Publié le Vendredi 3 novembre 2017 à 09:00:00 par Cedric Gasperini
Test de Call of Duty WWII (PC, PS4, Xbox One)
Une putain de guerre
Chacun a ses petites faiblesses. Son petit jardin secret. Certains ne peuvent pas se passer d’un petit carré (puis d’un autre, puis encore d’un autre…) de chocolat devant la télé le soir. Pour d’autres, c’est la tasse de café du matin. D’autres encore craquent pour une petite sucrerie quotidienne, voire ont élevé au rang de rendez-vous sacré l’apéro du vendredi soir pour fêter la fin de la semaine…Pour ma part, il est une gourmandise que j’apprécie toujours à sa juste valeur. Une gourmandise annuelle, cela dit. Pas de risque d’embonpoint, du coup.
Call of Duty, c’est un peu ma « petite faiblesse ». Mon petit caprice que j’attends toujours avec impatience. J’envoie les gamines chez les grands-parents, ma femme chez sa mère, et je m’installe confortablement. Grand écran, son 7.1 monté à fond, et je m’installe confortablement dans mon énorme pouf XXL. Les voisins ont l’habitude. Généralement, ils me demandent la date de test du jeu et prennent leurs congés à ce moment-là.
J’aime les jeux avec de la profondeur, des personnages forts, un scénario bien travaillé… mais on peut aimer le cinéma d’art et d’essai et se délecter de temps en temps devant un bon gros blockbuster US. Et bien c’est un peu le cas ici. Mon Call of Duty annuel, c’est pour moi un gros défouloir. L’envie d’en prendre plein la gueule et plein les oreilles. Tout le reste n’existe plus. N’importe que le bruit des armes et les balles qui vous passent à ras la tête.
Après des opus tournés vers les guerres futuristes, qui personnellement ne m’avaient pas déplu, la série a voulu revenir à ses fondamentaux : la Seconde Guerre Mondiale. Call of Duty WWII débarque donc ce jour.
Et on commencera par parler du solo. Parce que c’est la base et le mode qui est le plus joué par les acheteurs, quoi qu’on en dise. La campagne vous place dans la peau de Ronald « Red » Daniels. Un texan qui débarque en Normandie avec la 1ère Division d’Infanterie américaine. Leur devise ? “No Mission Too Difficult, No Sacrifice Too Great—Duty First”.
Ce sont parmi les premiers à débarquer à Omaha Beach le 6 juin 1944. Et c’est là que la première mission vous entraîne : vous débarquez sous le feu ennemi, voyant vos camarades s’effondrer autour de vous, marchant sur les cadavres déchiquetés alors que les balles sifflent à vos oreilles.
Votre commandant, le Sgt. William Pierson, vous pousse au cul. Il est interprété, plutôt bien d’ailleurs, par l’acteur Josh Duhamel. Vous y découvrirez un homme tour à tour préoccupé par ses hommes, haïssable de tyrannie, ou profondément dévoué à la cause. Et on ne peut que souligner la justesse d’écriture des personnages, d’ailleurs, qui vous accompagneront tout au long de l’aventure.
Une fois la plage passée, il faudra encore nettoyer tranchées et bunkers, entre tirs nourris et explosions multiples. Vous courez, vous vous cachez, vous plongez parfois… voire chargez un nazi au détour d’un couloir pour l’embrocher à la baïonnette…
Premier constat : c’est sale. C’est violent. Et c’est difficile. Parfaitement. Le jeu propose un vrai challenge. Et ce sera le cas à chaque mission. Vous allez mourir des dizaines de fois. Même en mode facile. Heureusement, les checkpoints sont plutôt bien pensés (à une mission près, mais nous en reparlerons) et après chaque « game over », vous repartez au combat plus motivé encore.
Pas la peine de se planquer derrière un muret dans l’espoir de récupérer de la vie. On revient à nos bons vieux médikits. Et ça fait un bien fou ! S’ils seront nombreux en mode facile, sachez qu’en mode vétéran, vous avez intérêt à les économiser… Ils seront soit - rarement - trouvés dans les niveaux, soit fournis (comme les munitions supplémentaires) par un de vos alliés. Qui ne seront par contre pas toujours à proximité... Prudence, donc.
Vous allez suivre ensuite la 1ère Division d’Infanterie sur douze missions. Les amitiés vont se créer et se défaire au fil des potes abattus ou capturés par les nazis. Du village de Marigny jusqu’aux camps de la mort, vous allez parcourir des champs, des villages en ruine, des forêts enneigées, ou même vivre la libération de Paris sous les traits d’une résistante.
Vous allez conduire des jeeps, poursuivre des trains, piloter un avion ou un tank (en incarnant très momentanément un aviateur et un pilote de char) et surtout, vider un nombre incalculable de chargeurs. Paris, Argentan, Aix-la-Chapelle, Marigny, les Ardennes… rien ne vous sera épargné. Avec toujours le même constat : ça pète dans tous les sens. Vraiment.
Oh, tout n’est pas parfait, certes. Comme les potes immortels qui parfois restent sous le feu ennemi avant finalement de se mettre à l’abri. Comme cette mission chiantissime (juste parce que j’ai dû la refaire 6 fois) dans laquelle vous devez arriver à la gare avant le départ du train (petit indice : dans la gare, ouvrez cette putain de porte pour lancer la cinématique suivante sinon vous perdrez et recommencerez au début de la mission… je tiens quand même à signaler que parmi tous les journalistes présents, j’ai été le seul à galérer sur ce passage, cela dit). Ou encore, et pour ça, j’en veux aux développeurs, ce type qui agite un drapeau français lors de la libération de Paris, béret sur la tête, et dont le nom, qui s’affiche à l’écran, est… Killian. Faut pas déconner non plus…
On trouvera toujours des petits bugs, une IA pas toujours parfaite, alliée comme ennemie… mais on s’en fout. On s’en fout parce que vous êtes pris dans un tourbillon d’émotion. Ça tire, ça explose de partout. Vous parcourez les douze missions à un rythme hallucinant, le palpitant au max, en apnée. C’est torride, on a juste le temps de se faire balader par les évènements et on tente de survivre. Et même si la fin aurait clairement pu être plus noire (plus réaliste) et moins « dégoulinante de bons sentiments hollywoodiens », ça n’enlève rien à l’ensemble : Call of Duty WWII est à nouveau un putain de bon jeu. Un jeu qui va vous en mettre plein la gueule. Un jeu sale, violent, sanglant, éprouvant. Une putain de guerre.
On retiendra quelques excellentes missions. Point culminant, celle qui concerne la Libération de Paris, toute en infiltration avant le grand foutoir. J’ai aussi beaucoup aimé celle qui suit, dans les ruines d’une ville, à tenter de sauver une fillette. Ou encore celle d’après, tout bonnement extraordinaire, lors du bombardement allemand sur la forêt des Ardennes, les corps déchiquetés volant autour de vous tandis que vous courez au milieu des bombes… Mais dans l’ensemble toutes les missions (à part cette saleté de gare, ce qui est un jugement purement personnel) sont béton et envoient du lourd.
La maestria du rythme est renforcée par le rendu des armes, vraiment bon, une bande-son au top, et des graphismes franchement réussis. Testé sur PS4 Pro, puis sur Xbox One X, pas doute, ce Call of Duty WWII est visuellement très réussi.
Bref, le solo est un chef d’œuvre.
Le multi n’est pas en rade. Tout y est organisé autour d’un « hub », sorte de camp de fortune. Vous vous y promenez et découvrez des dizaines de trucs à faire : vous gagnez des coffres qui vous débloquent armes, équipements, tenues, skins d’armes, blasons, et j’en passe. Vous pouvez tester vos armes au stand de tir, récupérer des défis, qu’ils soient sans limite de temps, quotidiens ou hebdomadaires. Vous pouvez lancer les parties multi depuis ce hub (vous le pourrez aussi depuis un menu plus classique), vous pourrez essayer au stand d’entraînement tous les Scorestreaks (bonus de soutien en multi) et voir comment ils fonctionnent. Vous pourrez même vous détendre en jouant à 15 vieux jeux d’arcade Activision, dont Boxing, Chopper Command, Grand Prix, Fishing Derby, Pitfall II, Sea Quest ou l’indémodable Skiing.
Mais notre gros coup de cœur, ce sera pour l’arène 1vs1. Un petit périmètre, deux soldats qui s’affrontent… vous devrez choisir les armes… on vous conseille les combats à la pelle, d’ailleurs. Fun, extra, délirant, jouissif… C’est bien simple, on y a passé des heures entières…
Parce que sinon, côté multi, ça reste très classique pour la base : 9 modes de jeux, une dizaine de cartes… Le « nouveau » mode Gridiron étant un simple remake du mode Uplink. Rien de bien nouveau là-dedans, puisqu’on retrouve Team Deathmatch, Domination, Hardpoint, Capture the Flag, Search & Destroy, Kill Confirmed ou « Free For all ».
Seulement si les modes sont très classiques, sachez que les cartes sont vraiment bien fichues et bien pensées. Avec certaines vraiment excellentes. Des Ardennes en passant par Gibraltar, Aix-la-Chapelle (Aachen), les docks londoniens, l’USS Texas ou encore Sainte Marie du Mont, elles ont toutes des petits trucs bien sympathiques et vous réservent des surprises (mention spéciale pour Sainte Marie du Mont). Bref, un très bon level design qui vous fait oublier l’absence de mode réellement innovant.
Bien entendu, comme d’habitude, au fil de vos parties, vous gagnerez de l’expérience et débloquerez de nouvelles armes et équipements, selon la classe utilisée : infanterie, Airforce, Blindés, Mountain ou Résistance.
Quoi que ce n’est pas tout à fait vrai… Un nouveau mode War fait son apparition. 3 cartes sont proposées : Breakout, Griffin et Neptune. Il s’agit d’un multi scénarisé : libérer une bâtisse, faire sauter un pont, escorter un tank, lui récupérer du fuel, détruire un pont… Tour à tour, vous jouez les assaillants et les défenseurs. C’est rythmé, vraiment bien foutu, un objectif en chassant un autre dès que vous l’avez atteint… sachant que le temps vous est compté. Un vrai bon mode, dont on attend avec impatience des cartes supplémentaires dans les DLC. Vous allez adorer.
Enfin, on terminera avec le mode zombie. Avec des nazis zombies. Ça reste du mode zombi classique : dézinguer des vagues entières de zombis, de plus en plus puissants, récolter de l’argent grâce à vos actes, acheter des armes, déclencher des pièges, le tout en tentant de résoudre des énigmes. Ce mode est à la fois très accessible et offre malgré tout un vrai challenge, soutenu. Il se déroule dans un village sur plusieurs niveaux, avec des zones assez petites, ce qui laisse augurer de bonnes grosses bastons. Classique, donc, mais bien fichu.
Allez, il est temps de conclure. Call of Duty WWII est donc un excellent jeu. Il arrive à palier son manque d’originalité et innovation en multi (zombie compris), par un excellent level design, de très bonnes idées et un rythme de folie.
On retiendra donc cette excellence au niveau de la réalisation, mais aussi le mode War, particulièrement réussi, ou le « hub », sur lequel j’avais de sérieux doute mais qui finalement regorge de bonnes idées et de surprises. Quant au jeu solo, ma foi, jouez-y. C’est tout ce que l’on peut vous conseiller. Jouez-y. Et prenez-en plein la gueule à votre tour.
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Call of Duty WWII (PC, PS4, Xbox One)
Plateformes : PC - Xbox One - PS4
Editeur : Activision
Développeur : Sledgehammer Games
PEGI : 18+
Prix : 60 €
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