Publié le Jeudi 1 février 2018 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

Test de Shadow of the Colossus (PS4)

Bon mais vieux ?

Avant d’attaquer le test de Shadow of the Colossus au sens propre du terme, il convient de remettre en perspective quelques petites choses qui, du coup, peuvent modifier notre perception du jeu et de l’idée même d’un remake sur PS4.

Shadow Of the Colossus a marqué toute une génération de joueurs. Aujourd’hui, certains anciens en parlent comme du Saint Graal de la PS2, sur laquelle il est sorti en 2005… Jeu culte, donc. Notez que le jeu est ressorti en version remasterisé, déjà, en 2011, sur PS3. A l’époque, il était même accompagné du précédent jeu du studio, Ico.
Dans les deux cas, les ventes sont toutefois restées relativement confidentielles. C’est à noter. Ce qui signifie que soit les copies ont vraiment tourné comme jamais dans les cercles des joueurs, soit beaucoup en louent les qualités sans l’avoir jamais essayé.

Premier point, donc.

Deuxième point : entre temps, la Team Ico a sorti The Last Guardian, l’un des pires jeux de 2016. Et ça, ça me reste encore en travers de la gorge. Parce que bon. Au bout d’un moment, je veux bien que ça soit à la mode de se toucher la nouille sur des univers oniriques ou, plus précisément, sur tout ce qui vient du Japon, mais pas au point d’oublier un gameplay moisi, une IA catastrophique et une caméra merdique qui ruinent totalement l’expérience de jeu. Petit message (rancœur ?) personnel : ce serait bien d’arrêter, parfois, de s’agiter la nouille et ne pas oublier la tête du joueur qui débourse 60 €, lui, contrairement au testeur qui reçoit le jeu gratuitement. Voilà. Ça c’est fait.

Reste donc une interrogation avant de se plonger sur ce Shadow of the Colossus PS4 : Pourquoi le jeu est vendu seul au prix de 40 € alors que la version PS3 avait, pour le même prix, le jeu Ico inclus ? Oui, ok, « PS4, remastered 1080p et 4K, 60 images par secondes, gnagnagni gnagnagna ». Mais quand même. Y’a un peu de foutage de gueule. Surtout pour un jeu qui ne vous prendra que 6 à 8 heures pour le terminer, et dont la rejouabilité est nulle.


L’énervement dû à l’impression d’être un peu pris pour un con ne doit pas, toutefois, nous rendre aveugle. Parce que Shadow of the Colossus va s’en charger tout seul. On vous explique.

Dans Shadow of the Colossus, vous incarnez Wanda, venu sur les terres interdites, au bout du monde, pour trouver Dormin, un « Dieu » qui pourrait faire revenir à la vie Mono, la compagne (?) de Wanda ; en échange de ce miracle, le vagabond devra terrasser seize colosses. Accompagné d’Argo, sa fidèle monture, notre héros va donc se lancer dans cette quête aussi étrange que le sont les lieux qu’il va traverser.

Il faut tout d’abord rendre hommage au studio Bluepoint Games qui s’est occupé de ce remaster. Shadow of the Colossus est l’un des plus beaux jeux sur PS4. Véritablement. Qu’il s’agisse des décors, magnifiques, de la gestion de la lumière, des ambiances visuelles, de ces ruines, de ces lacs, de ces montagnes, de ces forêts… c’est visuellement sublime. Vraiment. Une vraie claque. Totalement magnifique, à tomber par terre. A devenir aveugle de bonheur. La direction artistique est une merveille, et chaque rencontre avec un colosse est l’occasion d’être ébahi par tant de virtuosité et de majestuosité.

Le but du jeu va être d’observer le colosse, puis de lui sauter dessus en se servant soit d’un moment d’inattention de sa part, soit d’un perchoir ou promontoire improvisé avec des éléments du décor. Il faudra ensuite grimper, frapper, rapidement pour éviter de se faire éjecter, tout en se maintenant comme un forcené lorsqu’il se met à secouer ses membre pour vous déloger.

Malgré tout, tout n’est pas non plus rose dans ce remake. On retrouve, par exemple, un gameplay vieillot, assez mal pensé par rapport à notre époque. On retrouve une animation parfois antédiluvienne qui contraste avec la beauté des décors. Et surtout, la caméra est une nouvelle fois au cœur du problème, certains angles, vraiment merdiques, n’ayant pas été corrigés. Une perte de visibilité qui peut parfois s’avérer fatale. Ce n’est pas non plus totalement rédhibitoire par rapport à The Last Guardian, par exemple, mais sur un deuxième remake vendu au prix fort, on aurait quand même pu espérer mieux.


Monde ouvert, Shadow of the Colossus brille par l’absence totale de challenge hors combats de colosses : pas d’autres ennemis, pas de rencontres. Le vide. Juste des décors. Un vide lié aux limitations de la PS2 à l’époque, certes. Et du coup, qui marque cette époque : c’est un vieux jeu, pour vieux joueurs. Il y aura bien quelques fruits à récupérer, quelques lézards à chasser, pour remonter sa barre de vie, mais pas de quoi vous donner envie de faire du tourisme plus de 10 minutes…

Au final, donc, il faut bien remettre les choses en perspective. Le remake PS4 est sublime. Il tourne qui plus est à 30 fps sur PS4 et 60 sur PS4 Pro. Sans ralentissement, ce qui est une première (sur PS2, c’était un de ses plus gros défauts). Le jeu offre toujours une ambiance magnifique, porté par une musique épique. L’aventure est marquante, certes. Avec une fin toujours aussi poignante, si vous arrivez à vous plonger dans l’univers. Un mode difficile, un mode photo et un mode New Game + proposant le jeu en miroir (sans intérêt) sont des ajouts sympathiques, mais assez accessoires. On pestera plus sur la caméra, vraiment problématique par endroits et qui aurait dû être au centre des préoccupations du studio, ou du gameplay qui a quand même pris un coup de vieux.

Bref. Entre plaisir et déception, mon cœur balance. Surtout à ce prix.