Publié le Mardi 14 février 2017 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Empereur, la critique du film

A peine un roitelet...

Un jeune manchot qui vient de naître va devoir faire le grand voyage vers le littoral pour la toute première fois. De sa naissance jusqu’à son premier plongeon, L’Empereur retrace ses premiers mois où il va apprendre à résister aux dangers dont l’Antarctique peut receler, mais aussi à faire corps avec les autres pour survivre.

D’abord protégé par son père et sa mère, puis peu à peu livré à lui-même, il va devoir faire preuve de courage et d’endurance pour parvenir à ses fins et peut-être, un jour lui-aussi, devenir père à son tour…

Il y a 12 ans, Luc Jacquet enchantait le monde entier avec La Marche de l’Empereur. Un long métrage documentaire récompensé par un oscar et plusieurs césars. Le film racontait l’histoire de manchots empereurs au sein de leur colonie en Antarctique, se focalisant sur un couple et leur bébé d’une part, et sur la migration entre littoral et intérieur des terres, le premier territoire étant privilégié pour la nourriture, le second pour la naissance des petits. Raconté de manière romancée, La Marche de l’Empereur avait su trouver son public et relancer l’intérêt pour un genre un peu tombé en désuétude à l’époque.

L’Empereur n’est pas une suite. Moins romancé, il s’agit d’un vrai, pur, documentaire. Avec la voix toujours calme et posée de Lambert Wilson pour commenter chaque évènement, chaque moment important dans la vie d’un manchot.
Une nouvelle fois, les images sont absolument sublimes. Les grands paysages blancs sont entrecoupés par les gros plans sur les animaux, et on s’émerveille devant chaque image, chaque plan, chaque instant.


Oui mais voilà. Ça ne fonctionne pas. Pour plusieurs raisons.

La première, c’est le montage au début du documentaire. D’incessants allers-retours entre la naissance et les premiers pas du bébé manchot et la couvée de l’œuf par ses parents ont tôt fait de perdre le spectateur. Surtout jeune. Ayant assisté à la projection avec ma fille de 8 ans, j’ai finalement passé l’intégralité du long-métrage à lui expliquer ce qui se passait, combler les vides, bref, lui raconter une histoire plus à sa portée.
C’est clairement ce qui manque d’ailleurs ici : une histoire bien racontée. Si les scientifiques avaient reproché à Luc Jacquet de romancer sa Marche de l’Empereur au détriment d’un pur doc-témoignage, force est de constater qu’il n’aurait jamais dû les écouter pour ce nouvel essai en Antarctique. Un montage haché, une narration trop minimaliste, résultat, on s’ennuie. Et c’est un comble devant pourtant de si sublimes images ! Même les dangers inhérents, par exemple aux prédateurs du manchot, sont évacués en moins de trente secondes et n’apportent finalement, strictement rien au film, pas même un semblant de suspens.

La salle était d’ailleurs pleine d’enfants. Et tous étaient finalement agités de n’y rien comprendre ou de ne pas être captés par l’histoire. Résultat, un véritable enfer. Ajoutez à cela le bruit des mastications de bonbons, pop-corn et autres friandises et toutes ces gênes vous sortiront totalement du film. Impossible de se sentir réellement concerné. Ni même s’attacher aux oiseaux.

Enfin, on se demandera surtout pourquoi cette volonté de raconter une histoire aussi similaire à la Marche de l’Empereur, mais en moins bien ficelé, en moins intéressant…

Bref, c’est une totale déception. Surtout pour le grand amateur de films documentaires que je suis. Comme quoi, des images aussi sublimes soient-elles ne font pas la réussite d’un film.