, notamment graphiques, aussi réussies et précises à la manette que celles qui pourraient être créées avec une tablette graphique.
Moins de possibilités, moins de capacités, moins de profondeur, Dreams ne peut rivaliser avec ces softs. Autrement dit, ne vous attendez pas à devenir un Game Designer top niveau avec cet outil. Tout aussi inventif et talentueux soyez-vous. Ne vous attendez pas non plus à vous lancer dans un projet de grande envergure, à la Assassin’s Creed ou à la Fallout. Le soft ne le permet pas.

Reste que le jeu propose, pour ceux qui n’ont pas de connaissances particulières, la possibilité de créer ce qui leur passe par la tête. De laisser libre court à leurs envies et leur imagination. Il donne les outils pour le faire, à ceux qui ne connaissent rien en programmation ou en développement. Attention quand même : le soft ne se suffit pas à lui-même. Avant de vraiment réussir quelque chose de bien, il faudra en passer par les forums, par les recherches sur Internet, par les discussions avec les autres « développeurs » en herbe. Car toutes les réponses ne se trouvent pas dans Dreams. Même si les possibilités sont incluses, elles ne sont pas forcément expliquées. Notez enfin, et c'est primordial de le dire, que ce n'est pas à la portée de tous. Il faut vraiment être motivé pour créer son jeu dans Dreams. Ça se compte en heures. Voire en dizaines d'heures. C'est complexe, difficile et ça vous demandera de longues recherches et réflexions, agrémentés de nombreux essais (et échecs). Si vous n'avez pas la patience, oubliez. Vraiment.

On passera enfin sur quelques absences (écrans splittés notamment) comme la VR (son support est prévu plus tard) pour se dire que Dreams est promis à évoluer, se développer, s’enrichir et constitue donc une bonne base pour se « lancer » dans la création.