Publié le Mercredi 17 mai 2017 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

Test de The Surge (PC, PS4, Xbox One)

Métal Hurlant

Après un Lords of the Fallen pas désagréable mais qui ne restera pas dans les annales du jeu vidéo, le studio allemand Deck13 revient avec un tout nouveau jeu, The Surge. Même genre, même recette, mais univers différent. Exit la fantasy pour une plongée dans un monde futuriste.

The Surge vous place dans la peau d’un handicapé. Oui, bon, c’est sûr que pour sauver le monde, quand on doit se battre en chaise roulante contre un robot de 3 mètres de haut, il faut avoir de bons réflexes. Ou de bonnes roues. Ou un exosquelette. Et ça tombe bien, justement, puisque vous êtes employé par Creo, une grosse société spécialisée dans la robotique. Et grâce à eux, vous retrouvez le plaisir de vous mouvoir de vos jambes. Seul petit souci : dès votre premier jour de travail, tout part de travers et les machines décident que tout le monde doit mourir. Vous surtout. Les lieux sont vides, vous êtes seul, face à des monstres robotisés devenus fous.

Y’a pas à dire, parfois, la vie c’est vraiment de la merde.

Suivant un scénario cousu de fil blanc, The Surge va donc vous balader dans tout le complexe de Creo, à la recherche de la vérité, jusqu’à empêcher les plans perfides de ces saletés d’ingénieurs et inventeurs qui sont, bien entendu, derrière tout ce bordel ambiant. Les salauds. Un scénario prévisible et sans surprise, certes, mais parfaitement maîtrisé. Du coup, le jeu tient largement la route durant la trentaine d’heures qu’il va vous faire suer sang et eau pour en venir à bout. Car oui, The Surge est un jeu difficile. Très difficile. La comparaison avec Dark Souls saute aux yeux, pour le genre et le challenge proposé, mais il s’arrête là.


Vous allez donc trimballer votre carcasse métallique d’un bout à l’autre de la carte, traversant les zones comme autant de parcours du combattant, cherchant ici un module de piratage, là une carte d’accès à une porte, ici enfin une évolution pour votre personnage… Ce mélange d’action et de jeu de rôle fonctionne à merveille, grâce à une bonne maîtrise de la progression et de l’évolution de son héros. En effet, le système mis en place est particulièrement original. Et singulièrement pervers.

Les combats sont très dynamiques. Rapides, violents, furieux. Une jauge de vie, une jauge d’endurance indiquant votre possibilité d’attaquer ou d’esquiver (ou non) face à des ennemis dont la puissance n’a d’égal que leur matière. Les coups sont mortels, au sens propre comme au figuré, et si vous n’y prenez gare, vous allez voir du Gamer Over s’afficher à la pelle à l’écran.
Vous pouvez y aller franco et dézinguer au plus vite vos ennemis. Mais attention : vous allez récupérer des pièces d’armure sur les cadavres. Et si vous espérez vous monter une protection du feu de Dieu, il va falloir faire en sorte que ladite pièce d’armure reste en bonne santé. Donc frapper ailleurs. Vous sentez venir le problème ? Attaquer des parties plus faibles… donc prolonger le combat…

Pire : si vous mourrez, vous perdez les pièces que vous transportiez et que vous n’avez pas réussi à installer sur votre armure dans les ateliers qui sont trouvables dans chaque zone. Il faudra alors, dans un temps imparti, revenir sur les lieux de votre décès pour les récupérer… seulement voilà, les ennemis renaissent alors eux aussi de leurs cendres et vous barrent à nouveau le chemin. Pire : votre bourreau sur lequel vous avez échoué ne proposera plus forcément les mêmes pièces… vous obligeant à réadapter votre stratégie, tout en vous disant que vous êtes finalement « mort pour rien »…


Punitif, difficile, The Surge n’en est pas moins exaltant. En grande partie pour ces combats bien pensés et ce système d’évolution simple mais contraignant d’adapter votre manière de réfléchir, de progresser et de jouer. On part dans une course effrénée à l’amélioration, cherchant également des cyberimplants pour booster sa vie, son endurance, le nombre de soins utilisables, votre résistance à divers éléments…

Bref, The Surge s’impose comme un jeu à essayer absolument pour tous les fans du genre. Tout en relativisant ces bonnes impressions relatées jusque-là : le jeu n’est pas exempt de reproches. Au rang desquels un doublage français raté. Pour ne pas dire tout simplement mauvais. De nombreux bugs font aussi partie du voyage, surtout des bugs de collision ou d’IA. Les ennemis ont parfois des réactions complètement loufoques, voire pas de réaction du tout… preuve de scripts mal maîtrisés.

On pourra aussi reprocher le manque de diversité globale. Le jeu est long, certes, mais le nombre de zones, qui se ressemblent toutes plus ou moins, est faible et donne l’impression d’être un peu toujours au même endroit, à faire les mêmes choses. Sans compter que seules 5 armes sont disponibles, ce qui limite là aussi la variété du gameplay. Peu de zones et autant de boss finaux… là encore c’est une déception, d’autant plus qu’ils sont plutôt bien pensés et bien foutus.

Au final, donc, The Surge, dont on n’attendait rien en particulier, est une très bonne surprise. Sans être parfait, en raison de nombreux défauts et imperfections, voire d’un manque certain de diversité, il réussit toutefois à séduire par son style, son rythme, son ambiance, son scénario, et sa gestion de l’évolution de personnage. Testé sur PC et PS4, il s’en sort très bien sur les deux plateformes. La première à 60 images par seconde, la seconde à 30 images par seconde (vous pourrez monter à 60 sur PS4 Pro). Ce n’est pas le plus beau jeu du moment, certes, mais il s’en sort, d’un point de vue technique, très honorablement. Une nouvelle série prometteuse débute. Et vaut largement le coup qu’on en prenne le train dès ce premier wagon.