Publié le Jeudi 26 octobre 2017 à 13:00:00 par Cedric Gasperini
Test d'Assassin's Creed Origins (PC, Xbox One, PS4)
Rhâ Thot ?
Après une année sabbatique pour remettre la série sur de bons rails, Assassin’s Creed revient. Pour notre plus grand plaisir ? La question reste entière. Car après un Assassin’s Creed Unity au scénario bâclé et aux bugs omniprésents, et même si le bonheur de se promener sur les toits de Paris et ses monuments était incommensurable, après un Assassin’s Creed Syndicate pas aussi désagréable que certains ont bien voulu nous faire croire, mais qui n’a pas rencontré le succès commercial escompté, et enfin, après un film globalement raté et sans intérêt, Ubisoft se doit de redorer le blason de la série.Assassin’s Creed Origins débarque donc. Et il s’attaque à l’Egypte. Contrairement à ce que vous pourriez croire avec le titre du jeu (et qui induira peut-être en erreur certains), il ne s’agit pas de suivre les péripéties du « tout premier » assassin de l’Histoire. Ici, l’action se déroule en 49 avant JC. Or les origines des Assassins remontent, selon le jeu, bien avant. En 465 avant JC, par exemple, le roi perse Xerxès Ier fut assassiné par Darius. Ce fut la première victime recensée de la fameuse « lame secrète ». Ce qui ne veut pas dire que ce fut la première victime des Assassins tout court. Avant le jeu, il y eut également l’assassinat d’Alexandre le Grand ou encore Qin Shi Huang, le premier Empereur de la dynastie Qin, en Chine, en 210 avant JC.
Bref. D’origines, le jeu n’en a que le nom. Il se déroule donc en Egypte. Ptolémée XIII est sur le trône. Cléopâtre VII Philopator est en exil. Et oui, c’est la « divine Cléopâtre » que nous connaissons tant et qui, grâce à sa célébrité, a réussi à faire oublier qu’il en exista six du même nom avant elle.
Vous jouez Bayek. Un « medjaÿ ». Notez qu’à l’origine, les medjaÿs étaient des mercenaires nubiens réputés et auxquels on conférait les tâches importantes. Dans le jeu, il s’agit du titre du protecteur d’une région ou d’un village.
Bayek est marié à Aya (d’ailleurs, dans le jeu, ils ne cessent de se prendre la bouche et de niquer dans tous les endroits possibles). Ils ont un point commun : tous deux ont pris les armes pour venger la mort de leur fils, Khemou, tué par les conseillers de Ptolémée XIII. Rapidement, vous allez comprendre que le complot est bien plus large et que le Pharaon n’est en fait que le jouet d’une organisation secrète baptisée « Le serpent ». Vous allez donc parcourir le Royaume d’Egypte pour les éliminer les uns après les autres, sans autre forme de procès.
Ne cherchez pas un scénario très compliqué ni très développé. Et c’est d’ailleurs là que le bât blesse. Les développeurs nous avaient promis « plus d’action » et « moins d’histoire » dans la saga. Ils ont tenu parole. Malheureusement. Parce qu’au final, le destin de ce couple vengeur ne nous touche absolument pas et il n’y a strictement aucune empathie avec les héros. Et ce n’est pas seulement parce que Bayek a une sale gueule (heureusement sa tenue est toujours aussi cool). Ni que les regards des personnages sont un gros raté : ils sont vides d’expression, ce qui vient très largement gâcher les dialogues. Non, c’est en partie parce que le personnage manque cruellement de profondeur, que son histoire est bête et méchante et, surtout, que la mise en scène est foireuse. Entre coupures grossières et retours en arrière mal amenés, le scénario de cet Assassin’s Creed Origins est clairement à ranger dans la catégorie est points faibles. C’est d’autant plus dommage qu’Ubisoft n’a pas réussi à comprendre que la trilogie Ezio, malgré un héros relativement sans intérêt, s’est révélée passionnante parce que le scénario était bien travaillé et bien intégré dans l’Histoire de la Renaissance italienne. D’où son succès. On aurait aimé le même soin ici. Ce ne sera pas le cas, même si on navigue entre quelques figures historiques bien connues et que les anecdotes sont intéressantes. Cléopâtre, par exemple, est présentée comme une femme dévergondée et sexuellement très active, ce qu’il semblât qu’elle fut réellement si l’on s’en réfère à autre chose qu’Astérix et Obélix pour faire son éducation historique.
Bref, le jeu, même s’il prend quelques libertés avec l’Histoire, reste très bien documenté. Dommage que le scénario n’y soit pas plus mêlé, ou plus développé pour mieux exploiter ces connaissances, donc.
Mais bref. Le jeu commence dans la province de Siwa, alors que vous revenez après un an d’exil volontaire. Dès le début, vous comprenez que les troupes du Pharaon font régner l’ordre de manière brutale et partiale. Extorsions, meurtres et brimades sont monnaie courante. Vous allez tenter d’inverser la vapeur.
Dans chaque région, vous allez devoir remplir des missions. Outre une quête principale assez succincte, de nombreuses quêtes secondaires vous attendent : nettoyer les camps militaires en assassinant le ou les chefs et en pillant les trésors, porter secours à un habitant, délivrer des prisonniers, aller chercher un objet, chasser des animaux, enquêter sur un meurtre, enquêter sur d’autres crimes, ramener le corps d’un malheureux à sa famille, ramener un mari ivre à sa femme, protéger une jeune fille et l’accompagner au marché… et j’en passe et j’en oublie.
Ces quêtes, toutes aussi secondaires puissent-elles être qualifiées, seront néanmoins primordiales pour récupérer de l’expérience et de l’équipement et ainsi vous faire progresser. Reste qu’elles sont assez similaires dans leur fonctionnement : aller d’un point A à un point B, se battre ou récupérer un objet, revenir au point A. De temps en temps, vous aurez même un point C pour « prolonger » cette quête un brin. Résultat, même avec des objectifs apparemment très variés, elles ont tendance à se ressembler toutes. Heureusement, elles sont courtes. Et mal gérées techniquement : rater une mission et décider de la recommencer, c’est rester exactement au point où vous avez échoué. Quand il s’agit, par exemple, de rattraper un voleur de cheval, il suffit donc d’attendre patiemment qu’il repasse par-là (ils prennent toujours la même route) pour lui faire sa fête.
Si la première région est de taille imposante, on se rend compte assez rapidement que c’est tout le jeu qui offre un terrain immense. Mais vraiment immense. Une grosse douzaine de régions avec villes, villages, déserts, sphinx et pyramides, montagnes, tombeaux… de Gizeh à Alexandrie… C’est le plus gros jeu de la série en termes de taille de carte. Voire, il faudrait vérifier, le plus gros jeu tout court de toute l’Histoire du jeu vidéo, dans ce genre Action en vue extérieure. Incroyable. Résultat, entre les va-et-vient, les missions secondaires et même quelques missions journalières ou aléatoires, comptez plus d’une centaine d’heures, au bas mot, pour aller au bout. Il y a même des courses de chars (possibles aussi en ligne). Très techniques, pas forcément faciles, elles vous permettent de gagner de l’argent. Mais bon, pas de quoi vous tenir occupé pendant des heures non plus.
Et comme je vous le disais, vous allez devoir en faire un maximum, de ces quêtes secondaires. Parce qu’elles permettront d’augmenter votre niveau : Assassin’s Creed Origins embarque des éléments de jeu de rôle : niveau, point de compétences et arbre de compétences. Certaines missions seront inaccessibles, voire quasiment impossibles à faire, si vous n’avez pas le niveau adéquat.
Au rang des compétences, la possibilité de porter plusieurs armes, réaliser de meilleurs combos, améliorer son tir à l’arc, utiliser des flèches empoisonnées, des flèches pour endormir vos cibles, apprivoiser des animaux, avoir un char, être plus efficace (plus fort notamment), récupérer de la vie automatiquement, et j’en passe et j’en oublie. Une bonne quarantaine de compétences vous attendent. En théorie, vous devriez pouvoir toutes les acquérir avant la fin du jeu.
Idem pour les armes : le jeu vous propose différents types, allant de l’épée à la masse en passant par la lance, l’arc, auxquels il faut rajouter le bouclier. Vous en trouverez des tas, communs, rares ou uniques. Chacune avec un niveau, un chiffre de dégâts, et parfois quelques bonus (poison, saignement…). Vous pourrez les revendre, les défaire pour récupérer des matériaux, ou les améliorer. Les matériaux vous permettront notamment d’améliorer quelques équipements (brassard de force, carquois…).
Il y a donc une vraie dimension « RPG », même si dans les faits, ça reste assez léger et pas très chronophage. On se contente donc de revendre, démonter un brin d’armes, chasser pour avoir des matières premières, et l’évolution se fait naturellement, sans être pénible ou contrariante. Léger, mais intelligent, en quelque sorte.
Au niveau des combats, on regrettera encore une fois la fin des mouvements très chorégraphiés à base de contres, notamment, qui conféraient à Assassin’s Creed une beauté rare et un côté « danse mortelle » particulièrement réussie. Ici, on est dans le jeu d’action classique, sans génie ni problème particulier. Un coup fort, un coup rapide, une parade, une esquive… On regrettera tout de même que monté sur un cheval ou un chameau, le héros devienne quasiment imbattable : trop mobile pour être sérieusement touché, protégé par sa monture… En témoignent les quelques razzias dans des camps militaires surpeuplés mais qui n’ont pas fait le poids face à un seul homme et sa « Sale Bête » (c’est le nom de mon chameau. Je fais ce que je veux. Pratchett forever). Sans compter que Sale Bête peut entrer dans les palais, grimper les escaliers, débarquer dans les chambres… Vous risquez rapidement de faire n’importe quoi, juste pour le fun, avec votre monture.
D’ailleurs, au rang des grincements de dents, on parlera des (très) nombreux temps de chargement. Très longs pour certains. Pour peu que ledit temps de chargement soit dû à un déplacement rapide et qu’ensuite vous lanciez directement un autre script sur une mission, vous pouvez être amené à attendre plus d’une minute devant un écran noir…
Quant aux bugs, ils ont fait la triste réputation de la série. Assassin’s Creed Origins ne déroge malheureusement pas à la règle. Pire, il la transcende. Voir un cheval au galop traverser les bains et passer à travers les murs, un garde à cheval dans un bassin, un animal bloqué contre un mur mais qui continue d’avancer, votre acolyte qui vous explique que vous êtes là pour protéger la population au moment où il écrase un passant avec son chameau, des ennemis immobiles pendant que vous les attaquez parce que le script de défense ne s’est pas déclenché, sans parler des bugs graphiques de collision… Vous allez avoir des dizaines de raison de vous esclaffer devant le ridicule de certaines situations. Ce qui a pour effet de vous sortir complètement du jeu.
En parlant de faire n’importe quoi, vous allez pouvoir apprivoiser des animaux, qui du coup vous suivront partout et combattront avec vous. Il suffit de les endormir (fléchette) puis d’aller les apprivoiser pendant leur sommeil… Oui, bon. Mais en tout cas, ça fonctionne très bien. Et se promener en pleine ville avec un lion, un crocodile, une vache, une antilope ou un hippopotame (impossible pour les flamands roses, j’ai essayé), ça a quand même de la gueule. Surtout quand, pour déconner parce que vous êtes quand même très joueur, vous décidez de rendre sa liberté à Robert (c’est le nom de mon hippopotame), et donc le rendre à la vie sauvage. En plein marché. En pleine foule. Dommage, cependant, que les animaux apprivoisés ne vous suivent pas lors des déplacements rapides, ou ne vous attendent pas bien sagement lors du déclenchement de certains scripts liés à des missions (dès la moindre cinématique, notamment).
En tout cas, Assassin’s Creed Origins a beau cumuler les petits soucis et les imperfections, voire les occasions ratées (j’aurais aimé avoir par exemple la possibilité de le jouer en égyptien pour plus d’immersion, même si les voix françaises sont, pour une fois, acceptables, sans non plus être très bonnes), il y a un point sur lequel il est totalement inattaquable, c’est soin graphisme. Certes, on trouvera toujours quelques bugs, quelques objets qui apparaissent d’un seul coup à l’écran ou de l’aliasing. Mais ce ne sont que broutilles face à la beauté globale du jeu. A part le regards des personnages, complètement foirés et vides, cela dit. En tout cas, Assassin’s Creed Origins est visuellement une putain de tuerie. Sans doute le plus beau jeu jamais réalisé. Une vraie merveille. Des paysages sublimes, des horizons magnifiques, des bâtiments incroyables. Vous en prendrez réellement plein la vue.
Notamment lors de l’utilisation de votre aigle. Ah oui, parce que vous avez un aigle, au fait. Il vous permettra de survoler vos cibles et les marquer, voire trouver les personnes ou objets que vous cherchez. Pas forcément super intéressant, mais en tout cas, le survol de villes et paysages est tout bonnement magique.
Bref. Pour conclure ce test particulièrement long, Assassin’s Creed Origins oscille donc entre ravissement et déception. Déception pour tout ce que nous avons évoqué plus haut (bugs, scénario, personnages insipides…) mais ravissement pour ses décors et son ambiance. Et puis il faut dire ce qui est : la liberté énorme, le terrain de jeu immense, les possibilités d’action multiples alliées à un gameplay qui a déjà fait ses preuves, font qu’Assassin’s Creed Origins reste agréable. Même si globalement, on aurait aimé largement plus de soin au niveau de la réalisation et du fond.
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