Publié le Lundi 5 novembre 2018 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

Test de Call of Cthulhu (PC, PS4, Xbox One)

Plongez dans l'horreur

Maître de l’horreur que les rôlistes connaissent bien, HP Lovecraft est au cœur du nouveau jeu signé du studio français Cyanide : Call of Cthulhu. Et justement, il s’inspire du jeu de rôle papier, toujours aussi prisé des soirées épouvantes entre potes, autour d’une table.

Bon. Pour être tout à fait honnête, si vous cherchez une adaptation fidèle de ce jeu de rôle, passez votre chemin. On parlera ici plus d’une inspiration que d’une adaptation, au final. Le jeu ne propose ni la subtilité, ni la complexité du bouquin d’origine. Et ce n’est pas forcément une critique, notez bien.

Call of Cthulhu s’inscrit en fait plus dans le jeu d’aventure narratif. Dans l’histoire à vivre, façon un peu « Livre dont on est le héros », avec quelques choix, mais une histoire très dirigiste qui ne vous laissera en fait qu’assez peu de possibilités pour arriver à sa fin. Et là encore, ce n’est pas forcément une critique, notez-le aussi.

Vous allez suivre l’histoire d’Edward Pierce, un vétéran traumatisé par la Guerre et qui s’est reconverti en détective privé. Un brin perdu, un brin loser, il va se lancer sur une nouvelle affaire : celle de la mort étrange dans un incendie de toute une famille, sur la petite île de Darkwater. Et si la Police privilégie la thèse de l’accident, le père de la défunte, votre commanditaire, n’en est pas convaincu. Vous allez donc débarquer dans ce lieu étrange et sombre, où la pluie ne semble jamais réellement s’arrêter, le soleil jamais réellement percer l’épaisse couche nuageuse et où votre premier grand défi sera d’apprivoiser la population locale…


Il va falloir explorer les lieux, tous les lieux, fouiller chaque recoin, dans un jeu qui récompense grandement la curiosité et la patience. Il va aussi falloir réussir à interroger les personnes que vous rencontrerez et faire montre de psychologie. Entre flatteries et coups de pression, vous devrez réussir à trouver le juste milieu pour récupérer un maximum d’indices. Les conversations seront d’ailleurs totalement impactées par vos choix de développement de personnage : l’arbre de compétences sera à faire évoluer avec soin et discernement. L’éloquence et la psychologie vous ouvriront des choix de phrases, notamment. Et là encore, selon vos trouvailles, selon votre capacité à tout fouiller, vous pourrez aussi avoir accès à certains sujets et certaines questions primordiales pour faire avancer votre enquête.
La bonne idée de Cyanide sur son jeu est toutefois la possibilité de parvenir à vos fins de différentes manières. Si vous ratez un indice, vous pourrez toujours progresser d’une autre manière, avoir les informations différemment. De la même manière, si vous n’avez pas les compétences pour forcer une serrure, il y aura toujours un moyen de contourner le problème. Ce sera juste un peu plus long, un peu plus difficile.

Dans tous les cas, le jeu n’est pas excessivement compliqué. Et il est surtout très dirigiste. Vous devrez suivre l’histoire et vous laisser guider dans la résolution de votre enquête. Par exemple, les observations sont facilitées par des « loupes » qui vous indiquent les éléments sur lesquels se focaliser. Et votre personnage fera les liens et déductions seul.
Il y a par contre pas mal de phases différentes. Exploration, fouilles, observations, puzzles, discussions et même des scènes d’infiltration qui, cela dit, ne sont pas forcément des plus réussies en raison d’une IA très largement améliorable.

Dirigiste, peut-être pas assez complexe au final, peut-être pas assez poussé non plus dans l’utilisation des règles du jeu de rôle original dont on ne retrouve pas grand-chose en fait, Call of Cthulhu cumule quelques petits défauts qui l’empêchent d’être un jeu totalement réussi. On pourra aussi citer une fin qui manque de panache et se révèle un brin bâclée, sans toutefois être désagréable, cela dit. Sans compter ses animations vieillottes, son gameplay un brin antédiluvien et ses graphismes perfectibles.
Le jeu brille, en tout cas, par son atmosphère vraiment réussie. On est vraiment en pleine plongée dans l’univers de Lovecraft. Et finalement, de fil en aiguille, on se laisse prendre à l’ambiance. A l’histoire.

Bref, sans être tout à fait la bombe espérée, Call of Cthulhu fait le job. Suffisamment pour convaincre les fans de Lovecraft. Suffisamment pour qu’on vous le recommande, en tout cas.